STRUCTURALISME / STRUCTURE
- STRUCTURALISME. n.m. (lat. structura «construction»). ♦ 1° Méthode d'analyse et d'étude qui a été appliquée, de nos jours, à l'ethnologie (Lévi-Strauss), à la psychologie (Piaget), au marxisme (Goldman, Althusser), à la critique littéraire et à l'esthétique (R. Barthes), en philosophie et en épistémologie (Foucault). Ses sources sont la théorie de la forme («Forme» et «Gestalttheorie») et surtout, semble-t-il, les travaux de Saussure. (V. ce nom). — Du point de vue méthodologique, le structuralisme pose en principe que l'homme forme un tout dont les parties sont interdépendantes, constituant ainsi une «structure». Une modification de l'une entraîne une modification de l'ensemble. Dans les sciences humaines, le structuralisme éclaire l'objet en le situant dans la structure dans laquelle il se trouve intégré. Pour Lévi-Strauss, l'activité inconsciente de l'esprit impose des formes à un contenu. Ces formes sont fondamentalement les mêmes pour tous les esprits, anciens et modernes, primitifs ou civilisés. Pour trouver un principe d'explication, il faut donc atteindre une structure inconsciente (structures linguistiques, structures logiques, structures de la parenté, etc.). L'impersonnel est un élément structurant de l'univers personnel. Lévi-Strauss pense que, de ce point de vue, on pourrait réhabiliter l'associationnisme à qui il n'a manqué que de reconnaître une logique originelle, «expression directe d'une structure de l'esprit (et, derrière l'esprit, sans doute du cerveau) et non pas d'un produit passif de l'action du milieu sur une conscience amorphe» (le Totémisme aujourd'hui). Dans la même ligne de pensée, Lacan a considéré que l'inconscient était structuré comme un langage. On a reproché au structuralisme le flou de la notion de structure, dont on ne parvient pas à énoncer le contenu conceptuel, et le fait de ne pas tenir compte du facteur temps, de privilégier la synchronie sur la diachronie. Mais surtout, dans un tel système, la liberté et la réalité de la personne n'ont pas leur place. ♦ 2° Dans la première moitié du XXe siècle, le psychologue Claparède, qui fonda à Genève l'école de psychologie et de sciences de l'éducation, a appelé structuralisme la psychologie structurale dont la méthode analytique consistait à résoudre les phénomènes psychologiques en leurs éléments (sensations, images, tendances) et à mettre en lumière les «rouages internes», les «techniques» des opérations mentales.
- STRUCTURE, n.f. (lat. structura «construction»). ♦ 1° Par opposition à «fonction». Façon dont un ensemble est constitué ; par exemple, en biologie, la constitution anatomique d'un vivant, ou la façon dont les divers tissus vivants sont constitués. — En psychologie, étude statique des différents plans de conscience. ♦ 2° Dans le structuralisme tel qu'il est défini ci-dessus en 1° ensemble organisé dont les éléments sont solidaires de telle façon que la moindre modification de l'un d'eux retentit sur l'ensemble. ♦ 3° Ensemble de catégories de pensées donnant un «tour d'esprit» spécial {esprit d'autorité, esprit spéculatif).
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STRUCTURE
Freud parle de structure psychique par métaphore, en référence au monde minéral. Si nous laissons tomber à terre un bloc de minéral, il se brisera selon des lignes de fracture invisibles jusqu'alors, mais déterminées par la structure du minéral en question. Il en irait de même pour la structure psychique individuelle qui se structurerait en fonction des expériences des premiers moments de la vie, selon des modes de défense spécifique déterminant une structure psychique immuable. Les deux modèles spécifiques de structure psychique sont la structure névrotique et la structure psychotique. La décompensation d'une structure, qu'elle soit névrotique ou psychotique, n'est pas obligatoire. Mais en cas de conflit amenant le sujet à décompenser, un individu de structure psychotique ne pourra développer qu'une psychose, et un individu de structure névrotique ne pourra développer qu'une névrose. On appelle état limité toute position intermédiaire entre ces deux structures.
- structuralisme Approche critique qui vise à découvrir les structures d'une œuvre.
- Commentaire Méthode d'analyse, le structuralisme est issu des sciences humaines, plus particulièrement des recherches ethnologiques de Claude Lévi-Strauss et de l'approche psychanalytique et linguistique de Jacques Lacan. Pour le structuralisme, le texte forme un système dont les éléments sont solidaires entre eux. Ainsi, en littérature, il est possible — Roland Barthes s'y est essayé — de dégager par exemple la structure commune à toutes les pièces de Racine. De ces essais sont nées la théorie des systèmes et l'analyse statistique et mathématique de l'œuvre littéraire. L'œuvre devient un système dont la critique doit décrypter le sens, à partir d'une analyse de structure. L'auteur se trouve ainsi et pour un temps mis à l'écart de sa création, la structure interne de son œuvre pouvant aller contre son sens apparent.
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Citation Le but de toute activité structuraliste, qu’elle soit réflexive ou poétique, est de reconstituer un « objet » de façon à manifester dans cette reconstitution les règles de fonctionnement (les « fonctions ») de cet objet. (Roland Barthes, Essais critiques, « l'Activité structuraliste ».)
- STRUCTURE PSYCHIQUE. L’analyse des rêves, l’interprétation des souvenirs et des fantasmes permettent au-delà des impressions visuelles et des éléments affectifs qui les composent de saisir une direction, un dynamisme spécifique de la personnalité. Il est souvent possible de trouver un dénominateur commun à une série de rêves. Il est intéressant de constater que les rêves, les souvenirs, les projets d’avenir d’un être traduisent une spécificité, un style caractéristique d’une personnalité donnée. Pour Adler, la structure psychique n’implique pas seulement une configuration donnée avec une disposition définie des parties comme l’enseigne la psychologie de la forme (Gestalt-théorie). Cette structure tend vers un but et la notion de finalité confère à la structure un sens et une direction. Dans les modalités des manifestations psychopathologiques nous retrouvons ces structures psychiques dans leurs déviations morbides. Dans les névroses, ce fait est particulièrement évident. Ce qui explique le choix du symptôme en fonction de la structure.
STRUCTURALISME Courant contemporain qui, dans les sciences humaines , fait porter ses travaux avant tout sur les structures au détriment de l’individu, du sujet auquel était attribué, traditionnellement, le rôle principal. Il s’agit moins d’une doctrine que d’une méthode, mais elle implique une remise en cause du rôle du sujet et se trouve engager une polémique avec certaines philosophies, notamment l’existentialisme .
STRUCTURE 1. Organisation de parties ou d’éléments formant une totalité (la structure d'un organe). 2. Dans les sciences humaines , structure = relations qui déterminent et organisent des réalités empiriques, par exemple des mots, des fonctions sociales ou des biens. Ainsi, en linguistique , la langue est considérée comme une structure car elle est un système dans lequel seules comptent les relations que les termes ont entre eux. Chaque élément est défini par d’autres éléments qui s’y opposent ou s’en distinguent. Des synonymes comme « craindre », « redouter », « avoir peur » se définissent en se différenciant les uns des autres : on dira que « craindre » est plus faible qu’« avoir peur » mais plus imprécis que « redouter », que « craindre » concerne l’avenir et « avoir peur » concerne le présent, etc. Les termes sont comme les pièces sur un échiquier qui, à chaque instant, dépendent des règles du jeu et de la position des autres pièces. Comme la linguistique, l’anthropologie est dite structurale quand elle pose que la vie sociale est organisée par des structures latentes. La thèse est ici que c’est la totalité, la structure qui est première et que les individus sont distribués en elle dans les rôles sociaux qu’ils tiennent. Par exemple, on n’étudiera pas une famille isolément mais l’organisation générale des mariages (qui peut être épousé ? qui est interdit par prohibition de l’inceste ?) et des relations entre parents et enfants, etc.