SIGNAL / SIGNE
SIGNAL. n.m. (lat. signum « signe », « marque »). Signe conventionnel, donné dans l'intention d'avertir, et d'obtenir une réponse (signal d'alarme, signal de départ). En psychologie expérimentale, bruit, geste, présentation d'un objet, qui, à la suite d'un apprentissage, déclenche une conduite. Par rapport au signe, qui demande à être interprété, le signal est univoque : il commande la réaction. Il suffit que la convention soit connue, ou que l’apprentissage soit acquis, pour obtenir la conduite souhaitée.
SIGNE. n.m. (lat. signum « signe », « marque »). ♦ 1° Un signe est une donnée actuelle, qui permet de reconnaître, de pressentir ou de deviner autre chose. Ex. : les signes d'une maladie ; la fumée, signe du feu. ♦ 2° Moyen de communication et d'expression, a) Geste ou figure tracée traduisant un désir, un ordre, une information (agiter la main en signe d'adieu, désigner la porte du doigt, pictogrammes dans les magasins, les métros, les gares, interdisant les chiens, indiquant les sorties), b) Les mots du langage, qui traduisent des pensées, des relations logiques, des concepts. Les signes sont naturels (la fumée) ou conventionnels (les sirènes, les mots du langage), émotionnels (cris, larmes) ou conceptuels (langage écrit et parlé) ; en mathématiques, ils sont propres quand ils désignent une valeur positive ou négative (+2, -2), ou opérationnels quand ils désignent une opération à effectuer. — Signes locaux. Qualité particulière des sensations permettant leur localisation dans l'espace (analyses de Lotze, Helmoltz, Wundt).
signal, élément sensoriel associé à un objet ou à une situation. Un son, une lumière, une image peuvent devenir, pour des animaux conditionnés à ces stimuli, des signaux annonciateurs de nourriture ou de choc électrique. L’animal ne connaît que des signaux. Par exemple, la projection d’une ombre sur un mollusque déclenche une réaction de retrait chez celui-ci ; la vue du thorax coloré du rouge-gorge entraîne une réaction agressive chez le mâle de cette espèce. Dans tous les cas, il s’agit de stimuli spécifiques, porteurs d’un certain message grâce auquel l’animal adapte son comportement à sa réalité. Dans les relations interhumaines, et singulièrement dans le couple mère-enfant, il existe des échanges constants de signaux du climat affectif, dont certains échappent même à la conscience des individus.
signe, élément sensible permettant de connaître ou de reconnaître quelque chose. À la différence du signal, qui s’adresse au réflexe et à l’inconscient, le signe fait appel à l’intelligence. Le hochement de tête, qui d’ordinaire accompagne l’approbation, est un signe, au même titre que la mimique émotionnelle ou le symbole mathématique.
Le signe exprime une idée ou un sentiment, mais il suppose, pour être intelligible, une entente (tacite ou explicite) entre individus. C’est un élément de transmission d’une communication susceptible de prendre plusieurs significations et de n’avoir aucun lien logique avec ce qu’il représente. Les frontières entre les signes, les signaux et les indices ne sont pas fermement établies. Le même élément peut être, successivement, indice, signal et signe. Par exemple, la fumée est l’indice naturel du feu, mais ce feu est lui-même le signal d’un événement (fête de la Saint-Jean...), tandis que les jets rythmés de fumée que les Indiens d’Amérique du Nord utilisaient pour communiquer entre eux étaient des signes codifiés.
Signe
Ou latin signum, « marque distinctive », « signe ». - Tout élément sensible renvoyant à un élément non sensible (exemple : le signe « + », qui indique l’addition). - En linguistique (signe linguistique), entité double formée par la combinaison du signifiant et du signifié. • Le linguiste Ferdinand de Saussure définit la langue comme « un système de signes exprimant des idées ».
Signe. Au sens générique, élément utilisé comme substitut d’un autre élément auquel il est attaché par des liens naturels ou arbitraires. Le signe, s’il constitue un instrument indispensable dans la communication entre hommes, a fondamentalement une fonction cognitive, puisqu’il permet de connaître le monde sans avoir à agir directement sur lui. Différentes catégories de signes peuvent être définies, selon les liens qu’ils entretiennent avec ce à quoi ils renvoient aussi bien qu’à leur producteur ou leur récepteur. Si c’est le renvoi au monde qui domine, on est dans le domaine des signes iconiques, liés par une relation de ressemblance plus ou moins nette à leur référent, comme dans le jeu symbolique, les signes théâtraux, le portrait, etc. Dans la famille de l’indice, le substitut repose sur une relation objective avec ce à quoi il renvoie, comme la fumée indice du feu, la fièvre indice de la maladie.
Si c’est le renvoi au sujet producteur qui domine, on a affaire à la famille du symbole, qui est un substitut associé à des affects et réactions subjectives particulières. Ainsi la figure du gouffre chez Baudelaire constitue un symbole associé à l’angoisse. Si c’est l’insertion du signe dans un circuit de communication qui l’emporte, on est devant le signe au sens restreint, c’est-à-dire un substitut fondé sur un lien conventionnel, résultat d’une convention implicite ou explicite entre les individus. Le signe linguistique est un cas particulier de signe au sens restreint. Par rapport à son référent, et en dehors de quelques cas d’iconicité, comme pour les onomatopées, il est entièrement arbitraire, comme le prouve l’existence de différentes façons, y compris dans une même langue, pour le désigner : douceur, gentillesse, mildness, etc. Le signe linguistique est une unité complexe à double face, l’une étant le signifiant, formel, l’autre le signifié, sémantique. Le signifié comprend un certain nombre de traits abstraits des propriétés du référent. Il permet donc d’organiser la réalité. En même temps, les signes comportent des traits qui expriment leur position dans le système de la langue par rapport aux autres signes auxquels ils sont associés, en particulier les signes synonymes, homonymes, antonymes, etc. Un signe se définit ainsi à la fois par son référent et par ce que le logicien américain Peice appelait ses interprétants, c’est-à-dire la série indéfinie d’autres signes avec lesquels il est susceptible d’entrer en relation.
SIGNAL (n m.) 1. — (Lato) Signe (geste, symbole) qui sert d’avertissement et déclenche une certaine conduite (donner le signal du départ). 2. — (Ling.) Signe défini et utilisé par rapport à d’autres en fonction de ses seuls caractères distinctifs (cf. Prieto) : « Le discours est un signal et non une expression de la pensée » (Ducrot).
SIGNE (n. m.) 1. — (Ant.) Pour les stoïciens, perception actuelle justifiant, d’une manière plus ou moins sûre, une assertion relative à quelque autre chose : la pâleur est signe de grossesse chez la femme. 2. — Ce qui permet de deviner ou de prévoir, de connaître ou de reconnaître quelque chose, tout ce qui fait penser immédiatement à autre chose que soi : « Le signe est une certaine intuition immédiate représentant un tout autre contenu que celui qu'elle détient pour soi » (Hegel). 3. — (Class.) Élément sonore, graphique, gestuel, etc., capable d’éveiller dans l’esprit humain une idée qui n’est pas sa représentation ; Condillac nomme signe accidentel l’être qui éveille par hasard une idée quoique de façon régulière ; signe naturel, celui qui est lié à une idée par ressemblance ou par une liaison organique ; signe artificiel, celui qui assume cette fonction par institution humaine ; les deux derniers sont susceptibles d’être utilisés à volonté pour communiquer avec autrui. 4. — Élément d’un système permettant la communication (en gén. humaine) ; Saussure a fait remarquer que le signe se compose de deux éléments indissociables : le signifiant, qui est son aspect matériel (la matière sonore et les lois qui l’organisent) et le signifié, son aspect conceptuel, sa façon spécifique, déterminée par le système ling., de désigner la réalité. Rem. : terme vague employé comme terme générique de tous les phénomènes de signification (d’où Syn. : marque, indice, symptôme, signal, symbole).
SIGNIFIANT (n. m. / Ling.) Nom donné par Saussure à l’aspect matériel du signe ling. : « Le signe ling. unit non une chose et un nom, mais un concept et une image acoustique. Cette dernière n’est pas le son naturel, chose purement physique, mais l’empreinte psycho. de ce son, la représentation que nous en donne le témoignage de nos sens [...]. Nous proposons de conserver le mot signe pour désigner le total et de remplacer concept et image acoustique respectivement par signifié et signifiant. »
SIGNIFIE (n. m. / Ling.) Nom donné par Saussure à l’aspect conceptuel du signe ling. ; parf. opposé à signification : « On appellera significations les messages dont le signal peut être chargé [...], et le mot signifié sera restreint aux renseignements directement apportés par le signal et qui servent à repérer le message » (Ducrot) ; opposé à signifiant.
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