Schopenhauer: L'homme oscille entre la souffrance et l'ennui
Schopenhauer: L'homme oscille entre la souffrance et l'ennui
Schopenhauer constate que de toutes les formes de vie, c'est la vie humaine qui est la plus douloureuse et celle-ci « oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui ». Souffrance quand le désir n'est pas satisfait, ennui quand la volonté vient à manquer d'objet ou quand une prompte satisfaction vient lui enlever tout motif de désirer. L'homme est-il arrêté par quelque obstacle dressé entre lui et son but immédiat ? Voilà la souffrance. Atteint-il son but ? C'est la satisfaction. Soit, mais pour combien de temps ? La douleur ne s'interrompt pas pour autant. L'homme ne peut, en fait, vivre que dans un état perpétuel de douleur. Celle-ci accompagne chaque moment de son existence et les efforts incessants qu'il fait pour la chasser sont vains. Ils n'ont d'autres effets que de la faire changer de figure.
La vie la plus heureuse est la moins douloureuse
De cette analyse du désir, Schopenhauer tire la conséquence : il n'y a pas de bonheur durable, mais seulement un effort continu, sans vrai but, sans vrai repos. La vie la plus heureuse est la moins douloureuse, c'est-à-dire celle où « le désir et sa satisfaction se succèdent à des intervalles qui ne sont ni trop longs, ni trop courts ». Comment expliquer, dès lors, que la plupart des hommes s'accrochent à la vie? Qu'est-ce qui leur fait endurer toutes ces souffrances ? l'amour de la vie ? l'espoir d'une vie meilleure ? Ou tout simplement la peur de la mort, qui est toujours là, « quelque part cachée », prête à se manifester à tout instant ? La vie n'est-elle pas, au fond, une fuite continuelle devant cette même mort que nous désirons parfois, qui nous attire irrésistiblement ?
Comment se libérer de la tyrannie des désirs
L'intérêt de ce texte réside dans l'affirmation que toute la souffrance que l'homme assume sur lui, est, au fond, le résultat de cet effort incessant qui n'est autre que la volonté de vivre. C'est ce Vouloir qui est à l'origine des innombrables besoins de l'homme. Si l'homme souffre, c'est donc avec justice, pourrait-on dire, tant qu'il est identique à cette volonté. Y-a-t-il des moyens de se libérer du Vouloir omniprésent ? Au livre IV du Monde, Schopenhauer nous indique la voie. Ce sont les fameuses trois étapes de la régénérescence spirituelle par détachement progressif du « vouloir vivre » : l'art contemplatif, la morale de la pitié, et enfin l'oubli total du Vouloir, atteint dans le nirvana. Dans cet itinéraire, la joie de l'artiste ou celle de la contemplation désintéressée de l'oeuvre d'art est toute négative. Le plaisir n'est pas de jouir d'une oeuvre mais de ne plus souffrir, grâce à elle, de sa propre volonté. De même, la morale de la pitié invite à une communion avec autrui qui permet de transcender sa volonté individuelle. Enfin, le nirvana est le détachement suprême, le moment suprême où la volonté se retourne contre elle-même, état d'abnégation volontaire, d'arrêt absolu de tout vouloir. L'homme qui réussit à nier ce Vouloir qui est négatif atteint le ravissement et une jouissance libérée de la tyrannie des désirs.
La voie proposée par Schopenhauer est l'expression du ressentiment
Il y a bien, dans cette possibilité affirmée de se libérer de sa volonté, de se retourner même contre elle, un certain optimisme chez Schopenhauer. Mais dans cette vision de la libération, on retrouve les vertus chrétiennes d'ascèse et de sacrifice. Nietzsche ne manquera pas de voir, dans l'esthétique et la morale de Schopenhauer, l'expression du ressentiment qui caractérise déjà le judéo-christianisme.
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- « Le monde romanesque n'est que la correction de ce monde-ci, suivant le désir profond de l'homme. Car il s'agit bien du même monde. La souffrance est la même, le mensonge et l'amour. Le héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Mais eux, du moins, courent jusqu'au bout de leur destin et il n'est même jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu'à l'extrémité de leur passion. » Commentez cette citation.
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- « LA VIE N'ADMET POINT DE FÉLICITÉ VRAIE, ELLE EST FONCIÈREMENT UNE SOUFFRANCE AUX ASPECTS DIVERS, UN ÉTAT DE MALHEUR RADICAL. » Schopenhauer
- « Le monde romanesque n'est que la correction de ce monde-ci, suivant le désir profond de l'homme. Car il s'agit bien du même monde. La souffrance est la même, le mensonge et l'amour. Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Mais eux, du moins, courent jusqu'au bout de leur destin et il n'est même jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu'à l'extrémité de leur passion. »
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