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STRUCTURALISME

STRUCTURALISME. n. m. Méthode d'analyse et courant de pensée qui, dans les années 1950-1960, a renouvelé les sciences humaines en leur faisant saisir l'objet de leur étude comme des ensembles de structures (et non comme des réalités autonomes), comme des systèmes d'interrelations (et non comme de simples catégories de faits), sur le modèle de la linguistique.
· L'idée de structure suppose qu'un ensemble de phénomènes forme un système : chaque élément est relié au tout ; toute modification d'un élément rejaillit sur l'ensemble ; aucune réalité partielle n'a de sens en soi, mais au contraire, ne fait sens que dans sa relation à toutes les autres ; c'est donc la structure en tant que telle qui est réelle, agissante, comme système englobant les éléments qui le constituent.
· La linguistique fondée par Saussure est fondamentalement «structuraliste». Elle décrit en effet la langue comme un ensemble d'unités, en relation de dépendance réciproque, qui fonctionne à tout instant selon son organisation propre, indépendamment de son histoire, dans une perspective essentiellement synchronique. La langue, système organisé de signes, précède la parole, usage que le locuteur fait de ce système préétabli, et dont les structures préexistantes déterminent en grande partie son énoncé. L'arbitraire du signe est également imposé à l'individu, qui perçoit comme évident le lien signifiant/signifié, sans avoir conscience de cette distinction. Ces trois aspects (la conception synchronique du système, la distinction langue/parole, la relation signifiant/signifié) vont se retrouver, transposés, dans les autres sciences humaines qui illustrent le structuralisme.
· L'anthropologie dite « structurale », par exemple, pose que les structures de la vie sociale sont premières, tout comme le code pré-établi de la « langue »; les individus n'ont pas conscience du système qu'elles régissent ; à l'intérieur de la logique d'ensemble de ce système, les individus ont des relations, adoptent des rôles sociaux, qui sont semblables à des « paroles » particulières actualisant la « langue » générale qui les structure. « Le système de parenté est un langage », écrit Cl. Lévi-Strauss.
· La psychanalyse, selon l'interprétation de Jacques Lacan, pose à son tour que « I'inconscient est structuré comme un langage ». Celui-ci parle, se « manifeste » à travers rêves et symptômes, qui sont comme le « signifiant » d'un «signifié latent» (ce que veut obscurément le désir). A travers ses manifestations diverses, le sujet est « parlé » par son inconscient alors même qu'il croit exprimer son « moi conscient ». C'est la structure de l'inconscient, vaste langage aux logiques secrètes, qui s'exprime dans chaque « parole » prétendument consciente. Nous nous croyons la source du discours que nous émettons ; nous ne sommes que l'instrument d'un langage qui nous traverse.
· L'approche des savoirs et de leur archéologie par Michel Foucault (qui refuse d'employer le terme de structuralisme) obéit au même esprit. Dans "Les Mots et les Choses", Foucault tente de reconnaître, dans diverses époques, le terrain philosophique sous-jacent, la configuration des savoirs et des représentations qui servent de base à telle ou telle expression artistique, telle ou telle pensée particulière. Cette « épistémé » est comme la langue inconsciente dont les productions culturelles manifestes sont les « paroles » visibles et repérables, — paroles conditionnées par les structures (mentales) dont elles sont l'émanation.
· La sémiologie de Barthes et ses essais de critique littéraire ont aussi pour objet d'analyser les structures signifiantes que masquent les mythes quotidiens ou les formes littéraires.
· La question que pose le structuralisme, au-delà de son aspect méthodologique, est philosophique : puisque toutes ces structures traversent comme des langages les êtres humains qui pensaient agir, parler, penser librement, quelle est donc la place, quelle est donc la liberté du sujet ? L'homme existe-t-il comme être libre et responsable ? Ou, si l'on préfère : le structuralisme est-il un anti-humanisme ?
Cette question est celle que pose toute attitude déterministe dans le domaine des sciences humaines (voir: Déterminisme). On pourrait répondre que l'homme au sens large reste le créateur des langages qui déterminent l'individu en particulier ; la conscience de tous les conditionnements qui structurent le sujet est déjà une forme de libération de celui-ci ; montrer ce qui limite l'expression du sujet n'est pas nier la possibilité de l'expression, mais définir le champ de sa liberté.

Structuralisme

Doctrine philosophique issue des sciences humaines, développée notamment à partir de la linguistique de Saussure puis de Jakobson et Hjemslev (les signes prennent sens non pas isolément mais au sein d'une structure) puis de l’ethnologie de Claude Lévi-Strauss (étude structurale des sociétés tendant à montrer comment les comportements et les choix individuels sont déterminés par des infrastructures sociales), le structuralisme s'est développé en France dans les années 1960 avec les travaux de Jacques Lacan, Louis Althusser, Michel Foucault et Jacques Derrida.
Structuralisme

- Méthode reposant sur la recherche et sur l’analyse des structures. - Mouvement philosophique, issu des travaux de Saussure, selon lequel les phénomènes sociaux et culturels relèvent de l’action sous-jacente de structures.
• Appartiennent à la nébuleuse structuraliste l'ethnologue Claude Lévi-Strauss (né en 1908), le psychanalyste Jacques Lacan (1901-1981) et le philosophe Michel Foucault (1926-1984).
• En rupture totale avec la tradition de la phénoménologie, d'après laquelle le sens est d'abord donné par le sujet lui-même, le structuralisme assujettit l'homme à un ordre, à un « code » qui le dépasse et sur lequel il n'a pas prise.
structuralisme

Méthode d’analyse qui, primitivement introduite et développée en linguistique par Saussure, a été systématiquement appliquée à l’anthropologie par Lévi-Strauss, en partie grâce à la profonde influence exercée par R. Jakobson. L'objet de l’analyse structurale est de rechercher par méthode déductive les structures essentiellement inconscientes pouvant être dévoilées à partir des données empiriques de l’ethnographie, telles que règles de parenté, mythologie, rituel, art, idéologies politiques, pratiques culinaires et classifications botaniques. Le structuralisme a mis en évidence le fait que les structures ainsi dévoilées ne sont pas caractéristiques d’un niveau particulier de la culture, mais qu’on les retrouve dans tous, soit identiques soit déductibles par des lois simples de transformation, et plus généralement « dans toutes les pratiques et les produits cognitifs de la société ou de la civilisation étudiée » (Lévi-Strauss). Certains critiques mettent en doute le caractère scientifique du structuralisme et le qualifient de philosophie ou d’idéologie.

structure, structure sociale

La notion de structure, et plus particulièrement de structure sociale, est utilisée depuis longtemps en anthropologie et sa définition, très controversée, varie selon les auteurs. Si elle est encore souvent considérée comme synonyme d’organisation sociale et se trouve pratiquement confondue avec celle de relations sociales ou de système des interactions observables entre les différents niveaux de la société, elle a pris avec le structuralisme un autre sens, et beaucoup plus précis. Dans ce sens, la structure se rapporte aux modèles construits à partir de la réalité empirique qui, en anthropologie, est observée et décrite par l'ethnographe. Elle n'existe pas en soi, mais en fonction des éléments qu'elle réunit. Pour Lévi-Strauss (1958), « une structure offre un caractère de système. Elle consiste en éléments tels qu’une modification quelconque de l'un d’eux entraîne une modification de tous les autres. En second lieu, tout modèle appartient à un groupe de transformations dont chacune correspond à un modèle de même famille (...). Troisièmement, les propriétés indiquées ci-dessus permettent de prévoir de quelle façon réagira le modèle en cas de modification d’un de ses éléments. Enfin, le modèle doit être construit de telle façon que son fonctionnement puisse rendre compte de tous les faits observés. »

Lévi-Strauss (1958), Radcliffe-Brown (1952).
(Angl. : social structure.)
 
STRUCTURALISME nom masc. — Terme par lequel on désigne un certain nombre d’œuvres théoriques, relevant des sciences humaines ou de la philosophie, et qui, au cours des années 50 et 60, procédèrent à un recours commun aux modèles de la linguistique structurale.
Le structuralisme ne constituant à proprement parler ni une doctrine ni une école, il est difficile d’en proposer une définition. On a regroupé sous ce terme - et cela malgré les protestations de quelques théoriciens - certaines des oeuvres majeures qui dominèrent la scène intellectuelle française des années 50 et 60. Parmi les grands noms du structuralisme, on retiendra : dans le champ de l’ethnologie, Lévi-Strauss ; dans celui de la philosophie, Althusser et Foucault ; pour la psychanalyse, Lacan, et pour la sémiologie et la critique littéraire, Barthes.
Malgré d’évidentes différences, le dénominateur commun réside dans le recours aux modèles et théories mis en œuvre par Saussure, au début du siècle, dans le champ de la linguistique. Ces acquis sont importés par le structuralisme dans le champ de disciplines diverses et permettent un renouvellement de celles-ci. Chaque réalité (inconscient, littérature, systèmes familiaux) est considérée sur le modèle d’une langue qui s’impose aux sujets et dont le discours scientifique doit s’attacher à découvrir le principe de fonctionnement.


[…] conscients. Le système fonctionne, voilà tout. Voir à ce sujet le mot: Structuralisme.3° Un système peut enfin être absolument pensé, ordonné, […]

[…] offre une relecture de l’oeuvre majeure de Marx, inspirée de la psychanalyse et du structuralisme. Rejetant le dogmatisme marxiste, Althusser tente d’élaborer une nouvelle philosophie […]

STRUCTURALISME, STRUCTURE ♦ Une structure constitue un ensemble d’éléments tel que chaque élément n’ait de sens que par les relations qu’il entretient avec les autres, et que la modification d’un seul élément entraîne une modification de l’ensemble. On rencontre la notion en mathématiques et en biologie aussi bien que dans les sciences humaines - où elle est en général empruntée à la linguistique. Mais on peut admettre que la finalité interne, au sens kantien, la préfigure. La structure n’est pas dans l’objet étudié à proprement parler : elle constitue bien plutôt un modèle abstrait d’intelligibilité, élaboré à partir de l’analyse de l’objet, et tel que ses éléments correspondent terme à terme à ceux qui résultent de cette analyse. ♦ Le structuralisme est une méthode d’analyse et d’étude qui privilégie la recherche des structures organisant un domaine. Dans les disciplines contemporaines, c’est en empruntant surtout au modèle fourni par la linguistique de F. de Saussure (davantage qu’à la psychologie de la forme) que le structuralisme est apparu comme une méthode féconde, aussi bien en ethnologie (Lévi-Strauss) qu’en psychologie (Piaget), dans le marxisme (Goldmann, Althusser), en critique littéraire (Barthes) ou pour effectuer une relecture de Freud (Lacan). On a pu également évoquer un structuralisme épistémologique ou philosophique (Foucault), qui amena dans les années 1960-1970 une véritable mode, entretenue par la diffusion de formules simplistes sur la « fin de l’histoire » ou la « mort de l’homme ». Dans la mesure où le structuralisme privilégie la synchronie sur la diachronie, certains marxistes ou J.-P Sartre lui reprochèrent de ne constituer rien de mieux que le dernier avatar d’une idéologie bourgeoise aboutissant à minorer l’action humaine et la liberté. R. Barthes a judicieusement rappelé que le structuralisme constitue aussi une fructueuse méthode d’invention artistique, que ce soit en musique, en littérature ou en peinture.