Schopenhauer: Vouloir-vivre
Vouloir-vivre
• Le vouloir-vivre est la manifestation phénoménale de la volonté dans le domaine organique. Il convient donc de le distinguer de la volonté, considérée en elle-même. En toute rigueur, et si paradoxal que cela puisse paraître, la Volonté métaphysique ne veut rien : « L’absence de tout but et de toute limite est, en effet, essentielle à la Volonté en soi » (M, p. 215). Elle ne peut donc s’asservir à un but qu’en s’inscrivant dans la sphère du vivant, elle-même soumise à la juridiction du principe de raison suffisante (espace, temps, causalité) et, en particulier, au déterminisme des excitations et des motifs.
•• Schopenhauer se plaît à donner une description dramatique du vouloir-vivre : « La souffrance du monde animal se justifie seulement par le fait que la volonté de vivre, ne trouvant absolument rien en dehors d’elle-même dans le monde des phénomènes et étant une volonté affamée, doit dévorer sa propre chair » (R, p. 175). Les « formes vivantes », engagées dans une lutte incessante et acharnée, « se disputent la matière » (M, p. 391), c’est-à-dire le partage du monde phénoménal. Mais cette « lutte pour la vie », si spectaculaire et destructrice soit-elle, ne concerne pas la Volonté elle-même, qui est indestructible. « Qu’il faille attribuer une Volonté à l’univers inanimé, inorganique, c’est moi qui fus le premier à le dire. Car chez moi la Volonté n’est pas, comme on le pensait jusqu’ici, un accident de la connaissance et donc de la vie. Au contraire, c’est la vie elle-même qui est phénomène de la Volonté » (VN, p. 138).
••• On peut donc contester la pertinence de la célèbre critique que Nietzsche adresse à Schopenhauer, quand il oppose la « Volonté de puissance » au « Vouloir-vivre ». C’est opérer une double réduction : de la Volonté au vouloir-vivre, et de celui-ci à un simple instinct de survie. Il reste que Schopenhauer a tendance, parfois, à effectuer ce genre de réduction. Tout prouve, écrit-il par exemple, « que j’ai eu raison de poser comme principe inexplicable, mais propre à servir de fondement à toute explication, la volonté de vivre, et que ce vouloir-vivre, loin d’être un mot sonore vide de sens, tel que l’absolu, l’infini, l’idée ou autres expressions semblables, est la réalité suprême à nous connue, est même la substance et le noyau de toute réalité » (M, p. 1077-1078).
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