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SENTIMENT

SENTIMENT (lat. "sentire", "sentir")
Gén. Soit action de sentir, soit ce qui est senti.

Phi. Etat affectif, le sentiment par opp. à la connaissance est source d'émotions. Ainsi Malebranche établit avec netteté la différence qui existe « entre la lumière de nos idées et l'obscurité de nos sentiments », et donne à cette distinction sa couleur philosophique. Par son immédiateté, le sentiment s'oppose au raisonnement. S'il peut alors être conçu paradoxalement comme une forme de connaissance, ce sera pour désigner un savoir donné sans médiation, sans analyse ni justification autre que cette impression même dont le caractère vague n'implique pas nécessairement la faiblesse de notre conviction. Ainsi, pour Pascal, le coeur sent ce que la raison est impuissante à prouver. C'est pourquoi Hegel définira le sentiment comme l'élément même du religieux.

Mor. Inclination altruiste, préréflexive et spontanée, par opp. à l'égoïsme qui procède d'un calcul de la raison. On appelle morale du sentiment des doctrines comme celle de Rousseau ou d'Adam Smith qui considèrent que les distinctions morales du bien et du mal ne sont pas connues par la raison, ou acquises par réflexion, mais dérivent des sentiments immédiats de plaisir ou de douleur communs à tous les êtres vivants.
Sentiments La notion de «sentiment» au sens d'émotion n'est pas vraiment utilisée en philosophie. Nous l'avons donc entendue ici comme l'équivalent de «passion, notion beaucoup plus «philosophique».
sentiment, état affectif complexe, combinaison d’éléments émotifs et imaginatifs, plus ou moins clair, stable, qui persiste en l’absence de tout stimulus.
Les causes de ce phénomène, plus durable que l’émotion et moins violent que la passion, peuvent être d’ordre intellectuel, moral ou affectif : les sentiments esthétiques et religieux, la sympathie, l’admiration, le ressentiment, l’orgueil la honte, etc., répondent à cette définition. Ce sont des phénomènes psychiques conscients qui colorent affectivement nos perceptions et influencent nos conduites.
Les sentiments sont liés aux tendances profondes de l’individu, à ses pulsions, à ses désirs satisfaits ou frustrés. Les psychanalystes parlent (d’une façon impropre, car les sentiments sont des états conscients) de sentiments inconscients de culpabilité, d’agressivité, d’infériorité, etc. Il s’agit de réactions émotionnelles subconscientes, auxquelles l’individu ne permet pas de s’exprimer librement et qui se manifestent par des mécanismes substitutifs comme la dépression (à la place de la colère) ou d’autres symptômes névrotiques et psychosomatiques.
sentiment, tout ce que nous ressentons, en particulier les émotions de faible intensité et les passions, ainsi que les inclinations générales de l'homme (sentiment moral, admiration). — Une « morale du sentiment », fondée sur la pitié (Schopenhauer), l'inspiration du cœur (Rousseau), la sympathie (Scheler), l'amour (Bergson), s'oppose à une morale rationnelle ou « formelle » (comme celle de Kant), qui préconise d'agir « par principes », quel que soit notre sentiment (on prêtera assistance à autrui par devoir et non par pitié; la décision en sera plus ferme et n'humiliera jamais la personne humaine). Une morale du sentiment ne peut être vraiment universelle. Le problème philosophique du sentiment est de savoir si le sentiment peut être un moyen réel de connaissance : on distinguera, à cet égard, les réalités naturelles, qui n'appellent pas le sentiment, mais la connaissance objective, procédant à un travail de « mesure », et les réalités humaines, où le sentiment peut être un instrument valable pour une connaissance universelle; ce n'est qu'à partir de lui-même et de son sentiment que l'ethnologue peut comprendre réellement (ce qui est différent de connaître théoriquement) les mœurs des Indiens d'Amérique du Sud (Lévi-Strauss).
SENTIMENT, n. m. 1° Connaissance plus ou moins intuitive ; sens intellectuel ; jugement sur une question. Exprimer son sentiment sur une affaire. Avoir le sentiment d'être mal compris.
2° État d’âme durable éprouvé en tant que tel (sentiment religieux, sentiment de mélancolie) ou tourné vers quelqu’un (le sentiment amoureux ; un sentiment de haine). Le domaine du sentiment est souvent opposé d’une part à la raison, à la réflexion (se laisser guider par le sentiment, non par le devoir), d’autre part à l’action (l'excès de sentiment paralyse la capacité d'agir).
 
Sentiment

Du latin sentire, « percevoir par les sens », « sentir », « juger ».

- Autrefois, affection de l’âme par les sens (synonyme de sensation). - Aujourd’hui, état affectif relativement stable et durable lié à des représentations ou à des émotions (exemple : des sentiments de tendresse, de mépris, etc.).

• Le sentiment se distingue de l'émotion par sa plus grande stabilité, et de la passion par sa moindre influence sur la vie de l'esprit.
• On appelle « morales du sentiment » les doctrines qui, à l'instar de celles de Rousseau ou d'Adam Smith, font du sentiment (et non de la raison) le critère du bien et du mal.
SENTIMENT. Jung considère le sentiment comme un facteur essentiel de la prise de conscience — en effet « le phénomène psychique ne peut être saisi dans sa totalité par l’intellect, car il consiste non seulement en signification mais aussi en valeur » — et il affronte la psychologie au paradoxe d’une science capable de suivre le sentiment : « il semblerait qu’on puisse mener toute science avec l’intellect seul, à l’exception de la psychologie, autrement le modèle que nous essayons de construire sera incomplet ».
Le sentiment est défini comme « contenu de la fonction affective » et comme « fonction de valeur » . L’unité de ces deux définitions réside dans le fait que la valeur soit conçue par Jung comme un phénomène d’intensité. Celle-ci a son origine ultime dans les organisations archétypiques de la libido, elle saisit le conscient sous forme d’affects, et se transforme en valeur dans la mesure où elle est reprise dans un jugement par un sujet individuel ou collectif. Le sentiment est ce jugement. Il a pour forme élémentaire l’acceptation et le refus. Il est passif quand il se contente d’avaliser soit l’affect, soit des valeurs collectives. II devient actif quand il a le Moi pour principe. Il est alors une fonction éthique — ce qui est le contraire d’un conformisme. C’est également la tonalité de sentiment qui fait le symbole. A ce double titre, le sentiment est intimement lié à la formation du Moi. (Voir aussi : Affect, Anima, Animus, Moi.)
SENTIMENT (n. m.) 1. — État affectif en gén., par opposition à la connaissance. Rem. : les class. ne distinguent pas le sentiment et la sensation, qui concernent tous deux l’affection de l’âme par les sens. 2. — Disposition affective ; (en part.) tendresse, inclination. 3. — Connaissance immédiate et non intellectuelle : « J’ai un sentiment clair de ma liberté » (Bossuet) ; le sentiment de l’honneur, du devoir ; (par ext.) Syn. conscience; perdre le sentiment, Syn. s’évanouir. 4. — Jugement, avis : donner son sentiment sur une question ; Syn. sens (au sens 12). 5. — Sentimental : a) Qui éprouve facilement du sentiment aux sens 1 ou 2. b) (Par ext.) Qui concerne le sentiment , qui est propice au sentiment.


SENTIMENT 1. Sens communs (non philosophiques) : - connaissance immédiate mais souvent vague (j'ai le sentiment que les choses vont mal se passer) ; - avis (donner son sentiment sur une question). 2. Sens philosophiques désignant un état affectif : - le sentiment : synonyme d'affectivité . Sens désormais hors d’usage ; - un sentiment : une disposition affective durable dont les causes ne sont pas organiques (comme dans une sensation) mais psychiques (l'amitié est un sentiment).


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