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SIBYLLE

SIBYLLE. Nom d’une prêtresse vivant à Marpessos, près de Troie; elle s’était consacrée au culte d’Apollon, qui lui avait donné le pouvoir de prophétie. Elle rendait ses oracles sous la forme d’énigmes et les inscrivait sur des feuilles. Son renom fut tel, qu’on en vint à utiliser son nom comme appellation pour les prêtresses d’Apollon, et nombre de lieux revendiquaient la présence d’une sibylle. Les plus connues étaient celles d’Erythrae, de Libye et de Cumes. Apollon avait une fois offert à Démophilé, la sibylle de Cumes, ce qu’elle voudrait en échange de son amour. Elle accepta le cadeau et demanda autant d’années de vie qu’un tas de poussière contenait de grains ; et il y avait mille grains. Malheureusement, elle avait omis de demander aussi la jeunesse perpétuelle, et, ayant par la suite refusé son amour au dieu, elle devint de plus en plus vieille. Finalement elle resta suspendue dans une bouteille au plafond de sa cave, toute recroquevillée, et lorsque des enfants lui demandaient ce qu’elle désirait, elle disait simplement : je veux mourir. Virgile décrit la descente d’Enée aux Enfers accompagné de la sibylle de Cumes; elle lui avait montré où cueillir le rameau d’or, dans les bois sur les bords du lac Averne, rameau qui devait lui permettre de pénétrer dans le royaume d’Hadès. Elle se rendit aussi auprès de Tarquin le Superbe, le dernier roi de Rome, avec neuf livres d’orades, et lui en demanda une énorme somme. Il se moqua d’elle et la renvoya; elle brûla trois des livres, et lui offrit les six restants pour la même somme. Tarquin refusant toujours de payer, elle en brûla de nouveau trois, et lui offrit les trois derniers, toujours au même prix. Cette fois-ci Tarquin consulta un .conseil de prêtres, les Augures, qui déplorèrent la perte des six livres et lui conseillèrent d’acheter ceux qui restaient. Ces livres étaient traditionnellement identifiés aux Livres sibyllins, oracles qui avaient été longtemps conservés dans le temple de Jupiter Capitolin et que l’on consultait dans les circonstances critiques. Ils furent détruits dans l’incendie du temple.




SIBYLLIN, adj. (de Sibylle, femme inspirée qui prédisait l’avenir, dans l’Antiquité). Relatif aux sibylles : des oracles sibyllins. Mais ces oracles étaient souvent formulés de façon énigmatique, d’où le sens courant : mystérieux, hermétique. Des propos sibyllins. Des remarques sibyllines, que seuls les initiés peuvent comprendre.


sibylle (sibylla). Nom générique donné par les Anciens à diverses prophé-tesses grecques et romaines, qui avaient parfois en outre des noms individuels. Ainsi la plus ancienne sibylle connue dans la légende s'appelle Hérophile : elle fait une prophétie à la reine Hé-cube avant la guerre de Troie. On l'appelle aussi la sibylle d'Érythrée, sa patrie (qui est peut-être la cité de ce nom sur la côte d'Asie Mineure, en face de Chios). Lorsqu'elles prophétisent, les sibylles sont dans un état d'extase, on les croit possédées d'un dieu, généralement Apollon, qui parle par leur bouche (comparer avec la Pythie de Delphes). Leurs paroles sont enregistrées par écrit, et les cités composent des recueils de ce qu'on considère comme leurs prophéties ; à Athènes, on conservait sur l'Acropole de tels recueils d'oracles. La plus fameuse de ces prophé-tesses est la sibylle de Cumes en Campanie (qu'on identifie parfois avec la sibylle d'Érythrée), à qui Énée rend visite dans l'Énéide de Virgile. La caverne où elle vivait se visite encore aujourd'hui. Ses prophéties, dit-on, avaient été écrites sur des feuilles de palmier. Selon la légende, elle offrit à Tarquin le Superbe, dernier roi de Rome, de lui vendre, à très haut prix, neuf volumes d'oracles. Devant son refus, elle brûla trois volumes, puis lui offrit les six restants sans baisser son prix ; il refusa ; elle en brûla encore trois, et finalement lui vendit les trois derniers au prix demandé pour les neuf. Le roi, dit-on, confia la garde de ces Livres sibyllins, libri sibyllini, à deux patriciens. De quelque façon qu'ils aient été acquis, il est certain qu'il existait à Rome, à haute époque, des livres d'oracles, qu'on consultait non seulement pour obtenir des lumières sur l'avenir, mais aussi pour apprendre comment apaiser la colère divine dans les grandes calamités, telles que tremblements de terre ou épidémies. Ces livres étaient conservés dans un coffre placé sous une voûte de pierre, dans le temple de Jupiter Capitolin. En 496 av. J.-C., consultés lors d'une famine, les livres recommandèrent l'institution d'un culte à Liber, à Libera et à Cérès. En 461, après qu'on eut observé plusieurs prodiges inquiétants, ils prescrivirent certains rituels et annoncèrent des malheurs. En 433, au cours d'une épidémie, l'interprétation qu'on donna à leur réponse fut qu'ils recommandaient la fondation d'un temple à Apollon. En 367, on augmenta le nombre de leur gardiens, qui passa à dix (dont la moitié de plébéiens), puis, dans la première moitié du Ier siècle av. J.-C., à quinze, les quindecimviri sa-cris faciundis, chargés de consulter les livres quand le Sénat le leur ordonnait. Lorsque, en 83 av. J.-C., les oracles furent détruits dans l'incendie du temple, on envoya des ambassadeurs en divers endroits pour rassembler une nouvelle collection d'oracles de ce genre, que par la suite Auguste déposa au temple d'Apollon sur le Palatin. À notre connaissance, les Livres sibyllins furent consultés pour la dernière fois en 363 apr. J.-C. La collection était toujours déposée dans le temple lorsque, au début du Ve siècle, celui-ci fut détruit par Stilichon, général des empereurs Théodose Ier et Honorius. Les oracles sibyllins qui nous sont parvenus sont d'origine judéo-hellénistique et chrétienne : quatorze livres d'oracles mélangés. En raison des interpolations chrétiennes qui avaient été introduites dans les recueils, les sibylles en vinrent à être considérées comme pro-phétesses du Christ, à l'égal des prophètes de l'Ancien Testament; la littérature et l'art chrétiens les représentent souvent côte à côte; ainsi le Dies irae : teste David cum Sibylla, «comme en témoignent David et la Sibylle»; les sibylles figurent notamment au plafond de la chapelle Sixtine. Selon une histoire célèbre, Apollon offrit à la sibylle de Cumes tout ce qu'elle pourrait désirer, si elle consentait à le prendre pour amant. Elle demanda à vivre autant d'années qu'il y avait de grains dans une poignée de sable, et il y en avait des milliers, mais elle oublia de demander une étemelle jeunesse. Trimalchion, personnage du Satyricon de Pétrone (48), prétendait l'avoir vue de ses yeux : toute ratatinée, elle était pendue au plafond de sa caverne, à l'intérieur d'une bouteille, et quand des enfants lui demandaient «Sibylle, que veux-tu?», elle répondait : «je veux mourir». Au temps du voyageur grec Pausanias (IIe s. apr. J.-C.), on montrait à Cumes une jarre qui, disait-on, contenait ses ossements.


SIBYLLE. Dans l'Antiquité, femme inspirée par les dieux qui prédisait l'avenir. Les trois plus célèbres sibylles furent celles de Delphes, d'Érythée et de Cumes. Voir Pythie.

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