Sémantique semblance sème semi-consonne, semi-voyelle sémiotique littéraire senefiance senhal sens/signification sensualisme septain
Sémantique. Étude du sens des mots et analyse des mécanismes qui permettent l’interprétation des énoncés. Selon le niveau d’application, on parlera notamment de sémantique lexicale (analyse des signifiés lexicaux et des relations de sens qui organisent le vocabulaire : synonymie, antonymie, hyperonymie...) ou de sémantique textuelle (analyse des procédés de régulation du sens dans un texte, des probabilités de parcours interprétatifs, etc.). Avec la syntaxe (étude des combinaisons de signes) et la pragmatique (étude des conditions de production du discours), la sémantique est un des trois principaux modes d’approche du langage.
semblance (n. f.). Dans le fonctionnement de l’allégorie narrative médiévale, la semblance est l’événement signifiant dont le signifié (senefiance) demande à être décrypté. Par exemple, dans la Queste del Saint Graal, l’un des héros, Bonort, voit sur un arbre un oiseau qui se perce le cœur pour arroser ses petits mort-nés et les faire ainsi revenir à la vie : cette semblance signifie le Christ qui s’est sacrifié pour sauver l’humanité.
sème (n. m.). Trait sémantique ; élément participant au signifié d’un mot. L’analyse du lexique par sème considère en effet que la définition traditionnelle en deux temps (catégorie générique et différence spécifique) ne correspond pas au mécanisme effectif de la signification lexicale : « oiseau » aura pour sème [animal], [couvert de plumes], [pouvant voler], [pondant des œufs]... On distingue les sèmes génériques (du type [concret], [animé], [non humain], etc.) des sèmes spécifiques en nombre illimité. On appelle sémème le faisceau constitué par ces sèmes. Deux quasi-synonymes ont tous leurs sèmes en commun, sauf un : « autobus » et « autocar » partagent ainsi les sèmes : [véhicule], [doté d’un moteur], [destiné au transport collectif], mais s’opposent par les sèmes [circulant en ville]/[circulant hors de la ville]. La cohérence d’un texte implique le retour des mêmes sèmes : Proust joue ainsi sur la récurrence du trait sémantique [violence] quand il décrit des femmes qui renoncent au piquant de fossettes menacées, aux mutineries d'un sourire condamné et déjà à demi désarmé {Le Temps retrouvé). La métaphore fonctionne par sélection d’un sème : « Jean est un vrai oiseau » n’a pas le même sens si Jean danse ou si Jean mange ; dans le premier cas, la métaphore implique la sélection du sème [pouvant voler], dans le second du sème [qui mange peu]. On voit ici que la recension des sèmes d’un mot comme « oiseau » permet une description incomparablement plus précise de son contenu sémantique que la définition lexicographique en deux temps.
semi-consonne, semi-voyelle. Il y en a trois en français. Leur nom montre, par l’hésitation, qu’il s’agit de phonèmes intermédiaires entre consonnes et voyelles. De la consonne, ils ont l’impossibilité de former à eux seuls une syllabe et la possibilité en revanche d’être consonne d’appui de syllabe (balayer = 3 syllabes : [ba] [le] [je]). Leur proximité avec les voyelles est démontrée par l’existence des phénomènes de diérèse et de synérèse, où chaque semi-consonne a son correspondant vocalique : [j] (yod) [i] ; [q] (ué) -> [y] ; [w] [wé] -> [u].
sémiotique littéraire. Etude des processus de création du sens dans un texte littéraire, la sémiotique littéraire cherche à proposer une description formalisée des structures de signification de tous ordres (linguistiques, symboliques, thématiques, idéologiques...) qui organisent les textes. Pour les développements pris par la sémiotique en France, on retiendra surtout les noms d’A.J. Greimas pour le travail théorique, de R. Barthes pour la diffusion large de l’interrogation sémiotique, ou de J. Kristeva pour son application aux textes littéraires. Les textes narratifs ont paru des corpus particulièrement pertinents pour la vérification des hypothèses sémiotiques ; on a montré par exemple que la dramatisation s’organisait sur des modèles récurrents, que les personnages devaient être envisagés comme formant système, etc. Le mot « sémiologie » est surtout utilisé pour la théorie générale des signes, en particulier non verbaux.
senefiance (n. f.). Au Moyen Age, signification allégorique ou prophétique d’un fait, d’un propos ou d’une réalité quelconque. Pour les médiévaux, le monde a été créé par Dieu pour permettre aux hommes d’y décrypter les vérités spirituelles: toute créature est donc porteuse d’une senefiance. C’est sur ce principe qu’est construite toute la littérature des bestiaires, des volucraires, des lapidaires et des plantaires.
senhal (n. m., emprunté à la langue d’oc médiévale, « enseigne »). Au Moyen Age, dans la poésie des troubadours, nom fictif et secret qui masque l’identité de la Dame (ou plus généralement du destinataire, qui peut aussi être leur protecteur), et dans lequel elle seule (avec quelques initiés) pouvait se reconnaître. Il s’agit d’une convention poétique, rendue nécessaire par le principe même de discrétion qui régit la fin'amor.
sens/signification. On oppose parfois — sans que le partage terminologique soit bien stable — le sens d’un énoncé, c’est-à-dire son contenu sémantique tel que le construisent ses unités linguistiques, sans prise en compte aucune du contexte, et la signification d’un énoncé, c’est-à-dire sa portée signifiante en contexte, avec prise en compte de la situation de communication, des implicites, etc. On mesurera aisément l’écart qui sépare sens et signification si l’on songe, par exemple, à la première réplique d’une pièce de théâtre, hors de toute représentation scénique, comme le Dix-neuf pieds sur vingt-six qui ouvre Le Mariage de Figaro de Beaumarchais, dont le sens est accessible à chacun, mais dont la signification est totalement obscure en l’absence de contexte.
sensualisme. Théorie de la connaissance (XVIIIe siècle) qui situe l’origine de la connaissance dans la sensation. L’origine du sensualisme français est à situer dans l’influence exercée par l’Essai sur l'entendement humain de Locke (1690). C’est la théorie de Condillac, mais elle a marqué l’ensemble de la philosophie française du XVIIIe siècle, donnant lieu à des développements opposés, vers l’idéalisme ou vers l’athéisme matérialiste. Le sensualisme a aussi profondément marqué les théories esthétiques de la seconde moitié du siècle.
septain. Strophe ou poème de sept vers, iso- ou hétéro-métriques. Ce sont des strophes prolongées, tels les septains hétérométriques abbaacc de Laforgue dans la « Complainte à Notre-Dame des Soirs » :
L'Extase du soleil, peuh !
La Nature, fade Usine de sève aux lymphatiques parfums.
Mais les lacs éperdus des longs couchants défunts
Dorlotent mon voilier dans leurs plus riches rades,
Comme un ange malade...
O Notre-Dame des Soirs,
Que je vous aime sans espoir !
La forme de septain la plus connue est celle du septain romantique ababccb, mais il existe bien d’autres formules.
Liens utiles
- semi-consonne.
- COMPETENCES EVALUEESRubrique 1 : Aspect sémantique de la langue : Construire du sens.
- Types de textesRemarque : Au primaire, on ne parle pas de texte littéraire (non-sens) mais d'initiation aux oeuvres littéraires.
- La critique littéraire: SÉMIOTIQUE DE LA LITTÉRATURE
- Dans son livre Au coeur du fantastique, publié en 1965, Roger Caillois, réfléchissant sur le fantastique au sens large (histoires extraordinaires, contes féeriques, récits de science-fiction, etc.), pense que ce dernier exprime « la tension entre ce que l'homme peut et ce qu'il souhaiterait pouvoir ». Vous commenterez ce jugement en vous appuyant sur des exemples empruntés à votre culture personnelle - littéraire, cinématographique.