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Sublimation

Sublimation L’un des destins de la pulsion caractérisée par une modification du but mais aussi de l’objet. Une pulsion est désexualisée et détournée vers un but valorisé socialement. Il n’y a pas de refoulement. C'est, avec le refoulement, le retournement sur la personne propre et le renversement dans le contraire un des modes possibles de transformation de la pulsion'' quand elle ne peut atteindre son but. Le mécanisme proprement dit de la sublimation n'est pas décrit par Freud de façon très développée. Il désigne par ce terme l'investissement de la pulsion sexuelle vers un but qui n'est pas sexuel, un but visant un objet socialement valorisé - comme l'activité intellectuelle ou artistique, la méditation religieuse. « La pulsion sexuelle, écrit Freud, met à la disposition du travail culturel [culture est à prendre ici au sens large qu'il a en allemand, le sens de civilisation] des quantités de forces extraordinairement importantes, et cela par suite de cette particularité, spécialement marquée chez elle, de pouvoir déplacer son but sans perdre, pour l'essentiel, de son intensité. On nomme cette capacité d'échanger le but sexuel originaire contre un autre but, qui n'est plus sexuel mais qui lui est psychiquement apparenté, capacité de sublimation. » (Introduction à la psychanalyse.)

sublimation, dérivation d’une énergie instinctuelle vers un but social élevé. Ce terme a été introduit par S. Freud en psychanalyse pour désigner le mécanisme de défense du moi par lequel certaines pulsions inconscientes, détachées de leurs objets primitifs, sont intégrées à la personnalité en s’investissant dans des équivalents ayant une valeur sociale positive. L’esprit de compétition et certaines vocations militaires s'expliquent par l’agressivité sublimée, l'altruisme par l’énergie de l'instinct sexuel. Pour reprendre une image connue, on peut dire que la sublimation est comparable à l'action de l’homme qui transforme une chute d’eau dévastatrice en une source de houille blanche, dont il tire l’électricité. La sublimation joue un rôle très important dans l’adaptation de l’individu à son milieu en permettant son ajustement social sans nuire à son développement personnel.

SUBLIMATION. L’absence d’une théorie générale de la sublimation rend difficile l’approche, la compréhension, de ce processus de « dégagement » de la pulsion dans des voies acceptées par la société. Disons sommairement que la sublimation dérive vers un but non sexuel (l’investigation intellectuelle ou l’activité artistique, par exemple) les pulsions partielles. « La pulsion sexuelle, écrit Freud, met à la disposition du travail culturel des quantités de forces extraordinairement grandes et ceci par suite de cette particularité, spécialement marquée chez elle, de pouvoir déplacer son but sans perdre, pour l’essentiel, de son intensité. On nomme cette capacité d’échanger le but sexuel originaire contre un autre but, qui n’est plus sexuel, mais qui lui est psychiquement apparenté, capacité de sublimation. » Pour Freud, la sublimation est en définitive la solution la moins malheureuse au conflit culture-sexualité. Il ajoutait que les individus ne possèdent pas une égale aptitude à la sublimation et qu’elle n’est pas une solution à la portée de tous.

La sublimation est également, comme bien des psychanalystes — et W. Reich le premier — l’ont relevé, le moyen qu’ils ont trouvé de réconcilier les exigences de la sexualité avec celles de la culture, et par là de se réconcilier eux-mêmes avec la société, ou de réconcilier la société avec eux. Pour Mélanie Klein, c’est le désir de « réparation » du « bon » objet mis en pièces par les pulsions destructrices qui serait à l’origine de la sublimation comme de la créativité.

La sublimation est également, comme bien des psychanalystes — et W. Reich le premier — l’ont relevé, le moyen qu’ils ont trouvé de réconcilier les exigences de la sexualité avec celles de la culture, et par là de se réconcilier eux-mêmes avec la société, ou de réconcilier la société avec eux. Pour Mélanie Klein, c’est le désir de « réparation » du « bon » objet mis en pièces par les pulsions destructrices qui serait à l’origine de la sublimation comme de la créativité.

Transfert heureux qui modifie la tendance dans un sens moral, esthétique, spirituel. Au lieu de transfert on pourrait aussi employer ici le mot de dérivation.

Pour les psychanalystes et pour Larousse, la sublimation est le déplacement d’une énergie instinctuelle vers un but social élevé. Les physiciens, de leur côté, la définissent comme un passage de l’état solide à l’état gazeux ou de l’état gazeux à l’état solide — ce qui a le mérite de rappeler que si une certaine morale sociale ne s’en mêle pas, il n’y a pas de sens privilégié dans la nature : le diamant, qui est un carbone solide lourd, est généralement plus dignifié que le carbone gazeux et léger de l’atmosphère. Cela dit et tout privilège étant exclu dans le sens de la hauteur, on ne voit pas pourquoi dans le sens de la largeur, le social serait plus élevé que le sexuel. Le cas Hitler est là pour nous rappeler qu’il n’y a pas toujours à se féliciter de voir les énergies sexuelles en difficulté se laïciser en entreprises sociales. Du point de vue simplement psychothérapique, il n’est pas prouvé que ce soit une réussite de désexualiser les énergies vitales au profit du culte de la Vierge. La prétendue « défense du Moi » peut être un suicide, et la prétendue valeur libératoire de la sublimation peut n’être qu’une concession à la tranquillité du psychiatre et de la société. Aussi faut-il être particulièrement vigilant à ne pas « injecter » hâtivement au sujet, comme cela arrive dans la technique du rêve éveillé dirigé de Desoille, le virus de la sublimation par l’ivresse des cimes : le malade y trouve une occasion inespérée de tromper ses résistances et, quelque prédisposition aidant, de devenir un faux mystique toujours affligé de ses vrais problèmes.


La sublimation représente un destin tout à fait particulier de la libido. A l’inverse des mécanismes de défense (dont elle se rapproche par l’inhibition du but et l’idéalisation de la pulsion et de son objet), elle représente un mécanisme de dégagement. Par la sublimation, la libido se montre capable de socialisation et de fournir de l’énergie pour les productions supérieures de l’esprit (art, science, intérêts généraux, etc.). L'analyse génétique montre, certes, que ce sont régulièrement les mêmes pulsions que l’on trouve à l’origine des « perversions partielles » et des idéalisations sublimes, et la psychanalyse ne peut que le relever. Mais cette remarque de fait a souvent été mal comprise, comme si elle impliquait une attitude « réductionniste », alors qu’il faut reconnaître une différence fondamentale dans l'organisation de la « décharge ».

1. En fait, la sublimation exige un processus de désexualisation de l’énergie libidinale. Elle suppose donc qu’un investissement objectal (préalablement auto-érotique) a été renoncé et est revenu vers le Moi. Celui-ci l’utilise dès lors sous une forme « neutralisée ». Et le processus ne semble possible qu’à travers l’établissement des identifications secondaires. De toutes façons, les pulsions partielles subissent, lors de l’établissement du choix de l'objet sexuel (« total »), et par sa prise en considération, l'inhibition de la décharge. Lors du déclin du complexe d’Œdipe, l’ensemble des pulsions de désir est soumis à la censure, tandis que le courant de tendresse facilite leur déplacement vers des buts conformes à l'Idéal.

2. La sublimation est donc un processus qui prend place « naturellement » dans le développement psychologique. Il dépasse même souvent ses buts lorsqu’il condamne l'amour ultérieur, post-pubère, au strict « platonisme ». La vie mentale et sexuelle normales supposent une alternance de « retour à la perversion » (« préliminaires ») et de passage à l’acte avec l’objet d’amour (qui prend transitoirement place d’idéal sous l’influence de la libido génitale), tandis que, dans l’intervalle, les énergies sublimées servent aux buts sociaux (et ici la sublimation des tendances homosexuelles a une place fondamentale).

3. S’il est déraisonnable de « soupçonner » la psychanalyse d’être systématiquement une « psychologie du soupçon » eu égard aux productions supérieures de l’esprit, car la psychanalyse vise moins à « réduire » l’esprit qu’à tracer la provenance de ses énergies et les mécanismes de leur métamorphose, il est juste de remarquer qu’elle s’attache à différencier les masques « rationalisés », et les équivalents symptomatiques, des authentiques sublimations. La sublimation réussie échappe à l’analyse ; dans la mesure où c’est son intervention qui marque, en partie, le succès thérapeutique. Il reste vrai que la psychanalyse considère que les possibilités de sublimation sont très inégalement réparties selon les hommes, et que toute situation (particulièrement collective) propice à « économiser » la sublimation risque de faire retourner beaucoup d’entre eux vers des satisfactions primaires.

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