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SILENCE

SILENCE
Ce n’est pas l’absence de bruit qui constitue le silence au regard de la philosophie, mais l’absence ou l’abolition de la parole. Le silence, apanage de la nature, est rompu par la culture, c’est-à-dire.par l’apparition du langage. Il comporte des degrés : du point zéro du langage (silence absolu) au discours philosophique (suppression du silence) en passant par les différentes formes du discours non philosophique. Si le silence renvoie à l’inintelligibilité, certaines conséquences en découlent : par exemple, parler pour ne rien dire est alors un aspect du silence et - à la limite - dans l’hypothèse où le langage serait conçu comme inadéquat au réel, nous serions condamnés à nous taire et à désigner du doigt les objets.
♦ Le silence peut être l’expression paradoxale de ce qu’il y a d’inhumain dans l’homme : d’une part, notamment, le « silence de l’innommable » (Grimaldi) et de l’incommunicable qui caractérise l’aliénation mentale, et, d’autre part, le « silence » de la violence - dont le déroulement est incompatible avec la conscience et la logique - qui fait basculer celui qui s’y livre dans un monde où le langage ne peut plus avoir cours ; le silence devient alors « l’abstention de toute communication avec les autres hommes » (E. Weil).
♦ Mais il y a aussi l’expérience positive d’une certaine qualité de silence non dépourvue de richesse. Au-delà de l’expérience métaphysique du silence générateur éventuel d’angoisse - « le silence des espaces infinis m’effraie » (Pascal) - il convient d’observer l’expérience intérieure enrichissante du silence : lié à la prière, à l’ascétisme et à la solitude, le silence conçu comme l’enveloppe d’une présence cachée, est pour les mystiques, le chemin de la rencontre avec l’Autre et avec Dieu.