Spinoza et la concorde
« L’expérience parait enseigner [...] que, dans l’intérêt de la paix et de la concorde, il convient que tout le pouvoir appartienne à un seul. Nul État en effet n’est demeuré aussi longtemps sans aucun changement notable que celui des Turcs et en revanche nulles cités n’ont été moins durables que les Cités populaires ou démocratiques, et il n’en est pas où se soient élevées plus de séditions. Mais si la paix doit porter le nom de servitude, de barbarie et de solitude, il n’est rien pour les hommes de si lamentable que la paix. Entre les parents et les enfants, il y a certes plus de querelles et des discussions plus âpres qu’entre maîtres et esclaves, et cependant il n’est pas de l’intérêt de la famille ni de son gouvernement que l’autorité paternelle se change en une domination et que les enfants soient tels que des esclaves. C’est donc la servitude, non la paix, qui demande que tout le pouvoir soit aux mains d’un seul. La paix ne consiste pas dans" l’absence de guerre, mais dans l’union des âmes, c’est-à-dire dans la concorde. » SPINOZA
DIRECTIONS DE RECHERCHE
• Qu’est-ce qui fait que l’expérience paraît enseigner que dans l’intérêt de la paix et de la concorde, il convient que tout le pouvoir appartienne à un seul? z • Quels sont les faits qui, selon Spinoza, font apparaître cette apparence pour une apparence ? • La comparaison entre l’État et la Famille, et plus précisément entre parents et enfants d’une part et maîtres et esclaves d’autre part vous paraît-elle Justifiée ? Si oui, en quoi précisément ? • Qu’est-ce qui, selon Spinoza, « demande que tout le pouvoir soit aux mains d’un seul »? • Qu’est-ce donc que la paix (et la guerre) pour Spinoza? N’aboutit-on pas à un résultat paradoxal? • Que pensez-vous de l’argumentation et de la thèse de Spinoza ?