SENSATION
SENSATION, n.f. (lat. sènsus « action de s'apercevoir », « sensation », « intelligence »). ♦ 1° État de conscience qui résulte immédiatement de l'excitation de nos sens par un agent extérieur, sans qu'intervienne la moindre notion qui permette de l'interpréter. Nous définissons ici la sensation pure, que nous sommes incapables d'expérimenter et que nous ne pouvons qu'imaginer car nos sensations sont toujours intégrées dans nos perceptions. ♦ 2° Les sensations dont nous pouvons parler comme données de la conscience sont les impressions que nous recevons actuellement de nos organes des sens (bruits, odeurs, lumière, contacts) ou de l'état de notre organisme (froid, faim, bien-être, etc.) ♦ 3° On appelle aussi sensation la donnée sensible (le chaud, le dur). La sensation comporte un élément représentatif. Elle nous fait connaître une qualité spécifique dont nous n'aurions pas connaissance si nous étions privés de l'usage de l'organe correspondant. Et un élément affectif : elle est agréable ou désagréable. Les sensations d'origine interne sont très affectives et très peu représentatives. Condillac {Traité des sensations) a cru pouvoir expliquer la formation de tous nos états de conscience à partir de la seule sensation.
sensation, impression sensorielle. Au xviiie siècle, les sensualistes Condillac) soutenaient que toute connaissance provient des sens : d'abord, il y a la sensation pure, phénomène psychique élémentaire dû à la stimulation d’un organe récepteur, puis la perception, prise de conscience accompagnant l'excitation cérébrale, à partir de laquelle s'élabore la connaissance. Actuellement, cette thèse n'est plus admise par les psychologues, qui nient la possibilité d'une sensation détachée de toute représentation, de toute interprétation: ils considèrent que la sensation pure correspond à une abstraction et qu'il n'y a que des perceptions et un champ perceptif. Cependant, les psychophysiologistes ont montré, après J. Müller, que la sensation est essentiellement un processus biologique, une réaction spécifique de l'appareil récepteur aux stimulations du milieu (« loi de l’énergie spécifique des nerfs »). Cette réponse physiologique dépend directement de l'organe sensoriel et, seulement de façon indirecte, de l’excitant la rétine, normalement excitée par la lumière, donne justement cette sensation ; mais un courant électrique produit le même effet. La sensation, qui dépend plus de l'appareil nerveux que de la nature du stimulus, est plus une réaction biologique qu’une connaissance. Elle obéit aux lois générales du système nerveux (loi du tout ou rien : la sensation se manifeste brusquement lorsque l’excitation atteint un certain seuil d’intensité) et joue le rôle de fonction protectrice, adaptative, de l’être vivant à son milieu psychochimique. Les psychophysiologistes ont vérifié que la loi de G.T. Fechner (« la sensation croît comme le logarithme de l’excitation », c’est-à-dire beaucoup plus lentement que celle-ci) se retrouve au niveau du tissu nerveux. En fixant des électrodes extrêmement fines sur un nerf pouvant être stimulé électriquement, ils ont constaté que, lorsque l’intensité du courant augmente selon une progression géométrique, les influx nerveux (trains d’ondes de potentiel électrique des fibres nerveuses) se suivent à un rythme dont la fréquence croît en progression arithmétique : l’organisme réagit donc aux variations du milieu en les atténuant. D’autre part, l’appareil sensoriel comporte, outre les récepteurs et leurs fibres nerveuses afférentes, qui conduisent les messages des sens jusqu’au cortex cérébral, un système de régulation efférent, grâce auquel l’intensité des sensations est contrôlée. Ainsi, en présence d’un bruit intolérable (réacteur d’avion, sirène de bateau...), il se produit une contraction des muscles de l’oreille moyenne, ce qui a pour effet de diminuer les possibilités de vibration du tympan et donc de réduire les risques de lésion auditive. Réaction biologique indissolublement liée au psychisme, la sensation a pour fonction essentielle de nous faire connaître le monde extérieur et de nous maintenir vigilants. En effet, l’absence ou la réduction des sensations entraînent le sommeil.
Sensation
Du latin sensatio, « fait de sentir ou de comprendre ».
Fait de conscience élémentaire provoqué par l’excitation d’un organe sensoriel.
• Contrairement à la perception, la sensation n'est pas nécessairement rapportée à un objet. Je peux entendre des sons (sensations auditives) sans savoir de quel instrument de musique ils proviennent. • Pour le sensualiste Condillac, « les sensations ne sont pas les qualités mêmes des objets ; elles ne sont que des modifications de notre âme ».
Sensations
L’exploration du domaine des sensations, c’est-à-dire des impressions des sens, s’est développée avec la curiosité pour ce qui est de nature subjective (cf. Sensibilité). Elle est exceptionnelle avant le XVIIIe siècle : Montaigne, Essais, II, 6 (chute de cheval); II, 12 (vertige). Rousseau en révèle les ressources : Julie ou la Nouvelle Héloïse, I, 23; Les Confessions; Les Rêveries du promeneur solitaire, V. Depuis, la notation de sensations neuves, modes de communion authentique avec le monde, est devenue l’une des vocations de la littérature : Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe ; Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Petits poèmes en prose; Rimbaud, Une saison en enfer (Délires II), Illuminations; Verlaine, Poèmes saturniens, Romances sans paroles; Gide, Les Nourritures terrestres, L’Immoraliste ; Apollinaire, Alcools; Cendrars, La Prose du Transsibérien ; Proust, À la recherche du temps perdu (Du côté de chez Swann) ; Colette, La Maison de Claudine, La Naissance du jour; Gracq, Un balcon en forêt. Certains cherchent une évasion dans des sensations artificielles : Huysmans, À rebours; Michaux, L’Espace du dedans.
SENSATION. Fonction psychique fondamentale, irrationnelle, « fonction du réel » de P. Janet, elle est « la perception immédiate de la réalité des choses >, par voie sensorielle. Cette réalité est une donnée extérieure ou intérieure, fournie par les organes des sens ou les récepteurs proprioceptifs. Elle peut donc être extravertie ou introvertie. (Voir aussi : Extraversion, Introversion.) SENSATION (n. f.) 1. — Donnée de la conscience fournie par les sens : « Les sensations ne sont pas les qualités mêmes des objets, elles ne sont que des modifications de notre âme » (Condillac) ; Syn. impression sensible ; composant élémentaire de la perception sensible. Rem. : on distingue souv. la sensation du sentiment en ce que celle-ci se rapporte essentiellement à l’action de quelque chose sur les organes des sens, et n’a pas de valeur affective. 2. — Syn. émotion : donner des sensations, faire sensation.
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