Schopenhauer: Indestructibilité
Indestructibilité
• L’indestructibilité est, avec l’inconditionnalité, l’unité et la liberté, l’un des attributs de la Volonté. La mort n’est qu’une illusion phénoménale. Elle met fin à la vie, mais non à l’existence, puisque, loin de nous anéantir, elle nous ramène à notre « état originel » (R, p. 146), celui de la chose en soi.
•• L’indestructibilité de la Volonté se substitue au vieux dogme de l’immortalité de l’âme. « Ca été l’erreur de tous les philosophes de placer dans l’intellect le principe métaphysique, indestructible et éternel de l’homme : il réside exclusivement dans la volonté, complètement différente de l’intellect et seule primitive » (M, p. 1243). « En réalité, la naissance constante de nouveaux êtres et l’anéantissement constant des êtres existants doivent être regardés comme une illusion » (R, p. 141), produite par le principe de raison suffisante. Notre peur de mourir n’est que la conséquence d’une telle illusion, dont nous pouvons nous délivrer en considérant que la mort n’est jamais qu’une modalité de l’excrétion, ou, plutôt, que cette dernière n’est qu’un « diminutif de la mort » (M, p. 353), dont nous ne nous affligeons pas.
••• Je suis tout, partout, de tout temps. « Il s’est écoulé un temps infini avant ma naissance : qu’étais-je donc pendant tout ce temps ? La métaphysique pourrait fournir cette réponse : j’étais toujours moi, c’est-à-dire que tous ceux qui disaient alors moi, tous ceux-là étaient moi » (M, p. 1208). « Aussi peut-on supposer que si, par impossible, un seul être, fut-il le plus humble, venait à s’anéantir entièrement, le monde entier devrait disparaître » (M, p. 174). « Nous voilà donc amenés [...] à une sorte de métempsycose, mais avec cette différence importante que notre métempsycose atteint non pas l’âme tout entière, c’est-à-dire l’être connaissant, mais la volonté seule, ce qui supprime tant de sottises attachées à la transmigration des âmes» (M, p. 1251). Métempsycose, ou, plus exactement, « palingénésie », immutabilité de la volonté à travers ses formes phénoménales, une « conviction » que Schopenhauer oppose aux « trois prétendues idées kantiennes » (l'Ame, le Monde et Dieu), comme « un principe philosophique naturel à la raison humaine » (M, p. 1255).
Liens utiles
- Arthur SCHOPENHAUER, Le Monde comme volonté et comme représentation, 181 B, livre IV, trad. A. Burd eau,© PUF, 2e éd. 2004
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