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SOUVERAIN BIEN / SOUVERAIN

SOUVERAIN, adj. et n.m. (lat. supernus «placé en haut».) ♦ 1° Substantif, a) Personnage qui détient un pouvoir absolu (monarque absolu) ; b) Chez Rousseau et en démocratie, le peuple, en tant que corps politique détenant le pouvoir. (V. le Contrat social) ; c) Par extension, monarque constitutionnel. ♦ 2° Adjectif, a) Dans l’ordre moral et métaphysique, qui a une valeur absolue (le souverain bien) ; b) Qui a une efficacité totale (remède souverain) ; c) Caractère sans appel des décisions (jury souverain).

SOUVERAIN BIEN. Le souverain bien est un concept à la fois moral et métaphysique. Au sens moral, c’est le bien qui a une valeur absolue, qui doit inconditionnellement être accompli. Au sens métaphysique, c'est la fin ultime de l’homme. Ce doit donc être l’objet de la volonté éclairée. Une juste conception du souverain bien a été, traditionnellement, l’objet d'élection de la recherche philosophique. Elle implique la possibilité d'établir une science des fins.

[caption id="attachment_1155" align="alignright" width="199"]Platon Platon[/caption]

Platon a déjà affirmé que l'objet suprême de la volonté était le Bien absolu, recherché comme objet de contemplation, et non comme moyen en vue d'une fin ultérieure. La recherche du souverain bien est aussi recherche de la vie heureuse. Aristote écrit, dans l'Éthique à Nicomaque : «Le bonheur est donc, cela saute aux yeux, quelque chose de final et d’indépendant (des événements extérieurs), étant bien entendu qu'il est, pour commencer, la fin à laquelle sont ordonnés tous les objets de nos actions.» On retrouvera ces deux tendances à la connaissance vraie et au bonheur chez Plotin. Le sage, ouvert à la raison et à l'intelligence, ne peut plus vouloir que le Bien qu'il contemple. Le souverain bien est l'objet essentiel de la recherche et de la pratique des stoïciens. (V. Cicéron, De finibus, Des fins des biens et des maux.) Chez saint Thomas d'Aquin, le souverain bien est la béatitude. On trouve chez lui la vision d'un univers entièrement finalisé. L'homme, créature raisonnable, s'oriente vers sa fin, qui est son Créateur, «à pas de connaissance et d'amour». Le désir de bonheur est inscrit dans la nature humaine. L'idée que le bonheur est contemplation, si profondément énoncée par les Grecs, est éclairée par la Révélation divine. Descartes ne s'écartera pas de cette notion du souverain bien conçu à la fois comme la juste orientation de la vie vers sa fin, et comme le bonheur qui en résulte. «Le souverain bien est, sans doute, la chose que nous devons proposer pour but en toutes nos actions, et le contentement d'esprit qui en revient étant l'attrait qui fait que nous le cherchons, est aussi, à bon droit, nommé notre fin» (Lettre à Elisabeth). Kant ne donne pas de sens métaphysique au mot fin. Pour lui, le règne des fins est l'idéal de la raison pratique, le respect inconditionnel de (a raison en soi, en autrui et dans les objectifs qu'on se propose. A propos du souverain bien, il distingue deux sens de l'adjectif souverain : a) Absolu, au sens d'inconditionnel ; et b) achevé. La vertu correspond au sens a. Il faut pratiquer la vertu, faire son devoir parce que c'est le devoir. La réunion de la vertu et du bonheur correspond au second sens : c'est un postulat de la raison pratique.

souverain bien, but dernier de l'homme. — Presque toutes les morales ont défini le souverain bien par l'accord de la moralité (vertu) et du bonheur. Car la vertu, seule, peut être malheureuse (Job), et le plaisir des sens reste éphémère. Seul le bonheur (ou béatitude), qui résulte du « mérite », est un bien durable et sans mélange. Souverain Du bas latin superanus, « supérieur ». - Adjectif : qui n’est subordonné à personne, indépendant (exemple : un jury souverain). - Nom : personne individuelle ou collective qui possède l’autorité suprême dans une société donnée. • Pour Rousseau, il n'y a qu'un seul souverain légitime, et c'est le peuple, c'est-à-dire le « corps politique » produit par le contrat social.



Souverain Bien Le bien suprême, celui qui, étant supérieur à tous les autres, doit constituer le but dernier de l’homme. Chez Kant, il réalise l’accord du bonheur et de la vertu par l’intermédiaire du « mérite ».

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