SPINOZA : TOUT DÉPEND DE LA NATURE DE L'ÉTAT
SPINOZA : TOUT DÉPEND DE LA NATURE DE L'ÉTAT
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Quel est l'Etat idéal ? Quel est le meilleur régime politique ? Ces questions, de Platon à Hobbes ou Rousseau, dominent la philosophie politique. C'est ainsi que Spinoza s'interroge, parce qu'il pense que la réalisation des fins légitimes des hommes dépend de l'Etat.
« Ce qu’est le meilleur régime pour tout Etat, on le connaît facilement en considérant la fin de la société civile : cette fin n’est rien d’autre que la paix et la sécurité de la vie. Par suite, le meilleur Etat est celui où les hommes passent leur vie dans la concorde, et dont le Droit n'est jamais transgressé. En effet, il est certain que les séditions, les guerres et le mépris ou la transgression des lois doivent être imputés non tant à la malignité des sujets qu'au mauvais régime de l'Etat. Les hommes, en effet, ne naissent pas aptes à la vie en société, il le deviennent. En outre, les passions naturelles des hommes sont partout les mêmes ; si donc, dans un corps politique, la malignité humaine assure mieux son règne que dans un autre, et si on y commet plus de péchés, cela vient certainement de ce qu’un tel corps politique n'a pas assez pourvu à la concorde, n'a pas établi son Droit avec assez de sagesse et, en conséquence, n'a pas acquis le droit absolu qui est celui d'un corps politique. Car une société civile qui n'a pas éliminé les causes de sédition, où il faut toujours redouter une guerre, et où enfin les lois sont presque toujours violées, ne diffère pas beaucoup de l'état naturel, où chacun vit selon ses inclinations, mais avec un grand péril pour sa vie. »
Spinoza
ordre des idées
1) Nature du rapport des hommes aux lois dans un Etat idéal. — Définition d'un Etat idéal : celui qui assure paix civile et sécurité à une société. — Conséquence pratique : dans un tel Etat, le Droit, les règles ou lois juridiques, sont toujours respectées.
2) Rapport des hommes aux lois dans un Etat imparfait. — Un fait : dans un tel Etat, les hommes désobéissent aux lois (crimes, délits...). — Première explication de ce fait La raison de la désobéissance tient moins à la méchanceté des citoyens qu'à l'imperfection de l'Etat lui-même, incapable de les rendre aptes à vivre ensemble en paix. — Seconde explication, qui précise la première. Comme la nature humaine ne varie pas, l'échec de certains Etats ne peut s'expliquer par une manière particulière de se comporter des citoyens, mais bien par l'insuffisante sagesse des lois instituées. — Conséquence. Un Etat d'une telle imperfection laisse finalement les hommes dans une situation de liberté naturelle sans sécurité : à la limite, ce n'est pas encore un Etat authentique.
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