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SENS

SENS (lat. "sensus"; de "sentire", "sentir", "juger")
Mot qui rencontre en français trois grandes acceptions bien distinctes : soit il désigne toutes sortes de facultés, faculté de sentir ou de juger (1), soit il est syn. de signification (2), soit il évoque simplement l'orientation d'un mouvement (3).

  1. Terme équivoque qui désigne aussi bien la faculté d'éprouver des sensations (les cinq sens), les sens comme organes récepteurs, la faculté de connaître intuitive (sens intime ou sens intérieur sont alors parfois syn. de conscience), le jugement (comme dans l'expression usuel « à mon sens »), par suite le bon jugement (le bon sens, syn. de raison, ou sens commun), mais aussi le sens moral (la faculté innée de reconnaître intuitivement le bien et le mal, la conscience morale en tant que pouvoir d'appréciation ou de discernement);
  2. d'abord, intention de celui qui parle ou agit (ce qu'il veut dire ou se propose de faire, sens d'une phrase ou d'une démarche), puis valeur objective d'un signe, telle qu'elle est fixée par l'usage ou par une convention (acception d'un terme);
  3. syn. de direction dans le langage courant (le sens des aiguilles d'une montre). Or, pour l'homme, la question de la signification et de l'orientation se recoupent souvent : ainsi, quand nous cherchons à déterminer le sens de notre existence, nous nous demandons à la fois quelle est sa finalité (en vue de quelle fin agissons-nous ?) et quelle signification lui donner (pourquoi ma vie vaut-elle d'être vécue ?). Les existentialistes ont montré que c'est mon projet (la direction que je lui insuffle librement) qui donne sens à ma vie, qui fait qu'elle signifie quelque chose. De même, la question du sens de l'Histoire pose le double problème de sa direction et de sa signification, c.à -d. pour les philosophes modernes celui de sa finalité.



SENS. n. m. 1° Faculté d'éprouver des impressions physiques. À cette première façon de sentir correspond le mot Sensation. Cette faculté est liée aux cinq sens (goût, odorat, ouïe, toucher, vue). Au pluriel, les sens désignent l'instinct sexuel et la capacité de sentir qui lui est propre (le plaisir des sens) ; à cette acception du terme correspond le mot Sensualité.

2° Faculté de percevoir des réalités intelligibles (et non pas «sensibles» physiquement). Avoir le sens des choses, le sens moral, le sens commun. Avoir du bon sens. Dans toutes ces significations, le mot sens renvoie à une capacité de jugement (plus ou moins intuitive). Il se rapproche du mot « sentiment » dans son acception ancienne : manière de voir, de juger, de penser (A mon sens est synonyme de Mon sentiment est que). Celui qui n'a pas de sens est insensé.
3° Signification ; ensemble d'idées, de notations, de valeurs que présente un signe, ou que suggère une réalité signifiante. Le sens d'un mot. Le sens d'un événement. Le sens d'une conduite. Dans le signe, on peut distinguer le signifiant et le signifié : ce dernier correspond au sens. On peut considérer que cette troisième acception du mot sens s'inscrit assez logiquement dans le sillage des deux autres : le «sens» d'un mot, par exemple, c'est globalement l'impression qu'il produit sur notre esprit. Dans le monde de l'intelligible qui est le leur, les signes produisent un «effet» qui est leur «sens» et que notre jugement, notre «bon sens », perçoit immédiatement.
4° Direction ; ordre suivi, par une réalité physique (un objet mobile) ou une réalité abstraite (le sens de l'histoire). A noter que cette quatrième acception, surtout au niveau figuré, rejoint la troisième : le «sens de ma vie », c'est à la fois son itinéraire (fléché par tel ou tel objectif que je me donne) et la signification que je lui cherche.