SPINOZA : ORIGINE DE LA SUPERSTITION
SPINOZA : ORIGINE DE LA SUPERSTITION
La conscience religieuse voit dans la superstition une forme pervertie de la vraie religion, tandis que la tradition matérialiste, depuis Lucrèce, tient toutes les religions pour des superstitions, c'est-à-dire des comportements irrationnels et aberrants qui ont pour source l'ignorance et la peur.
« Nous voyons que les plus adonnés à tout genre de superstition ne peuvent manquer d’être ceux qui désirent sans mesure des biens incertains ; tous, alors surtout qu’ils courent des dangers et ne savent trouver aucun secours en eux-mêmes, implorent le secours divin par des vœux et des larmes de femmes, déclarent la Raison aveugle (incapable elle est en effet de leur enseigner aucune voie assurée pour parvenir aux vaines satisfactions qu’ils recherchent) et traitent la sagesse humaine de vanité ; au contraire, les délires de l'imagination, les songes et les puériles inepties leur semblent être des réponses divines ; bien mieux, Dieu a les sages en aversion ; ce n'est pas dans l'âme, c'est dans les entrailles des animaux que sont écrits ses décrets, ou encore ce sont les insensés, les déments, les oiseaux qui, par un instinct, un souffle divin, les font connaître. Voilà à quel point de déraison la crainte porte les hommes. »
Spinoza, Traité théologico-politique, préface.
ordre des idées
1) Cause de la superstition : un désir excessif d'obtenir des biens incertains. (H faut, croyons nous, entendre par biens « incertains » — latin incerta—les biens aléatoires, hasardeux, dont on ne sait comment les obtenirs, plutôt que des biens matériels qui ne seraient pas les biens véritables, ces deux sens n'étant au reste pas exclusifs.)
2) Exemples de biens incertains et des moyens superstitieux de les obtenir :
a) Obtenir un secours dans un danger. — Moyens : des vœux et des larmes (censés pouvoir modifier la volonté divine). b) Connaître l'avenir. —Moyens : déchiffrer l'avenir dans les songes, les délires des fous, les entrailles des animaux, etc, (censés renfermer les décrets de Dieu).
3) Les implications de la superstition :
— Mépris de la Raison tenue pour incapable de comprendre les causes des choses. —Abaissement de Dieu, qui préfère parler par le biais des animaux et des fous plutôt que par celui des sages.
4) Une dernière remarque : ce désir d'obtenir des biens incertains est surtout provoqué par la crainte (avec laquelle, en dernière analyse, il se confond, puisque le caractère incertain de ces biens entraîne au moins une appréhension de l'avenir).
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