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Spinoza: Critique du concept de finalité

Pour Spinoza, l'univers (natura) est compréhensible. Ce que produit la nature obéit au principe de causalité. Il n'y a pas de distinction à faire entre Dieu et la nature (Deus sive natura). L'homme, comme mode de la nature, est une partie de celle-ci. De ce fait, la nature ne fait rien pour l'homme, il n'y a pas de finalité en elle. Pourtant, les hommes s'imaginent que les choses sont organisées à leur image. C'est cette idée que. Spinoza, dans l'appendice du livre I de l' "Ethique", remet clairement en cause.

Problématique

Les hommes se font une fausse représentation de la nature. Ceci s'explique par le fait qu'ils ne disposent pas naturellement d'une connaissance adéquate. Pour y parvenir, ils doivent dépasser la simple conscience de leurs actes, car ils croient que les buts qu'ils poursuivent ordinairement sont un modèle auquel obéit la nature.

Enjeux

Tant que les hommes sont dans l'ignorance de ce qu'est la nature, ils croient quelle obéit à une finalité. Il leur est dans ces conditions impossible d'accéder à une tranquillité de l'esprit. La philosophie spinoziste est en fait une recherche de la connaissance adéquate de la nature en vue de permettre à l'homme de se libérer de ses illusions et de ses passions. La liberté n'est pas un état, elle est le fruit d'une libération.

Critique du concept de finalité

D'ailleurs, tous les préjugés que j'entreprends de signaler ici dépendent d'un seul : les hommes supposent communément que toutes les choses naturelles agissent, comme eux-mêmes, en vue d'une fin, et bien plus, ils considèrent comme certain que Dieu lui-même dispose tout en vue d'une certaine fin, car ils disent que Dieu a fait toutes choses en vue de l'homme, mais il a fait l'homme pour en recevoir un culte. C'est donc ce seul préjugé que je considérerai d'abord, en cherchant en premier lieu pourquoi la plupart des hommes se plaisent à ce préjugé et pourquoi ils sont tout naturellement enclins à l'adopter ; j'en montrerai ensuite la fausseté, et enfin je montrerai comment en sont issus les préjugés relatifs au bien et au mal, au mérite et à la faute, à la louange et au blâme, à l'ordre et à la confusion, à la beauté et à la laideur, et aux autres choses de même genre. Ce n'est cependant pas le moment de déduire ces choses de la nature de l'esprit humain. Il me suffira ici de poser en principe ce qui doit être reconnu par tous : tous les hommes naissent ignorants des causes des choses, et tous ont envie de rechercher ce qui leur est utile, ce dont ils ont conscience. D'où il suit, en premier lieu, que les hommes se croient libres parce qu'ils ont conscience de leurs voûtions et de leur appétit, et qu'ils ne pensent pas, même en rêve, aux causes qui les disposent à désirer et à vouloir, parce qu'ils les ignorent. Il suit, en second lieu, que les hommes agissent toujours en vue d'une fin, c'est-à-dire en vue de l'utile qu'ils désirent ; d'où il résulte qu'ils ne cherchent jamais à savoir que les causes finales des choses une fois achevées et que, dès qu'ils en ont connaissance, ils trouvent le repos, car alors ils n'ont plus aucune raison de douter. S'ils ne peuvent avoir connaissance de ces causes par autrui, il ne leur reste qu'à se retourner vers eux-mêmes et à réfléchir aux fins qui les déterminent d'habitude à des actions semblables, et à juger ainsi nécessairement, d'après leur naturel propre, celui d'autrui.

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