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Simon V de Montfort (mort en 1265) ; comte de Leicester et sénéchal d'Angleterre

Simon V de Montfort (mort en 1265) ; comte de Leicester et sénéchal d'Angleterre. Troisième fils de Simon IV de Montfort, S. obtient à la mort de celui-ci en 1218, le comté de Leicester en Angleterre que le roi Jean sans Terre a confisqué. Bien accueilli par le roi Henri III, il recouvre définitivement le bien familial en 1231, avec le titre de sénéchal qui lui est attaché. D'abord l'un des grands favoris d'Henri III, il épouse en 1238 une soeur de celui-ci, Aliénor. S. prend la croix et part pour Acre en 1240. De retour en Angleterre, il participe brillamment à la campagne en Guyenne en 1242, et obtient les pleins pouvoirs dans le duché pour sept ans. De 1248 à 1253, il tente de pacifier le duché, mais sa politique dure et arbitraire suscite des plaintes et lui vaut d'être rappelé par Henri III avant la fin de sa commission. Ambitieux mais surtout énergique et fidèle à ses engagements, influencé par les idées de ses amis d'Eglise, le franciscain et professeur à Oxford Adam de Marsh, l'évêque de Lincoln Robert Grossetête qui souhaitent une plus grande indépendance de l'Église anglaise par rapport au roi et à la papauté, il devient tout naturellement le chef du parti aristocratique. Les grands barons veulent faire renvoyer les favoris étrangers du roi et contrôler la nomination des fonctionnaires et la politique royale, changeante et très coûteuse. Le conflit éclate lors de la réunion du Parlement à Oxford en avril 1258, lorsque le roi exige au nom du pape, pour mener une expédition en Sicile, le vote d'un impôt. Les barons se présentent en appareil militaire et obtiennent du roi l'approbation de mesures de réforme (les Provisions d'Oxford) visant à évincer les étrangers de la cour, à instaurer un conseil de quinze personnes élues par le Parlement, des ministres et des shérifs comtaux annuels et la répression des abus des agents du roi. S. négocie dans le même temps la paix de Paris avec le roi de France (déc. 1259), mais celle-ci apporte une forte somme d'argent à Henri III qui contre-attaque en faisant annuler les Provisions d'Oxford par le pape et en levant une armée. Après des défections dans les rangs des barons, S. accepte alors de recourir à l'arbitrage du roi de France Louis IX, qui condamne les réformes entreprises (dit d'Amiens, 24 janv. 1264). C'est le signal de la guerre civile ; les barons, soutenus par les bourgeois de Londres, remportent la victoire de Lewes (14 mai 1264) et capturent le roi. Forcé d'accepter que son fils Edouard se constitue otage, et d'approuver la création d'un triumvirat (S., le comte de Gloucester, l'évêque de Chichester) et d'un conseil de neuf membres ayant tous pouvoirs (Parlement de juin 1264 et dit de Lewes), le roi perd tout moyen d'action et S. dirige de fait le royaume. Il renforce la légitimité des réformes en les faisant approuver en janvier 1265 par un Grand Parlement, où siègent des représentants élus de chaque cité et de chaque comté, préfiguration des assemblées de la fin du xiiie siècle. Mais S. doit faire la guerre contre les Gallois, le prince Edouard s'évade (mai 1265) et une forte armée levée par la reine sur le Continent débarque. La bataille décisive a lieu à Evesham le 3 août 1265 ; S. se bat courageusement mais succombe en même temps que son fils Henri. Pendant une dizaine d'années, il est honoré comme un martyr par le peuple anglais. Rétablissant l'ordre et les structures antérieures à la révolte en quelques mois, Henri III triomphe. Bibliographie : C. Bemont, Simon de Mont-fort, comte de Leicester ; sa vie (120 ?-1265), son rôle politique en France et en Angleterre, 1884, 2e éd., Genève 1976 ; C. Petit-Dutaillis, La Monarchie féodale en France et en Angleterre, xe-xiiie siècles, 1950, p. 366-417.

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