serment
Le serment définit une des preuves extra-techniques, spécialement dans le genre judiciaire. Aristote distingue plusieurs comportements possibles à cet égard : ou bien l'on défère le serment à l’adversaire ; ou l'on accepte de prêter serment; ou l'on ne fait ni l’un ni l'autre; ou l'on fait l’un et point l'autre : alors on défère le serment sans accepter de le prêter, ou on accepte de le prêter sans le déférer. Une autre distinction peut encore être faite : le serment a déjà été prêté ou par le plaideur ou par son adversaire. Quand on ne défère pas le serment, c’est parce que les parjures sont fréquents, que l’adversaire qui a juré est plus fort, que les juges le condamneront plus facilement s’il ne jure point, et qu’il vaut mieux faire voir la confiance prioritaire que l’on met dans les juges seuls. Pour refuser de le prêter, on invoque l’argument de la malhonnêteté et de la vertu : seuls les malhonnêtes jurent à tout bout de champ, et il est plus vertueux de ne pas chercher à gagner par un tel moyen. Si on accepte de le prêter, on signalera que c’est là un signe incomparable de confiance en sa propre bonne foi, de la même façon que les juges prêtent serment avant de se prononcer. Quand on le défère, on fait remarquer avec avantage que l’on a le beau rôle de s’en remettre, par l’intermédiaire de la parole de l’adversaire, au jugement des dieux. S’il arrive qu’il y ait contradiction entre deux déclarations sous serment, on se défend en disant que la plus ancienne a été obtenue par la violence ou par la ruse, et que donc il n’y a point de parjure dans l’esprit, mais seulement dans l’apparence des paroles dites ; si c’est l’adversaire qui se contredit de la sorte, il est encore plus facile de l’accabler en affirmant que c’est un bouleversement total des relations humaines que de ne pas respecter ses serments. On peut rappeler en conclusion la définition traditionnelle du serment : une affirmation indémontrable mise sous le couvert de la divinité. Il est remarquable que les grands rhétoriciens antiques soient si réservés sur cet usage. Leur attitude correspond à l’ampleur et à la valeur transculturelles de la rhétorique : l’expression du serment constitue l’un des tours de soulignement les plus rémanents dans toutes les pratiques oratoires. C’est donc, en outre, un véritable lieu. La radicalité des analyses d’Aristote (et de Quintilien) sur le sujet relève en un sens d’un positivisme linguistique absolu (et complètement laïcisé). Cependant, avec cette preuve extratechnique-là précisément, on touche un point sensible : l’articulation et la signification des relations entre ce qui est proprement, intérieurement, rhétorique, et ce qui en conditionne le référent mondain ou anthropologique. La rhétorique est donc un tissu de rencontres.
=> Preuve; oratoire, genre, judiciaire; lieu.
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- Tassilon III de Bavièrevers 742 - vers 794Neveu de Pépin et cousin de Charlemagne, duc de Bavière, de la mort de son père, en 748,jusqu'en 788, il entra à quinze ans dans la vassalité de Pépin, auquel il prêta serment àCompiègne, vers 757.
- Léopold III de Saxe-Cobourg Gotha1901-1983Fils aîné du roi Albert Ier et la reine Elisabeth, il succède à son père ; le 23 février 1934 il prêtele serment constitutionnel devant l'Assemblée réunie à Bruxelles.