Spengler (Oswald, 1880-1936.)
Penseur allemand, Spengler développe une « morphologie de l'histoire universelle » conçue sur le mode organique : il n'y a pas d’histoire de l'humanité, les seules unités organiques réelles sont les cultures qui, sans communiquer entre elles, ont chacune une âme propre. Ainsi chaque peuple existe concrètement avec ses éléments constitutifs, à savoir sa race, sa langue et sa culture, laquelle se développe, puis entre dans une phase de décadence (sous forme de « civilisation »), avant de mourir.
♦ Spengler oppose, comme Nietzsche, la culture apollinienne et la culture dionysienne : la première aime la clarté et la mesure (culture antique avec la géométrie euclidienne, la cité-Etat...) ; la seconde, qu'il appelle « faustienne », vise le démesuré et caractérise l'Occident tourné vers l'avenir. Ennemi d'un progrès symbolisé par la science et la raison, Spengler estime, d’un point de vue pessimiste et très conservateur, que le déclin de l'Occident a pour causes le mélange des cultures, l'esprit démocratique et le matérialisme. Oubliant la spontanéité de la vie, l'Occident moderne, pense-t-il, s’est éloigné de la nature et des valeurs qu’elle incarne, favorisant ainsi l'apparition de l'homme prométhéen et la domination technicienne. Au règne des philosophes s'est substitué celui des marchands, des politiques et des militaires. Symboliquement, l'« œil » qui détermine le vrai a laissé la place à la « main » qui appréhende l'univers pour le dominer.
Œuvres principales : Le Déclin de l'Occident (1918) ; L’Homme et la technique (1931).
Spengler, Oswald (Blankenburg 1880-Munich 1936) ; écrivain allemand.
Pendant quelques années seulement, de 1908 à 1911, S. enseigne les mathématiques à Hambourg, il s’installe ensuite à Munich en tant qu’écrivain indépendant. Avant même la Première Guerre mondiale, il y achève son principal ouvrage Le Déclin de l’Occident, qu’il ne fait cependant paraître qu’à l’été 1918. Avec sa Morphologie de l’histoire du monde (1922), qui, en se référant à Goethe et à Nietzsche, constitue une étude philosophico-historique du passé, et tente en outre de « prévoir l’histoire », S. a écrit l’un des livres les plus lus de son temps, par lequel il a influencé la vision de l’histoire des générations d’après-guerre. Refusant les idées de progrès et d’évolution, il imagine l’histoire du monde comme le déroulement de huit civilisations d’un niveau élevé (Égypte, Inde, Babylone, Chine, Antiquité, Arabie, Occident, Mexique) dont chacune, indépendante des autres, forme un tout organique avec sa propre spiritualité et son évolution obéissant à des lois prévisibles qui le fait passer par les phases de développement, d’épanouissement et de déclin. Aussi considère-t-il que l’Occident, actuellement au stade de la civilisation, est voué au déclin. Adversaire politique du libéralisme et de la démocratie, S. tente une synthèse entre Prussianisme et Socialisme (publié en 1920), mais est étranger au national-socialisme.
SPENGLER, Oswald (Blankenburg, Harz, 1880-Munich, 1936). Philosophe et historien allemand. Défendant une conception cyclique de l'histoire, comparant les civilisations à des êtres vivants soumis aux lois du développement biologique (croissance, maturité, décadence), il s'est particulièrement intéressé au destin de l'Occident, insistant sur le rôle politique éminent de l'Allemagne. Certaines de ses idées furent reprises par le national-socialisme. Dans son ouvrage Le Déclin de l'Occident (1918-1922), il brosse un tableau de la civilisation occidentale parvenue au stade de l'achèvement et comparée à celui de la fin de la période hellénistique. Voir Chamberlain (Houston Stewart), Rosenberg (Alfred).Liens utiles
- C. E. 3 juill. 1936, Demoiselle BOBARD et autres, Rec. 721
- C.E. 7 févr. 1936, JAMART, Rec. 172
- LE CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN Étude film documentaire « Palestine, Histoire d’une terre »(1993) de Simone Bitton, Première Partie (1880-1950)
- EL 7 : Nuit rhénane Guillaume Apollinaire (1880-1918)
- Oswald DUCROT et Jean-Marie SCHAEFFER Nouveau Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage