Schopenhauer: Matière (Materie)
Matière (Materie)
• La matière est la réunion de l’espace et du temps, et, à ce titre, « synonyme d’activité » (M, p. 36) et de causalité : « La matière n’est, de part en part, que causalité » (QR, p. 219). « Pure abstraction » (M, p. 1023), « elle est la forme intellectuelle de la causalité même, forme liée à celles d’espace et de temps », et donc « condition de l’expérience, comme l’entendement pur lui-même, dont elle est dans cette mesure la fonction » (M, p. 1024).
•• Identifiée à la causalité, elle-même définie comme catégorie spatio-temporelle, la matière participe du principe de raison suffisante et se trouve ainsi dépourvue de tout statut métaphysique. Elle n’est pas une Idée, ou « objectité immédiate de la volonté », comme la pesanteur ou l’impénétrabilité. Encore moins peut-elle prétendre au statut de chose en soi. Le noyau ultime du monde n’est pas la matière, mais la Volonté. Au terme d’un vif dialogue, où s’affrontent « Le Sujet » et « La Matière », chacun se proclamant la vérité de l’autre, les deux protagonistes comprennent qu’ils sont du même côté (phénoménal) de la réalité et donc, littéralement, alliés : « Tous deux — Nous sommes donc indissolublement unis, comme les parties nécessaires d’un tout, qui nous embrasse, et qui n’existe que par nous. Seul un malentendu peut nous opposer l’un à l’autre, et conduire à l’idée que l’existence de l’un est en lutte contre l’existence de l’autre, alors qu’en réalité ces deux existences s’accordent et ne font qu’un. » Et Schopenhauer de conclure : « Ce tout embrassant ces deux termes est le monde comme représentation, ou le phénomène. Ces deux termes supprimés, il ne reste plus que l’être métaphysique pur, la chose en soi » (M, p. 688 et 689), c’est-à-dire la Volonté.
••• On comprend dès lors que Schopenhauer s’insurge avec virulence contre toute forme de matérialisme, compris comme principe explicatif ultime. Il ne va pas à l’essentiel, il en reste, par définition (celle de la matière), à la superficie phénoménale. Feuerbach, Büchner, Moleschott sont violemment récusés (Lettre à Frauenstaedt du 29 juin 1855). « Le matérialisme à la mode aujourd’hui (n’est qu’une) philosophie de garçons coiffeurs et d’apprentis pharmaciens. Dans son innocence, il voit la chose en soi dans la matière, qu’il prend étourdiment pour quelque chose d’absolument réel » (M, p. 871-72). La même critique vaut pour l’atomisme, « une idée fixe des savants français » (Ampère, par exemple), « une absurdité révoltante », « conséquence de l’état arriéré où est restée chez eux la métaphysique, si négligée en leur pays, car, malgré toute la bonne volonté du monde, le peu de profondeur et la pauvreté de jugement de V. Cousin ne la représentent pas très dignement » (M, p. 1019).
Liens utiles
- Arthur SCHOPENHAUER, Le Monde comme volonté et comme représentation, 181 B, livre IV, trad. A. Burd eau,© PUF, 2e éd. 2004
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