scolastique
scolastique, nom donné au Moyen Age au professeur dans les écoles épiscopales et les universités, où toutes les sciences enseignées dépendaient de la théologie. — Par extension, la scolastique est un enseignement philosophique, un mouvement de pensée né vers le Xe s., qui a fortement marqué la théologie catholique. Jusqu’au XIIe s., Scot Érigène, saint Anselme et Roscelin discutent de la valeur des «universaux», c’est-à-dire des idées générales comprenant les espèces et les genres. Ces noms ont-ils une valeur de réalité ou ne désignent-ils que des abstractions? Tel est l’objet de la querelle où s’affrontent les «nominalistes» comme Roscelin et les réalistes comme saint Anselme. Guillaume de Champeaux (1070-1122) fut le principal théoricien du réalisme. Abélard, élève des deux partis, tenta un compromis avec le conceptualisme, auquel répondit Pierre Lombard dans un livre de sentences. Abélard présentait dans son système les idées générales comme une manifestation de certaines expériences, ce qui peut être considéré comme une synthèse de l’empirisme et du rationalisme. Une phase nouvelle commença au XIIIe s. avec l’introduction, par les commentateurs arabes, de la philosophie d’Aristote, assez peu connue jusqu’alors. Tous les théologiens se mirent à étudier les œuvres de morale, de métaphysique et de sciences naturelles d’Aristote. Les uns montrèrent un tel enthousiasme qu’ils frisèrent l’hérésie. Les autres, avec un grand souci, d’orthodoxie, se consacrèrent à l'intégration à la théologie chrétienne de la doctrine aristotélicienne propagée par Avicenne. Ces derniers furent les grands docteurs du Moyen Age, comme saint Albert le Grand, saint Thomas d’Aquin (v. thomisme). Mais une nouvelle querelle éclatait avec Duns Scot et les franciscains, qui soutinrent les commentaires d’Averroès et le réalisme, tandis que, même parmi les franciscains, le dernier des grands scolastiques, Guillaume d’Occam, du côté nominaliste, cherchait à séparer Aristote de ses commentateurs et aussi de la théologie. Il ouvrait la voie à l’expérimentation scientifique. La philosophie scolastique continua d’être enseignée, mais elle se perdit dans la dialectique et la logique formelle avec Raymond Lulle et Buridan. Cependant, sous la forme du thomisme, elle est encore la base de la théologie catholique.
SCOLASTIQUE
Nom sous lequel on désigne la philosophie médiévale « de l’Ecole », c’est-à-dire telle qu’elle était enseignée dans les écoles ecclésiastiques et les universités européennes du IXe au xviie siècle environ. Malgré la diversité de ses auteurs et de ses courants, la scolastique se caractérise par son rattachement à la théologie (son problème majeur étant de concilier la foi et la raison, c’est-à-dire la Bible et Aristote - seul philosophe grec d’abord reconnu), par l’importance qu’on y accorde au raisonnement mis en forme (syllogisme) et à la lecture des auteurs anciens (ce qui débouche sur le principe d’autorité).
♦ On peut distinguer, chronologiquement, une scolastique primitive (ixe-xiie siècle) qui, n’ayant recueilli d’Aristote que de vagues échos, est surtout influencée par le néo-platonisme et saint Augustin ; la grande scolastique (xiiie siècle) qui redécouvre un Aristote plus authentique et plus complet, ainsi que ses interprètes alexandrins, par l’intermédiaire des éditeurs et commentateurs juifs ou arabes ; la scolastique tardive, qui finira par être discréditée à force de raffiner dans les discussions abstraites et laissera place à la philosophie « moderne », notamment avec Descartes. Volontiers traitée de « faillite » (L. Rougier) ou de philosophie bâtarde en raison de sa double référence au christianisme et à la pensée grecque, la scolastique n’en a pas moins influencé la problématique de toute la philosophie ultérieure - ne serait-ce qu’en faisant de Dieu une présence ou une question obligatoire dans tout système.
♦ C’est en raison des caractères caricaturaux de la scolastique tardive que l’adjectif est volontiers utilisé pour qualifier péjorativement un raisonnement inutilement complexe ou sophistiqué, ou une pensée qui se scléroserait en révérant son fondateur sans se renouveler et s’éloignerait ainsi de plus en plus du réel (on a ainsi évoqué, d’un point de vue polémique, une scolastique freudienne ou marxiste).
- scolastique, enseigné par l'école; relatif aux écoles du Moyen Age, dont les caractères étaient le respect de la tradition (d'Aristote), le refus de mettre la foi religieuse en question. — La discussion principale de la « scolastique » fut celle des « universaux », c'est-à-dire de la réalité ou de la non-réalité des idées générales. Sur ce point s'affrontèrent nominalistes et rationalistes.
Liens utiles
- SCOLASTIQUE
- Franz Brentano1838-1917Ancien prêtre, Brentano est resté marqué par la tradition aristotélico-scolastique, aconsacré une grande partie de son oeuvre à l'étude d'Aristote et de la philosophie duMoyen Âge.
- Jean Fernel1497-1558Comme Descartes, à qui certains ont voulu le comparer, Jean Fernel, déçu par l'inanité del'enseignement scolastique, résolut de reprendre ses études en remontant aux sources et,pour un temps, se consacra à l'étude des Anciens.
- Première Scolastique / Jean Scot Erigène ; Anselme de Canterbury
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