SIGNIFIANT / SIGNIFICATION / SIGNIFIÉ
SIGNIFIANT, n.m. (lat. significare « faire un signe », « indiquer »). Depuis Saussure le signe, en linguistique, est décomposé en deux éléments : le signifié, c'est-à-dire le sens, le contenu conceptuel ou intellectuel du signe, et le signifiant, c'est-à-dire l'image acoustique ou graphique. Entre les deux, le lien est conventionnel, et même artificiel. Le terme signifiant est également utilisé par des psychanalystes pour désigner des comportements qui sont des demandes adressées à autrui.
SIGNIFICATION, n.f. (lat. significatio «action de faire des signes»). ♦ 1° Objectivement. a) Fonction des signes : ce que les signes ont pour objet de transmettre (un sens, un message); b) Le contenu des signes : simples, comme les mots ou les gestes, plus complexes, comme les phrases ou les conduites ; c) Ce qu'un fait peut faire connaître, par expérience, association, déduction (les symptômes médicaux). ♦ 2° Subjectivement. Ce que le sujet voit dans les choses, lit dans les textes (la pluie du printemps est promesse de récolte pour l'agriculteur, contrariété pour le promeneur). Il vaudrait mieux, dans ce cas, parler d'interprétation. ♦ 3° Théorie des significations. On appelle sémantique la partie de la linguistique qui s'occupe du sens des mots, par opposition à la phonétique, qui est l’étude des sons. La linguistique philosophique s’est développée en pays anglosaxons, dans la théorie du meaning (Whitehead, Russell, Wittgenstein, Carnap, Austin, Strawson). En France, E. Benveniste s'est attaché à la question dans Problèmes de linguistique générale.
SIGNIFICATION (n. f.) 1. — (Lato) Ce que fait connaître un signe, ce qu’il signifie. 2. — (Sens vulg.) Ce qu’on veut dire quand on parle, quand on emploie un mot ; Syn. sens 17. 3. — Tout ce qui est impliqué dans le fonctionnement du langage en dehors de son aspect purement matériel, c.-à-d. tout ce qu’un signe ling. (ou un ensemble de signes ling.) désigne ou communique, aussi bien un état de fait, une chose, une idée, une représentation qu’une information sur l’état du locuteur, sur le message lui-même ou son code, voire l’action que provoque sur l’auditeur l’émission de certains signes ; cf. l’anglais meaning. 4. — (Ling.) Auj., souv. Syn. de dénotation. 5. — (Ling.) Auj., parf. Syn. de signifié (cet emploi paraît impr., signifié ayant un sens technique très part.). 6. — Caractère d’un fait ou d’une chose résultant de son insertion dans un ensemble plus vaste ; sa fonction, sa fin, ce qu’elle peut faire connaître d’autre par association d’idées, déduction ; Syn. sens 20 ; (en part.) ce que sont les choses pour les différents sujets, ce qu’ils y voient. 7. — Action de signifier au sens d. 8. — Signifier (étym. : latin significare) faire un signe : a) Exprimer, vouloir dire, b) Permettre de prévoir, de déduire, annoncer ; cf. signe au sens 1. c) Être considéré comme, équivaloir à. d) Notifier ou faire connaître dans les formes légales ou en termes exprès : signifier à quelqu’un son congé.
SIGNIFIÉ, n.m. Terme de linguistique introduit par Saussure pour désigner ce que le signe, entendu comme un mot, veut dire. La relation du signifié au signifiant est arbitraire dans chaque langue.
Participe passé substantivé du verbe signifier. En linguistique, concept (ou représentation mentale) auquel renvoie le signifiant.
signe/signifiant/signifié
Signe : élément sonore ou visuel contenant un message. Signifiant : partie mécanique du signe (son, lettres). Signifié : partie représentative du signe (image, sens).
Commentaire La théorie du signe développée par la linguistique et reprise par la nouvelle critique, par la sémiotique, par la philosophie (Roland Barthes, Jacques Derrida, Michel Foucault) a permis, dans les années 1960, d'élaborer une véritable science de la signification. Elle a projeté sur le monde un nouvel éclairage : vaste système peuplé d'indices, l'univers est conçu désormais comme un grimoire dont il faut identifier puis déchiffrer les signes.
Citation On sait que tout message (et l'œuvre littéraire en est un) comprend au moins un plan de l'expression, ou plan des signifiants, et un plan du contenu, ou plan des signifiés ; la jonction de ces deux plans forme le signe (ou l'ensemble des signes). [Roland Barthes, le Bruissement de la langue ; Essais critiques, IV, « l'Analyse rhétorique ».]
signification
Image, idée exprimée au moyen d’un signe écrit, oral ou visuel.
Commentaire Le mot « signification » recouvre les emplois du mot « signifié ». Cependant, dans le cadre de l'analyse traditionnelle où il reste encore souvent utilisé (explication de texte, par exemple), il est spontanément associé à celui d'« interprétation ». En effet, si un message délivre un sens objectif au lecteur, une lecture n'est pas toujours scientifique : dans le processus de décodage, la simple reconnaissance des signes s'accompagne d'autres paramètres. Le temps, le lieu, le contexte psychologique et social dans lequel un message est perçu, la sensibilité et le niveau culturel du lecteur affectent nécessairement la signification du message. De nombreux écrivains ont ainsi souligné l'aspect mouvant et provisoire de la signification des textes. Ils ont montré que l'écriture et la lecture, impliquant la rencontre de deux imaginaires autour d'une plate-forme commune qui est le texte, se conjuguent pour empêcher toute signification objective. Le sens n'est jamais une donnée ferme et définitive : il est en perpétuelle reconstruction et échappe à l'auteur du message lui-même.
Citations Tout texte littéraire est riche d'une pluralité de significations ; tout texte littéraire est — c'est sa définition même — polysémique. (Jacqueline Risset, l'Anagramme du désir.) C'est surtout dans le tissu du texte que l'on trouve les marques et les signes de l'histoire. En interrogeant les représentations explicites ou implicites que l'écrivain donne de la réalité historique et sociale, l'on peut mettre en évidence une signification de l'œuvre, dont l'écrivain lui-même pouvait ne pas avoir conscience. (B.O. spécial, n° 1, 5 février 1987, programme, des classes de seconde.)
signification, ce qui marque clairement un sens. — La phénoménologie se définit comme une description des significations, indépendante de tout jugement d'existence. Par exemple, on analyse le sens d'une religion indépendamment de toute prise de position à l'égard de sa valeur ou de l'existence du Dieu qu'elle honore. De ce point de vue, le principe de la phénoménologie comme analyse des significations est de tout comprendre et de ne jamais juger; une telle attitude implique l'« épochè », c'est-à-dire le doute. La notion de pure signification s'oppose donc à celle d'existence.
Signifiant Participe présent du verbe signifier. En linguistique, manifestation matérielle du signe (forme phonique ou graphique du mot), par opposition au signifié, dont elle est le support. • D'après Ferdinand de Saussure, le lien qui unit le signifiant au signifié à l'intérieur du signe est conventionnel, ou arbitraire.
SIGNE ♦ Perception déterminant une information qui concerne quelque chose de non directement perçu ou perceptible (par exemple, la sirène comme signe d’incendie). ♦ Geste ou attitude communiquant un désir ou un ordre (faire signe de venir) ou, plus généralement, un état affectif (un signe amical). ♦ Liaison entre une signification et un élément (phonique ou graphique) de communication. Exemple : l’image ou le nom par rapport à l’objet désigné. On peut distinguer les signes naturels (le rapport à la chose signifiée dépend des seules lois de la nature : la fumée comme signe du feu) des signes artificiels ou conventionnels. SIGNIFIANT Désigne en linguistique, depuis F. de Saussure, la forme phonique (sensible) ou « image acoustique » du signe linguistique. SIGNIFICATION Sens lié à un signe ou groupe de signes particuliers, que ces derniers soient naturels ou artificiels. SIGNIFIÉ Terme introduit en linguistique par F. de Saussure pour désigner, dans son alliance avec le signifiant, ce que l’on nomme traditionnellement le concept tel qu’il est énoncé par le signe ou mot. La relation du signifié au signifiant est arbitraire dans chaque langue.
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- signifiant.