SOUPAULT Philippe
SOUPAULT Philippe 1897-1990
Il est né à Chaville dans un milieu bourgeois — père médecin, qui meurt quand il a sept ans. Après des années de collège religieux qui lui resteront comme des souvenirs de prison, il publie en 1917 son premier album Aquarium. A une époque où, de Suisse, Dada commence à faire parler de lui dans les milieux poétiques parisiens, Apollinaire le présente à Breton. En 1920, avec ce dernier et Aragon, il fonde la revue Littérature qui sera l'organe de Dada en France. Soupault publie Rose des Vents. L'année précédente avaient commencé les expériences d'écriture automatique qui allaient conduire au surréalisme (Champs magnétiques). Mais bientôt, il cesse de participer aux activités surréalistes, rupture illustrée par Georgia (1926), recueil où il opte pour une poésie plus lyrique et plus contrôlée — en 1922 déjà il a donné Westwego, un recueil assez proche de la manière d'Apollinaire. Dès lors il voyage, publie des poèmes (Il y a un Océan, 1936), des romans—dans Le Grand Homme (1929) il s'inspirera de son oncle Louis Renault, un des grands patrons de combat de cette bourgeoisie que depuis son enfance, il vomit — des récits, des essais. En 1940, directeur de la radio à Tunis, il est emprisonné, s’évade, se réfugie aux Etats-Unis, puis en Amérique du sud. Il écrit Ode à Londres bombardée (1944) et rend compte de son expérience carcérale dans Le Temps des Assassins (1945). La guerre finie, après un bref passage à la radio, il est nommé chargé de mission pour l’U.N.E.S.C.O; il ne cessera de voyager et publiera d’autres recueils: Message de l’île déserte (1947), Sans Phrases (1953) où il mêle son émerveillement de voyageur à une ironie amère et douce.
SOUPAULT Philippe. Écrivain français. Né à Chaville (Seine-et-Oise) le 2 août 1897. C’est grâce à Guillaume Apollinaire qu’il entre en relation avec André Breton dont il devient rapidement l’ami. Il publie en 1917 son premier recueil de poèmes, Aquarium, puis fonde en 1919, avec Breton et Aragon, la revue Littérature, titre ironique car, déclare Soupault, « la littérature existe mais dans le cœur des imbéciles ». Cette revue va jouer un rôle important dans la diffusion en France du mouvement Dada. Mais dès 1919 aussi, Philippe Soupault se livre avec André Breton aux premiers essais d’écriture automatique, exploration de la pensée et du langage au niveau de l’inconscient. Les textes ainsi obtenus seront groupés dans Les Champs magnétiques (1920). Philippe Soupault participe à toutes les manifestations dadaïstes, écrit dans la revue Proverbe de Paul Éluard. Mais dès 1921, Breton, Aragon, Éluard rompent avec le dadaïsme. De 1921 à 1923, il y eut selon Aragon une sorte d'interrègne « où l’on ne savait trop quel nom nous donner ». La presse les appelle surréalistes. Philippe Soupault fait partie de ce groupe et appartient même en 1924 au « Bureau des recherches surréalistes ». Mais, au moment où Aragon, Breton, Éluard, Benjamin Péret adhèrent au parti communiste, en 1927, Artaud, Soupault et Vitrac sont exclus du mouvement surréaliste en raison de leur tiédeur politique et parce qu’ils reconnaissent une valeur à l’activité littéraire (Soupault assurait notamment la direction de La Revue européenne ). Philippe Soupault se met à voyager à travers l’Europe et donne des reportages sur les États-Unis, la Russie, l’Allemagne, l’Italie. Ce qui ne l’empêche pas de publier deux courts récits, Le Nègre (1927) et Les Dernières Nuits de Paris (1928), où le surréalisme est toujours présent. De 1938 à 1940, il crée Radio-Tunis, où il s’élève contre le fascisme et le nazisme, ce qui lui vaut d’être interdit d’antenne en 1940. Arrêté, il fait six mois de prison, s’évade et rallie Alger. Il parcourt les deux Amériques avant de regagner la France à la Libération. Chargé de mission par l'UNESCO en 1948, il parcourt le monde. Puis il se consacre à faire mieux connaître la jeune poésie par des émissions radiophoniques. Il convient d'Insister sur l’activité surréaliste de Philippe Soupault. D’abord, parce que trop souvent il semble vivre dans l’ombre d’André Breton alors qu’il possède un talent autonome. Ensuite, parce que le surréalisme a marqué toute son œuvre de son empreinte. Entre 1920 et 1930, il connaît une époque créatrice particulièrement faste. Sur la jeunesse d’après guerre, sur sa sensibilité, ses romans à la fois lyriques et incisifs — Le Bon Apôtre (1923), Les Frères Durandeau (1924), Histoire d’un Blanc (1927) — apportent un précieux témoignage. Son goût pour les voyages, teinté d’ironie, se retrouve dans A la dérive (1923) et Le Voyage d’Horace Pirouette (1925) où se manifeste l’influence de Lautréamont. Mais c’est par la poésie que Philippe Soupault s’est exprimé le plus souvent. Après Aquarium ou se perçoit l’influence d’Apollinaire, de Reverdy, de Cendrars, il conquiert sa voix propre dans Rose des Vents (1920) et surtout avec Georgia (1936). Si dans Westwego (1922) il pouvait encore dire « Je suis allé à Barbizon et j’ai relu les voyages du Capitaine Cook », il doit bientôt faire la dure expérience de la vie comme reporter. Expérience dont portent la trace les poèmes qu’il écrit vers 1930. Veine douloureuse qui transparaît dans Il y a un océan (1936), un an avant la publication de ses Poésies complètes. La poésie de Philippe Soupault va coller encore plus à l’événement quand il écrit en 1942 son Ode à Londres bombardée « pour saluer ceux de mes amis de la BBC qui nous avaient aidés à ne jamais désespérer ». La guerre finie, il s’est mis à écrire des poèmes qu’il appelle des chansons (1949) parce qu’ils empruntaient leur naïveté à une veine populaire mélancolique. Il déclare : « Pour en revenir à l’insolite, il ne faut tout de même pas oublier qu’il y a des gens qui aiment les bulles de savon, d’autres qui les adorent. Je partage leur admiration, leur affection, leur adoration. Les bulles de savon sont merveilleuses. » La plaquette Sans phrases (1953) est suivie d’un long silence. Mais en 1973 paraît un recueil collectif de ses poèmes où se trouve l’équivalent d’une plaquette, Crépuscules, écrite entre 1960 et 1971 où déjà, poignant, apparaît le visage de la mort : « Elle regarde au loin / mais de plus en plus près / comme si elle connaissait celui qui l’attend. » Philippe Soupault prétend n’avoir jamais pris la littérature au sérieux et se moquer de la postérité. On peut supposer cependant que la littérature lui doit beaucoup et que la postérité ne se moquera pas de lui.
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