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Spinoza et les affections

A partir d’une étude ordonnée de ce texte dégagez son intérêt philosophique :

« Les philosophes conçoivent les affections qui se livrent bataille en nous, comme des vices dans lesquels les hommes tombent par leur faute, c’est pourquoi ils ont accoutumé de les tourner en dérision, de les déplorer, de les réprimander, ou, quand ils veulent paraître plus moraux, de les détester. Ils croient ainsi agir divinement et s’élever au faîte de la sagesse, prodiguant toute sorte de louanges à une nature humaine qui n’existe nulle part, et flétrissant par leurs discours celle qui existe réellement. Ils conçoivent les hommes en effet, non tels qu’ils sont, mais tels qu’eux-mêmes voudraient qu’ils fussent : de là cette conséquence, que la plupart, au lieu d’une Ethique, ont écrit une Satire, et n’ont jamais eu en Politique de vues qui puissent être mises en pratique ; la Politique, telle qu’ils la conçoivent, devant être tenue pour une Chimère, ou comme convenant soit au pays d’Utopie, soit à l’âge d’or, c’est-à-dire à un temps où nulle institution n’était nécessaire. »

SPINOZA

DIRECTIONS DE RECHERCHE

• Que signifie ici « affections »? • Pourquoi les « philosophes » croient-ils » ainsi agir divinement et s’élever au faîte de la sagesse » ? Que signifient, dans le texte, « divinement », « sagesse » ? • Pourquoi, pour Spinoza, ont-ils tort de « croire » cela ? • Spinoza pense-t-il que « la nature humaine » n’existe pas ? • Qu’est-ce qu’écrire « une Ethique » ? •Pourquoi, pour Spinoza, la plupart des philosophes ont-ils écrit une «Satire» aux lieux et place d’«une Ethique» ? • Sont-ce les philosophes dont parle Spinoza qui pensent que « la Politique » doit être « tenue pour une Chimère, etc... » ou est-ce Spinoza qui pense que « la Politique telle qu’ils la conçoivent » doit être tenue pour une Chimère, etc. ? • Qu’est-ce qu’une « Chimère », le « pays d’Utopie », l’ « âge d’or » ? • En raison de quoi peut-on dire que l’« âge d’or » « est» « un temps où nulle institution n’était nécessaire »? • Y a-t-il un lien de cause à effet, pour Spinoza, entre la façon dont « les philosophes conçoivent les affections » et leur incapacité à écrire une « Ethique », à concevoir « en politique des vues qui puissent être mises en pratique » ? En cas de réponse positive, comment rendre compte de « la plupart »? • Spinoza est-il « un philosophe »? • L’intérêt philosophique du texte vient-il moins de la thématique du texte que de la façon de poser la thématique ?

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