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Sélassié, Haïlé [Tafari Makonnen] (Harar 1892-Addis Abeba 1975) ; empereur d'Éthiopie sous le nom d'Haïlé Sélassié [1930-1974].

Sélassié, Haïlé [Tafari Makonnen] (Harar 1892-Addis Abeba 1975) ; empereur d'Éthiopie sous le nom d'Haïlé Sélassié [1930-1974]. S. est le fils du gouverneur du Harrar, parent de Ménélik II qui l'appelle à sa cour à la mort de son père (1906) et lui confie une province. En 1913, à la tête des élites chrétiennes, il s'oppose à l'islamisation de l'Éthiopie par le successeur de Ménélik II : lyasu V, déchu en 1916. S. devient régent de l'impératrice Zauditu (fille de Ménélik II), puis empereur en 1930. Eduqué par des capucins, il veut faire de l'Éthiopie, avec ses partisans « Jeunes Éthiopiens », un État fort et centralisé (il rattache directement les provinces du Nord à la couronne lors des troubles de 1930) doté d'une armée moderne. En 1923, il obtient l'entrée de l'Éthiopie à la Société des Nations. Abandonné par ses alliés européens, impuissant devant l'invasion italienne de 1935, il doit s'exiler à Londres en 1936, puis reconquiert l'Éthiopie en 1941 avec l'aide des Britanniques. Aidé par les Occidentaux, il réorganise l'Éthiopie en monarque absolu, réduisant les pouvoirs de l'Église et de l'aristocratie. La lenteur des réformes (Constitution en 1955, élections en 1957), l'intégration de l'Érytrée musulmane (1962), suscitent une opposition, un temps réduite par la loyauté de l'armée. A la suite d'une famine catastrophique, il est déposé en 1974, et meurt en 1975. Pendant soixante ans, S. a défendu l'originalité de l'Éthiopie chrétienne et indépendante. Il incarne avant 1935 l'Afrique libre et conserve ce rôle emblématique après 1960 : il accueille à Addis Abeba le siège de l'Organisation de l'unité africaine et se propose comme médiateur des conflits africains.

Bibliographie : J.M. Damblain, La Tragédie du Négus, 1977.

HAILÉ SÉLASSIÉ Ier (Harar, 1892-Ad-dis-Abeba, 1975). Empereur d'Éthiopie (1930-1974). Fils du prince Makonnen et neveu de l'empereur Ménélik II, Hailé Sé-lassié appartenait à une dynastie chrétienne qui prétendait descendre de la reine de Saba et du roi Salomon. Portant le nom de Taffari (« Celui qui est redouté »), il fut l'élève de missionnaires français et devint en 1911 gouverneur du Harar. Il écarta du pouvoir son cousin, l'héritier présomptif Lidj Hassou, trop favorable à l'Allemagne (1916) et gouverna aux côtés de sa tante, l'impératrice Zaou-ditou, avec le titre de « régent » et d'« héritier du trône». En 1923, il obtint l'admission de l'Éthiopie à la Société des Nations (SDN). Proclamé « négus » (roi des rois) sous le nom d'Hailé Sélassié (« Force de la Sainte-Trinité »), il fut couronné empereur en 1930 à la mort de sa tante. Hailé Sélassié donna à son pays sa première Constitution écrite de type occidental et développa, grâce à l'appui technique et financier de l'étranger, l'agriculture et l'industrie naissante. Sa politique d'alignement sur les démocraties (adhésion au pacte Briand-Kellogg, 1928) et son combat pour l'indépendance économique de l'Éthiopie contre les ingérences italiennes - refus d'une concession ferroviaire, acceptation de capitaux américains -entraînèrent l'intervention armée de l'Italie (octobre 1935) à laquelle s'opposa vainement l'empereur à la tête de son armée. Exilé en Grande-Bretagne, il lança le 28 juin 1936 le célèbre appel à la sécurité collective depuis la tribune de la SDN, mais sans succès. Grâce aux troupes anglo-indiennes et françaises (FFL), il retourna triomphalement dans sa capitale le 5 mai 1941. Après la guerre, Hailé Sélassié devint l'un des chefs de file du tiers monde et particulièrement de l'Afrique. Il fut à l'origine de la création de l'Organisation de l'unité africaine en 1963, dont le siège est à Addis-Abeba. Cependant il dut faire face, à l'intérieur, à de nombreuses difficultés : opposition de l'aristocratie et de l'Église très traditionalistes et unité éthiopienne menacée depuis 1962 par le Front de libération de l'Érythrée. Les postes ministériels réservés aux grandes familles, une presse muselée et l'absence de partis politiques engendrèrent des oppositions qui obligèrent l'empereur à durcir le régime. En septembre 1974, année d'une grave famine, Hailé Sélassié fut déposé par les militaires, emprisonné, et la monarchie fut abolie au profit d'un régime marxiste-léniniste. Voir Éthiopie (Guerre d').

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