Spinoza et la Bible
« Cette méthode pour interpréter sûrement la Bible, loin d'être différente de la méthode qui sert à interpréter la nature, lui est au contraire parfaitement conforme.» Spinoza, "Traité théologico-politique" (1670).
L'interprétation se situe entre deux modes de pensée qui la considèrent comme une non-connaissance: d'un côté la croyance en un sens «littéral», en une vérité révélée par Dieu qui n'a pas besoin d'une interprétation par les sujets humains; de l'autre, l'idée d'un calcul universel, comme on la trouve chez Leibniz («Calculons!»). L'étude des textes religieux étant, par excellence, l'occasion de conflits d'interprétation, Spinoza a tâché de montrer qu'il y avait une méthode proprement scientifique d'interprétation des textes. En affirmant cela, Spinoza faisait de la pensée interprétative une pensée du même type que la pensée géométrique ("more geometrico") à l'oeuvre dans les sciences de la nature. Pour trancher entre les interprétations, il lui fallait nier une spécificité de la pensée interprétative: la part de subjectivité à l'oeuvre dans l'interprétation.
Liens utiles
- SPINOZA (1632-1677) Traité des autorités théologiques et politiques, chapitre XVI.
- Le plus grand défaut du Moyen Age dans le domaine de la pensée, ce fut sans doute qu'il s'écarta constamment du texte, à un tel point qu'on ne connaissait plus de la Bible ou d'Aristote que les commentaires des commentaires qu'on en avait faits. C'est en cela que c'est véritablement le Moyen Age de la pensée, puisqu'il s'agissait alors d'une pensée sans objet, dangereusement indépendante et soumise par là à certaines idées de l'esprit tout à fait arbitraires.
- Bible.
- En parlant d'une oeuvre, certains disent qu'ils en font leur Bible, laissant entendre par là qu'ils la mettent au-dessus de tout, et même qu'ils l'admirent à l'exclusion de toutes les autres. L'expérience que vous avez de la lecture vous conduit-elle à approuver une telle attitude? Jusqu'à quel point vous paraît-il profitable de privilégier une oeuvre ou un auteur?
- Explication Spinoza - Traite théologico-politique (chapitre 16)