sociocritique
sociocritique
Méthode de critique littéraire qui s'intéresse aux idéologies infiltrées dans les textes.
Commentaire La sociocritique s'inscrit en rupture avec la conception idéaliste de l'art. Elle considère la littérature comme un produit social, une construction socioculturelle qui traduit un rapport de classes. Elle explore la substance des textes pour en extraire les données sociologiques et les enjeux idéologiques.
Citation L’enjeu, c’est ce qui est en œuvre dans le texte, soit un rapport au monde. La visée, de montrer que toute création artistique est aussi pratique sociale, et partant, production idéologique [...]. (Claude Duchet, Sociocritique, introduction.)
Sociocritique (ou sociologie de la littérature). Méthode de critique littéraire née au cours des années soixante, issue de la sociologie. Elle apparaît comme une tentative pour expliquer la production, la structure et le fonctionnement du texte littéraire par le contexte historico-social. Elle a en Taine (Philosophie de l’art, 1865) et en Lanson (critique du début du XXe siècle) deux lointains précurseurs. Le premier, centrant ses travaux sur l’émetteur, montre comment le milieu social de l’auteur conditionne l’œuvre, le deuxième, les centrant sur le récepteur, insiste sur le rôle du lecteur dans l’évolution de la littérature.
Le concept de sociocritique, difficile à définir, recourt à des approches théoriques disparates, selon que les critiques se situent dans la mouvance des philosophes marxistes, comme Marx, Engels ou Durkheim, de Hegel ou de sociologues comme Max Weber. Dans la lignée des marxistes, se situent des théoriciens comme Th. W. Adorno et comme P. Macherey. Leur originalité est de souligner la dimension critique de la littérature qui n’est pas nécessairement en adéquation avec les discours idéologiques. Escarpit s’apparente à Max Weber, pour qui les structures culturelles ne sont pas seulement autonomes mais peuvent agir sur les structures sociales et économiques. Weber affirme également qu’il faut séparer les jugements de valeur des jugements de fait. Lukacs et Goldmann se réclament de Hegel à qui ils empruntent la catégorie de totalité. Dans un phénomène particulier se concrétise la problématique d’une époque. Goldmann cherche à dégager une structure qui rende compte de la totalité de l’œuvre, et qui soit elle-même explicable par un rapport à une structure englobante : la vision du monde d’un groupe social. Ainsi explique-t-il la vision des Pensées de Pascal et des tragédies de Racine par leur référence commune à la pensée janséniste et à la position précaire de la noblesse de robe à l’époque de l’absolutisme.
La sociologie du texte est une sociosémiotique car elle utilise des concepts issus à la fois de la sociologie et de la sémiotique. Cette méthode, utilisée notamment par J. Kristeva, cherche à transposer les problèmes sociaux au niveau linguistique, s’attachant à la situation sociolinguistique dans laquelle un texte est produit, car cette situation porte l’empreinte des contradictions historiques et des conflits sociaux.