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souillure

souillure. Les Grecs, comme de nombreux peuples antiques, croyaient que les hommes étaient salis ou souillés soit par contact avec un corps impur, soit pour avoir enfreint une règle religieuse ou commis un crime proscrit par la religion. Les effets de la souillure ressemblaient fréquemment aux conséquences de la colère divine; ainsi, une cité souillée (telle la ville de Thèbes décrite par Sophocle au début d'oedipe Roi) pouvait être frappée de stérilité ou affectée par un fléau. L'origine de la souillure devait être déterminée et éliminée par des cérémonies religieuses de purification. Les dieux exécraient la souillure, et un homme souillé était exclu des temples et de toute manifestation religieuse. L'auteur, même involontaire, d'un parricide ou d'un inceste, tel oedipe, était considéré comme contagieux, pouvant provoquer la souillure par simple contact, et par là-même fui de tous. Dans l'Hippolyte d'Euripide, la déesse Artémis doit abandonner Hippolyte à l'agonie, et dans l'Antigone de Sophocle les dieux refusent les sacrifices humains, leurs autels étant souillés par la dépouille (privée de sépulture) de Polynice. Toute naissance ou toute mort dans un temple était un sacrilège et une profanation. Un décret athénien stipula ainsi que l'île sacrée de Délos devait être préservée de la souillure de toute naissance ou décès, si bien que les tombes durent être enlevées. Les familles confrontées à une naissance ou à un décès devaient être purifiées. La souillure pouvait être provoquée par un acte mineur d'impiété ou par le non-respect d'une règle religieuse, tel que perpétrer un sacrifice avec des mains sales. La principale cause de souillure était le meurtre, qui nécessitait des rites de purification plus ou moins élaborés, pour faire disparaître le sang de la victime dont on estimait que les mains du meurtrier restaient imprégnées. Le sang versé sur un champ de bataille pouvait être éliminé, tout comme le sang d'un traître, par le rituel adapté. En revanche, les Alcméonides étaient encore poursuivis au Ve siècle av. J.-C. pour la souillure contractée lors d'un meurtre particulièrement sacrilège au viie siècle (voir cylon). L'épilepsie et la folie étaient généralement considérées comme le résultat d'une souillure et traitées par des rites purificatoires. Parfois, comme pour marquer un recommencement, des boucs émissaires chargés des souillures de la communauté étaient expulsés de la cité. Après l'expulsion définitive des envahisseurs perses d'Athènes, en 479 av. J.-C. (voir médiques, guerres), tous les foyers de la ville, pollués par la présence perse, furent éteints et rallumés au feu du sanctuaire d'Apollon à Delphes. Rome fut également purifiée après l'expulsion des Tarquins et des Gaulois. La souillure pouvait résulter d'un contact avec un corps impur, un cadavre par exemple; aussi, à Athènes, les jugements pour meurtre avaient toujours lieu en plein air. La naissance et la mort représentaient les souillures naturelles les plus courantes, fuies l'une comme l'autre par les dieux.