Schopenhauer: Principe d’individuation (Principium individuationis)

Principe d’individuation (Principium individuationis)

• «Temps et espace sont le principium individuationis» (QR, p. 236). Le principe d’individuation comprend donc les deux tiers du principe de raison suffisante, amputé abstraitement de la causalité, puisqu’elle résulte de la réunion de l’espace et du temps. Il « appartient au domaine de la simple apparence » (VN, p. 159). Quel qu’il soit, l’individu n’est donc qu’une illusion phénoménale.

•• « J’appellerai donc l’espace et le temps, suivant une vieille expression de la scolastique, principium individuationis ; car c’est par l’intermédiaire de l’espace et du temps que ce qui est un et semblable dans son essence et dans son concept nous apparaît comme différent, comme plusieurs, soit dans l’ordre de la coexistence, soit dans celui de la succession » (M, p. 155). Schopenhauer adopte deux points de vue lorsqu’il traite de la représentation phénoménale. Veut-il en souligner l’organisation, c’est-à-dire la liaison causale, il invoque le principe de raison suffisante. S’il entend, au contraire, insister sur sa diversité, il recourt au principe d’individuation, qui dépend de ces deux formes a priori de la dissémination représentative que sont l’espace et le temps. « L’espace est le principe d’individuation ». « Le temps est le principe d’individuation » (Tableau des « Praedicabilia a priori », M, p. 726).

••• La Volonté, une, indivisible et intemporelle, en tant que chose en soi, échappe au principe d’individuation, même si, pour une raison mystérieuse, indépendante du principe de raison, elle se pluralise en Idées (Forces, Espèces, Caractères intelligibles), qui sont ses objectités immédiates. De cette diversité métaphysique, et non plus phénoménale, Schopenhauer ne donne aucune explication.