Sermocination
La sermocination est une figure macrostructurale. C’est une variété de prosopopée. On peut dire que celle-ci apparaît sous la forme de la sermocination lorsqu’elle est mise en scène, dans le discours narratif, de telle sorte qu’un locuteur présente expressément les propos qu’il rapporte comme tenus par une personne morte ou absente, ou par un animal ou un inanimé ou une abstraction.
On verra donc une sorte de double jeu, malicieusement élaboré, dans cet extrait de La Fontaine (« Les Obsèques de la Lionne ») :
Le Cerf reprit alors : « Sire, le temps de pleurs Est passé; la douleur est ici superflue. Votre digne moitié, couchée entre des fleurs, Tout près d’ici m’est apparue; Et je l’ai d’abord reconnue. «Ami, m’a-t-elle dit, garde que ce convoi « Quand je vais chez les Dieux, ne t’oblige à des larmes. «Aux Champs Élysiens j’ai goûté mille charmes, « Conversant avec ceux qui sont saints comme moi. « Laisse agir quelque temps le désespoir du Roi : « J’y prends plaisir. » À peine eut-on ouï la chose, Qu’on se mit à crier : «Miracle! Apothéose!»
C’est le discours de la reine Lionne morte qui est présenté explicitement par le Cerf comme tenu par une énonciatrice appartenant au monde étranger au commerce de la parole, en tant que signe de la sanctification de la défunte. On a donc une exacte sermocination.
=> Figure, macrostructurale; personnification, allocution, prosopopée.