Strauss (Léo, 1899-1973.)
Philosophe d’origine allemande, il quitte l’Allemagne en 1932, vit à Paris et Cambridge, et s'installe définitivement en 1938 aux Etats-Unis, où il enseigne à la New School for Social Research, puis à l'université de Chicago.
♦ Léo Strauss est par excellence le philosophe qui entend repenser le politique dans sa réalité propre, et qui, pour cela, fréquente assidûment les auteurs classiques, d’Aristote ou Xénophon à Machiavel ou Rousseau. Hostile au positivisme, qui ramène la vie politique à de simples confrontations de faits et en efface les débats concernant les valeurs, mais aussi à l'historicisme, auquel il reproche de supprimer la possibilité de penser le juste et l’injuste en termes universels, il entend maintenir la dignité spécifique du politique contre la menace d'un Etat universel se présentant - chez Hegel ou chez Marx - comme solution politique définitive, et supprimant par là même la nécessité de la réflexion (De la tyrannie, 1950).
♦ S'il est vrai que la société accède à l'humain en instaurant un ordre politique, il apparaît que sortir du politique, c'est retourner vers l'animalité. Le recours au « droit naturel » doit permettre d’échapper à une telle régression, car il autorise une réflexion sur la justice - que la modernité, telle qu'elle s’est instaurée progressivement à travers Machiavel, Rousseau et Nietzsche, a fini par occulter sous une approche scientifique ou nihiliste. Dans cette optique la fréquentation des Anciens (Socrate, Platon, Aristote) constitue une façon de résister à la domination des « sciences sociales », et c'est ce qui justifie la réactivation de la « querelle » entre Anciens et Modernes à laquelle s’emploie Léo Strauss - pour réaffirmer le sérieux de la chose politique et la nécessité de la penser.
Œuvres principales : Droit naturel et histoire (1953) ; Pensées sur Machiavel (1958) ; Qu’est-ce que la philosophie politique ? (1959) ; La Cité et l’homme (1963).