Schwarzenberg, prince Félix von (Kru-mov 1800-Vienne 1852) ; homme politique autrichien.
Schwarzenberg, prince Félix von (Kru-mov 1800-Vienne 1852) ; homme politique autrichien. Le chancelier autrichien Metternich décide en 1824 le jeune capitaine de la cavalerie royale et impériale S., issu d'une vieille famille de l'aristocratie et possédant de riches propriétés en Bohême du Sud, à embrasser la carrière diplomatique. Ministre plénipotentiaire à la cour de Piémont-Sardaigne en 1838, il est nommé en 1844 à la tête de la légation autrichienne à Naples afin de soutenir le roi Ferdinand II contre le mouvement révolutionnaire. Après qu'en février 1848 la révolution à Naples eut rendu impossible son activité diplomatique, il se bat pendant un certain temps comme commandant dans l'armée de Radetzky en Italie du Nord et participe à la sanglante reconquête de la Lombardie-Vénétie par les armées autrichiennes. A la fin d'octobre 1848, une fois la révolution de Vienne répri- mée par Windischgrätz, il prend la tête du gouvernement nouvellement formé en qualité de Premier ministre. Au contraire de son beau-frère Windischgratz, S. est un centralisateur hostile au programme fédéraliste définissant les droits des Länder et des royaumes. Il transfère le Parlement à Krem-sier et finalement le dissout. A la place de la Constitution arrêtée à Kremsier, il promulgue la Constitution du 4 mars 1849, centraliste et médiocrement libérale, préparée par Stadion, sans la mettre vraiment en vigueur ; l'Autriche est donc à nouveau gouvernée de manière absolutiste. S. défend une vision globale de l'intégrité de la monarchie en y incluant les provinces italiennes et la Hongrie. Il oppose au programme de l'Église Saint-Paul - ajouter les régions allemandes de l'Autriche à l'Etat national en cours de fondation - et au projet de Gagem d'une fédération à deux niveaux, un plus étroit et l'autre plus lâche, son programme d'un Empire d'Europe centrale de soixante-dix millions d'hommes. S. ordonne la révocation de Windischgratz du commandement en chef en Hongrie et, appliquant tardivement les principes de Mettemich, appelle l'intervention des troupes russes, qui provoque la capitulation à Vilagos, en août 1849, des forces armées hongroises dirigées par Görgei. La dureté avec laquelle S. châtie les chefs magyars et les exactions des généraux autrichiens Haynau et Welden ont nui durablement aux rapports des Magyars avec la monarchie. Dans les affaires allemandes, il joue l'archiduc Jean comme vicaire de l'Empire contre le roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV pour empêcher l'élection de celui-ci comme empereur allemand. En rappelant de Francfort les députés autrichiens, il brise l'autorité de l'Assemblée nationale. Malgré de vives tensions avec la Prusse, S. parvient à un arrangement à Olmütz selon lequel la Prusse abandonne sa politique d'union et S. son projet d'Empire d'Europe centrale germano-slave. En politique intérieure, avec le concours du ministre de l'intérieur Bach, S. accélère la centralisation, brise la Hongrie jusque-là autonome et accepte, par la patente de la Saint-Sylvestre de 1851, que le baron von Kübeck entreprenne de transformer la Constitution pour renforcer l'absolutisme. Il meurt précocement à Vienne le 5 avril 1852. Il ne fait pas de doute que l'énergie de S. a permis le maintien de l'Etat des Habsbourg sans perte de territoires ni concessions aux Magyars, mais les débuts de la crise nationale ne pouvaient être surmontés de l'intérieur par un recours brutal à la force militaire. La Russie exigea par la suite de dangereuses compensations à Vilagos. Le non-respect de la Constitution élaborée à Kremsier détruisit les derniers espoirs de réorganiser l'Empire de l'intérieur avec le soutien de presque toutes les nationalités.
Liens utiles
- ROUHER, Eugène (1814-1888)Homme politique, il est nommé deux fois ministre de la Justice de 1849 à 1852.
- GAILLARD, Félix (1919-1970)Homme politique, il est député radical-socialiste.
- DELCASSE, Théophile (1852-1923)Homme politique, il est élu député radical dès 1889 et occupe plusieurs fois le ministère des Affaires étrangères de 1898 à 1905.
- Félix prince de Schwarzenberg1800-1852Né en Bohême, il fut tour à tour officier (1818-1824), ambassadeur à Turin (1839-1844) et àNaples (1844-1848), avant d'être conseiller politique du maréchal Radetzky en Lombardie.
- Victor Hugo – homme politique