SENS
SENS. n.m. (lat. sensus « action de s'apercevoir », « sensation », « intelligence »). Les usages innombrables de ce mot peuvent être étudiés à partir de trois idées maîtresses : faculté de connaissance, signification, orientation. ♦ 1° Faculté de connaissance. a) Faculté de connaissance sensible qui nous permet d'éprouver diverses sensations : visuelles, auditives, gustatives, olfactives et tactiles. La distinction de ces diverses sensations remonte à Aristote. On en a, de nos jours, raffiné l'analyse. Par exemple, on distingue du toucher proprement dit diverses sensations musculaires. Il faut aussi mentionner les sensations internes ; b) Organes grâce auxquels nous éprouvons ces diverses sensations ; c) Ensemble des désirs corporels que nous éprouvons spontanément, désirs sexuels en particulier ; d) Le sens intime ou conscience psychologique, chez Maine de Biran et les éclectiques ; e) Connaissance intuitive dans un certain ordre de choses (sens pratique, sens des convenances, sens musical) ; f) Façon de juger (à mon sens), rectitude naturelle du jugement (un homme de sens). — Le bon sens, pour Descartes, c'est la raison. La première phrase du Discours de la Méthode est la suivante : « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée. » — Plus couramment, c'est la faculté de juger avec rectitude, le discernement spontané du vrai et du faux, comme le sens moral est le discernement spontané du bien et du mal. On dévalue parfois le bon sens en le ramenant à une sagesse populaire, à la tendance à penser « comme tout le monde » sans extravagance ni originalité. C'est alors le « gros bon sens ». Etre dans son bon sens, c'est aussi être en possession de sa raison, n'être pas fou. ♦ 2° Expression des significations. Le sens est alors ce que les mots, les textes, les discours, les signes ou les situations veulent dire, a) C'est la valeur objective d'un signe (geste, cri, pictogramme, panneau de signalisation, etc.). C'est le contenu objectif d'un discours ou d'un texte, c'est-à-dire sa signification conceptuelle ; la portée théorique d'un ouvrage, d'une doctrine ; b) C'est l'état d'esprit de celui qui parle, écrit, ou par divers moyens, cherche à communiquer. C'est tout le contenu non seulement intellectuel, mais psychique, des phrases, des gestes, des regards. Il y a, dans tout langage, un sens littéral et un sens réel, qu'il s'agit de saisir dans le contexte, le tour de phrase, le ton de voix. Comprendre, c'est-à-dire saisir la signification exacte d'un signe, d'un discours, ou d'un texte, est une opération complexe qui nécessite culture, intuition et attention à autrui ; c) Ce qu'il y a d'intelligible dans une situation, dans un donné (le sens de la vie). Découverte de la finalité ; d) Avec une valeur très subjective, principalement chez les phénoménologues, la signification que la personne donne des signes et des situations, ce qu'elle voit et entend en eux, ce qu'elle en fait. ♦ 3° Orientation. De ce point de vue, le sens caractérise le mouvement. On parlera du sens des aiguilles d'une montre, des sens interdits, etc.
SENS. n. m. 1° Faculté d’éprouver des impressions physiques. À cette première façon de sentir correspond le mot Sensation. Cette faculté est liée aux cinq sens (goût, odorat, ouïe, toucher, vue). Au pluriel, les sens désignent l’instinct sexuel et la capacité de sentir qui lui est propre (le plaisir des sens) ; à cette acception du terme correspond le mot Sensualité. Voir aussi Sensibilité. 2° Faculté de percevoir des réalités intelligibles (et non pas « sensibles » physiquement). Avoir le sens des choses, le sens moral, le sens commun. Avoir du bon sens. Dans toutes ces significations, le mot sens renvoie à une capacité de jugement (plus ou moins intuitive). Il se rapproche du mot «sentiment» dans son acception ancienne : manière de voir, de juger, de penser (À mon sens est synonyme de Mon sentiment est que). Celui qui n’a pas de sens est insensé. 3° Signification; ensemble d’idées, de notations, de valeurs que présente un signe, ou que suggère une réalité signifiante. Le sens d'un mot. Le sens d'un événement. Le sens d'une conduite. Dans le signe, on peut distinguer le signifiant et le signifié : ce dernier correspond au sens. On peut considérer que cette troisième acception du mot sens s’inscrit assez logiquement dans le sillage des deux autres : le «sens» d’un mot, par exemple, c’est globalement l’impression qu’il produit sur notre esprit. Dans le monde de l’intelligible qui est le leur, les signes produisent un «effet» qui est leur «sens» et que notre jugement, notre «bon sens», perçoit immédiatement. 4° Direction; ordre suivi, par une réalité physique (un objet mobile) ou une réalité abstraite (le sens de l’histoire). À noter que cette quatrième acception, surtout au niveau figuré, rejoint la troisième : le «sens de ma vie», c’est à la fois son itinéraire (fléché par tel ou tel objectif que je me donne) et la signification que je lui cherche.
SENS
Terme d’une grande richesse et d’une étonnante diversité (1).
A : Sens = fonction de sentir 1. Faculté physique d’éprouver certaines sensations (les cinq sens). 2. Les organes des sens (avoir les sens en éveil). 3. Sens vieilli : les impressions et désirs organiques, les désirs sexuels (les sens enflammés).
B : Sens = jugement 1. Connaissance spontanée et aisée de quelque chose (avoir du sens pratique). 2. Compréhension (cela tombe sous le sens). Dans cet emploi est accompagné d’adjectifs le précisant, par exemple : - bon sens : jugement équilibré, - sens moral : sentiment du bien et du mal.
C : Sens = signification 1. Ce que veulent dire les mots. Synonyme d’acception (en quel sens prenez-vous ce mot ?). 2. Signification d’un signe ou d’un phénomène (faut-il donner un sens à ce geste ?). C’est un grand problème philosophique que de savoir si l’existence humaine elle-même a un sens et lequel.
D : Sens = direction Orientation d’un mouvement (dans le sens des aiguilles d'une montre).
1. C’est une source facile de «pièges» dans les devoirs et examens que de jouer sur cette pluralité de sens. Ex. : sujet de philosophie au baccalauréat série B, «Le sens d’un texte et le sens de l’histoire».
SENS (n. m.) Rem. : les acceptions de ce mot possèdent une telle diversité qu’on pourrait parf. parler d’homonymie ; cf. sentir. A | 1. — Fonction psychophysiologique permettant d’éprouver une certaine classe de sensations ; (par ext.) Syn. organes des sens, c.-à-d. appareils physiologiques permettant la sensation. 2. —Les cinq sens : la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat, le goût ; d’où l’expression sixième sens pour désigner une prétendue faculté supra-naturelle et mystérieuse de percevoir ce qui ne peut être transmis par aucun de ces sens. 3. — Sensitif : qui concerne les sens, et en particulier leurs organes ; âme sensitive (ant. scol.) : principe de la sensation. 4. — Sensoriel : a) Qui concerne les organes des sens, b) Qui concerne la sensation sous son aspect représentatif : « Toutes nos sensations ne sont pas au même titre sensorielles, c.-à-d. représentatives » (Pradines). 5. — Sensible : a) Pour Aristote et les scol., objet des sens : on distingue les sensibles propres qui affectent un seul sens, et les sensibles communs (forme, mouvement), b) Qui peut être perçu par les sens ; opposé à intelligible, c) Apte à percevoir par les sens ; se dit aussi de l’aptitude qu’ont certains appareils à enregistrer certaines données, d) Capable d’éprouver des sentiments variés ; (par ext.) émotif. 6. — Sens commun : pour Aristote et les scol., organe central coordonnant les impressions des différents sens. 7. — Sens externe / interne : distinction entre les sens qui permettent des sensations concernant les objets externes, et celles qui concernent le sujet lui-même ; Kant rapporte le premier à l’espace, le second au temps. B | 8. —Les sens : ensemble des impressions, des besoins et des impulsions de la vie animale. 9. — Sensuel : a) Qui concerne la vie organique et le plaisir qu’on en peut tirer, b) Qui se livre au plaisir des sens, à la sensualité (souv. péj.). c) Qui excite ou paraît apte à satisfaire le plaisir sensuel. C | 10. — Faculté de connaître de façon immédiate et intuitive (à la manière des sens). 11. — Compréhension, intelligence spontanée d’un certain nombre de choses : avoir le sens du comique, le sens pratique. 12. — Jugement, avis (à mon sens). 13. — Bon sens : a) Pour Descartes, faculté de distinguer le vrai du faux ; Syn. raison, b) Capacité de juger sainement des choses ; Syn. sens commun au sens a ; opposé à folie, passion. 14. — Sens commun : a) Faculté de juger sainement des choses, de constituer des connaissances à partir des notions communes, immédiates, évidentes : « Le sens commun [...], exactement le même chez tous les hommes et à toutes les époques, n’avance, ni ne recule. Il est [...] la raison à l’état brut, la raison sans la réflexion et sans la science » (Franck), b) Ensemble des opinions gén. admises dans une société. Rem. : en chacune de ces acceptions, le sens commun est pour ses détracteurs synonyme de connaissance vulg. par opposition à la science (cf. Bachelard). 15. — Sens intime : a) Syn. sens interne, b) Sentiment du moi ; Syn. conscience. 16. — Sens moral : faculté de distinguer intuitivement le bien et le mal ; sentiment inné du bien et du mal. D 117. — Ce que veulent dire ou ce que signifient les mots : leurs différentes acceptions. 18. — Pour Frege, Sinn opposé à Bedeutung ; cf. dénotation. 19. — Ce que signifie un signe. 20. — La signification d’un phénomène, ce qu’il veut dire pour nous ou implique dans son rapport à d’autres phénomènes, sa fin, sa fonction. E | 21. — Orientation d’un mouvement, ordre dans lequel un mobile parcourt les points de sa trajectoire ; orientation d’un plan, d’un vecteur, d’une figure.
SENS nom masc. — 1. Faculté qu’ont les êtres d’éprouver des sensations.
2. Capacité de porter un jugement.
3. Valeur sémantique, signification, d’un mot ou d’un énoncé. ETYM. : du latin sensus - « fait de sentir », « organe des sens », etc.
Sens
Du latin sensus, « organe des sens », « façon de sentir ou de penser ». - Faculté d’éprouver des sensations d’un certain ordre (exemple : le sens du toucher). - Intelligence intuitive ou immédiate (exemple : le sens du commerce). - Intention de celui qui parle ou agit, signification des mots qu’on emploie. - Direction ou orientation d’un mouvement. - Bon sens : faculté de bien juger, de distinguer le vrai d’avec le faux (synonyme de raison chez Descartes). - Sens commun : ensemble d’opinions et de jugements reçus dans un milieu déterminé. • Pour Descartes, « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ». Il ne suffit pas cependant de le posséder pour trouver la vérité ; encore faut-il l'appliquer correctement (d'où l'utilité de la méthode). • La question du sens de l'histoire soulève le double problème de sa signification (l'histoire est-elle le résultat d'une intention, d’un dessein caché de la nature ?) et de sa direction (l'histoire conduit-elle l'humanité vers un avenir meilleur ?).
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