SS, abréviation de Schutzstaffel, c'est-à-dire échelon de protection
Les SS, qui jouèrent à partir de 1933 un rôle sans cesse grandissant dans l'État hitlérien, eurent pour origine la petite garde personnelle de Hitler formée en 1922 sous le nom de Sturm Abteilung (« Troupe d'assaut », abrégé en SA) et qui prit part au putsch manqué de Munich en nov. 1923. En 1924, à sa sortie de la prison de Landsberg, Hitler comprit la nécessité de se prémunir contre les éléments anarchiques, nombreux dans les SA. C'est dans ces circonstances que naquirent officiellement les SS. Jusqu'en 1934, les SS ne furent qu'un groupe particulier des SA. D'abord placés sous le commandement de Josef Berchtold, ils reçurent un nouveau chef en la personne de Heinrich Himmler, nommé Reichsführer des SS le 6 janv. 1929. Renonçant à un accroissement trop rapide des effectifs, Himmler entreprit de faire des SS l'élite du mouvement nazi. En 1930/31, les SS eurent à intervenir pour ramener à la discipline les SA de Berlin, mais, en janv. 1933, au moment de la prise du pouvoir, ils ne comptaient encore que 30 000 hommes. En juin 1934, les SS furent chargés d'opérer la grande purge des SA en exécutant leur chef Röhm et son état-major. Dès lors, la SS devint, en marge de l'armée et de la police régulière, la principale force d'intervention et de police du régime hitlérien. Les principaux chefs de la police reçurent des grades dans la SS (tel Müller, le chef de la Gestapo, qui était originellement un policier professionnel et non un militant hitlérien). En 1931 avait été constitué un service de renseignements SS, le Sicherheitsdienst (SD), sous la direction d'un ancien officier de marine, Reinhard Heydrich, qui devint le principal adjoint et, à certains égards, le rival de Himmler. Le SD fut lui aussi intégré à l'État hitlérien, comme service de renseignements et de contre-espionnage, exerçant ses activités aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Allemagne. Enfin, depuis 1934, les SS avaient remplacé les SA dans la garde des camps de concentration. C'est à partir de 1939 et à la faveur de la guerre que les SS acquirent une emprise absolue sur le Reich, puis sur toute l'Europe occupée. À partir du 27 sept. 1939, la police de sécurité (Gestapo) (v.), la police criminelle et le SD furent amalgamés dans un organisme unique, le Reichssicherheitshauptamt (« Service supérieur de la sécurité du Reich ») (RSHA), dont le chef fut Heydrich : ce service s'occupait aussi bien de la police que de la surveillance idéologique et de renseignements militaires. D'autre part, les SS eurent la haute main sur tout l'univers concentrationnaire, qui devint une véritable entreprise industrielle, car la SS louait à certaines firmes les travailleurs forcés dont elles avaient besoin ; dans les camps, des médecins SS se livrèrent à des expériences sur les déportés ; à partir de l'été 1941, c'est également la SS qui fut chargée de la « solution finale du problème juif », c'est-à-dire de l'extermination systématique des Juifs dans les camps spéciaux de Belsec, Sobibor et Treblinka, ouverts au printemps 1942. Mais l'aspiration suprême de Himmler était de s'assurer le contrôle de tous les domaines de l'activité du Reich : pour cela, il procéda par noyautage, accordant des grades honorifiques dans la SS à de hauts responsables.
Au début de la Seconde Guerre mondiale furent créées de véritables unités militaires SS, les Waffen-SS, qui s'affirmèrent rapidement comme les troupes d'élite du Reich et, à partir de 1941, attirèrent des volontaires étrangers. En 1945, les Waffen-SS comptaient plus de 600 000 hommes répartis en trente-huit divisions, dont plusieurs formées de volontaires étrangers : scandinaves, néerlandais et flamands (divisions « Wiking », « Nederland », « Nordland »), wallons (divisions « Wallonie », commandée par le collaborateur belge Léon Degrelle), français (division « Charlemagne »), italiens, hongrois, croates, serbes, albanais, tchèques, lituaniens, lettons, estoniens, russes, ukrainiens, caucasiens... Les SS jouèrent un rôle décisif dans la reprise de Kharkov (1943), dans la bataille des Ardennes (déc. 1944), dans la défense de Budapest, puis dans celle de Berlin, où les volontaires français de la « Charlemagne » comptèrent parmi les ultimes combattants autour du bunker de Hitler. À l'intérieur du Reich, la SS mit à profit l'échec du putsch du 20 juillet 1944 pour resserrer encore son emprise sur tous les rouages de l'État et pour décimer la caste des officiers. Elle fut ainsi jusqu'au bout l'instrument de ce que Rauschning avait appelé « la révolution du nihilisme ». Jugée en tant qu'organisation criminelle, la SS fut condamnée par le tribunal de Nuremberg en 1946.
SA (abrév. de Sturm Abteilung, Section d'assaut) Formation paramilitaire du Parti national-socialiste allemand. Créée par Hitler en 1921 et destinée à l'origine à assurer le service d'ordre dans les réunions nazies, elle fut réorganisée par Röhm, à partir de 1930 et, en deux ans, devint une puissante milice disciplinée de 400 000 hommes. Cette « armée brune » du parti joua, par l'intimidation et la violence, un rôle essentiel dans l'accession au pouvoir de Hitler (janvier 1933). Après l'absorption des Casques d'acier, le nombre des SA atteignit près de 3 millions de membres en 1933. Cette excessive puissance, la volonté non dissimulée de Röhm de soumettre l'armée traditionnelle aux SA et son désir de pousser plus loin la « révolution national-socialiste » finirent par inquiéter Hitler. Lors de la Nuit des Longs Couteaux (29-30 juin 1934), Röhm et plusieurs dizaines de ses subordonnés furent éliminés. La SA ne joua plus désormais qu'un rôle effacé au profit des SS. Voir National-Socialisme.
SS (abrév. de Schutzstaffel, échelon de protection). Police militarisée du parti nazi. Garde spéciale destinée à protéger le Führer créée en 1925, la SS ne fut à l'origine qu'un groupe particulier de la SA jusqu'en 1934. Ce ne fut qu'après l'élimination de Röhm, chef des SA (Nuit des Longs Couteaux) que la SS, sous la direction de Himmler depuis 1929, devint la principale force d'intervention et de police de l'État hitlérien, mais aussi l'élite du mouvement nazi, une sévère sélection raciale présidant à son recrutement. Dans le domaine des services de sécurité, la SS contrôla bientôt la police criminelle, la police régulière en uniforme et un important réseau d'espionnage (le Sicherheitsdienst, service de renseignement, SD) à l'intérieur et à l'extérieur du IIIe Reich, y compris au sein du parti nazi. Elle fut, à partir de 1939, chargée du contrôle des territoires occupés avec la Gestapo. Elle eut aussi la surveillance et la gestion des camps de concentration (unités à tête de mort) puis, à partir de 1942 fut chargée de l'exécution de la « solution finale du problème juif », c'est-à-dire de leur extermination systématique. Son dernier visage fut enfin celui des unités combattantes d'élite : la Waffen SS, qui encadra de nombreux volontaires étrangers (Scandinaves, Néerlandais, Flamands, Wallons et Français), et qui compta en 1945 830 000 soldats. Les unités des Waffen SS (« SS en armes ») furent engagées dans toutes les opérations difficiles de la Seconde Guerre mondiale. Les volontaires français de la « division Charlemagne » furent parmi les ultimes combattants défendant le bunker de Hitler à Berlin. Jugée en tant qu'organisation criminelle, la SS fut condamnée par le tribunal de Nuremberg en 1946. Voir Heydrich (Reinhard), Abwehr.
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