- SPIRITISME. n.m. Thèse qui a pris corps au XIXe siècle et s’est assez largement répandue. Elle concerne les rapports des vivants avec les âmes des défunts. Les croyances spirites ont été exposées pour la première fois par Allan Kardec (H.-L. Rivail) dans le Livre des Esprits (1853). Elles conçoivent l’homme comme composé de trois principes qui coexistent pendant la vie terrestre mais se dissocient à la mort : le corps périt ; l'âme immortelle participant à la nature divine tente de se dégager de la matière, mais elle reste, pour un temps, prisonnière du périsprit. Le périsprit est une enveloppe fluide capable, par moments, de se manifester, de laisser des traces, de frapper des coups, de déplacer des objets (tables tournantes). Les fantômes sont des âmes non dégagées du périsprit. Les médiums sont des humains vivants particulièrement capables d'entrer en rapport avec les esprits. Le spiritisme a tenu d'importants congrès. Il a compté, parmi ses adeptes, des personnages illustres (Victor Hugo, Mme de Girardin, Conan Doyle). Il a inspiré des sectes encore actives (Antoinisme, Christian Science). Allan Kardec a élevé l'idée de réincarnation au niveau d'un dogme.
- SPIRITUALISME. n.m. (lat. spiritus «souffle», «vent», «esprit», «âme»). Le mot spiritualisme est très discuté chez les philosophes qui le trouvent impropre et équivoque. On peut en dégager les sens suivants. ♦ 1° Ontologiquement. Doctrine qui affirme l'esprit comme réalité substantielle, l'âme humaine immortelle, Dieu, être spirituel créateur du monde. Elle s'oppose au matérialisme, qui ne reconnaît qu'une réalité d'ordre matériel. Épicure, Lucrèce, Marx étaient matérialistes. Descartes, Bergson sont spiritualistes. Ce ne sont là que des exemples. Ainsi définis, les spiritualismes sont fort divers. Descartes a affirmé l'âme humaine spirituelle et Dieu ; mais sa physique et sa biologie sont matérialistes et mécanistes. On lui a reproché d'avoir rompu avec le dynamisme aristotélicien. Le spiritualisme de Leibniz est très différent. Celui de Bergson plus encore. Le spiritualisme n'est pas forcément dualiste. Berkeley est immatérialiste. ♦ 2° On peut aussi être spiritualiste en opposant l'esprit à la nature, l'esprit, principe de la pensée et de la vie morale, à la vie biologique, à ses désirs et à ses impulsions. ♦ 3° Beaucoup de philosophes se disent spiritualistes en un sens plus large, en n'admettant d'autre absolu que l'esprit, en expliquant la nature par l'esprit. On reconnaîtrait ici diverses formes de l'idéalisme. ♦ 4° Sur le plan psychologique. Le spiritualisme reconnaît la spécificité des phénomènes intellectuels, affectifs et volontaires, et n'accepte pas pour eux d'explications d'ordre exclusivement physiologique. ♦ 5° Sur le plan éthique et sociologique. Le spiritualisme considère qu'il y a, dans la conscience de l'homme, et dans l'idéal des sociétés, deux ordres de fins : les unes concernent les intérêts de la nature biologique ; les autres ceux de la nature proprement humaine qui conçoit et aime le juste et le bien. En ce sens, on dirait que Durkheim est spiritualiste.
Du latin chrétien spiritualis, «qui concerne l'âme» (de spiritus, «souffle», « esprit »).
- Toute doctrine qui pose l’existence de l’esprit comme substance distincte de la matière et du corps.
- Par opposition au matérialisme, doctrine accordant une place prépondérante à la vie de l’esprit ou aux biens spirituels.
• Pour le spiritualiste Henri Bergson, la vie ne se réduit pas à la matière : c'est l'esprit qui est à l'origine de la matière organique, et non l'inverse.
- SPIRITUALITÉ, n.f. (lat. spiritus «souffle», «vent», «esprit»). ♦ 1° Caractère de ce qui est de la nature de l'esprit {spiritualité de l'âme). ♦ 2° Pratiques concernant la vie de l'âme dans sa relation journalière avec Dieu. ♦ 3° Conceptions diverses de cette relation habituelle de l'âme à Dieu. Par exemple, dans la religion catholique, spiritualité ignatienne, ou carmélitaine, ou salésienne, ou franciscaine.
- SPIRITUEL, adj. et quelquefois n.m. (lat. spiritualis «mû par l'air», «spirituel», «immatériel»). ♦ 1° Qui est de nature immatérielle. L'âme est une substance spirituelle. ♦ 2° Qui appartient à l'esprit, entendu comme réalité immatérielle, principe de la pensée et de l'activité réfléchie (l'activité spirituelle). ♦ 3° Dans une perspective religieuse, qui concerne l'activité religieuse de la personne, sa relation à Dieu (Exercices spirituels). ♦ 4° Attribué au pouvoir et par opposition au pouvoir temporel, a) Pouvoir exercé par les autorités religieuses ; b) Dans le langage des positivistes : pour Auguste Comte, le pouvoir spirituel doit être attribué aux intellectuels qui organiseront la «religion de l'Humanité». ♦ 5° Qui manifeste de l'esprit, entendu comme une qualité particulière de l’intelligence, malicieuse, piquante, subtile, douée d'humour (une répartie spirituelle). ♦ 6° Substantif. Un spirituel, une personne attachée à la pratique religieuse entendue comme une vie de piété, de méditation et d’union à Dieu.
- spiritisme, science occulte qui prétend communiquer avec les esprits des morts par l'intermédiaire d'un « médium » (personne capable d'évoquer ces esprits ou de nous rappeler notre vie antérieure).