Schopenhauer: Entendement (Verstand)
Entendement (Verstand)
• L’entendement est la faculté de la représentation. Structuré par le principe de raison suffisante (la triade : espace, temps, causalité), son rôle est essentiellement perceptif et pragmatique.
•• Alors que Kant distingue l’intuition et ses formes a priori (espace et temps), objets d’une Esthétique transcendantale, de l’entendement et de ses douze catégories (dont la causalité), objets d’une Analytique transcendantale, Schopenhauer les fond en une seule faculté, appelée tour à tour entendement, intellect, intuition, et objet de la « dianoiologie », ou « doctrine de l’intelligence », c’est-à-dire « l’examen des représentations primaires ou intuitives » (PS, p. 150). Si « l’intuition n’est pas d’ordre purement sensible, mais intellectuel » (M, p. 37) — « et c’est précisément ce que nie Kant » (M, p. 556) —, l’opération de l’entendement, en revanche, est « intuitive et tout à fait immédiate » (QR, p. 192).
••• Cet entendement intuitif et cette intuition intellectuelle n’ont rien à voir avec ce que Kant et les postkantiens désignent par de telles formules. Selon Kant, un entendement intuitif, « dont la représentation ferait en même temps exister les objets de cette représentation », ne peut être pensé qu’au conditionnel, puisque le nôtre est discursif. Tel n’est évidemment pas le statut de l’entendement schopenhauerien, qui ne s’apparente pas davantage à l’intuition intellectuelle des postkantiens, cette faculté de l’inconditionné et de l’absolu. Il est, au contraire, conditionné et relatif. Loin de nous élever au divin, il nous rapproche de l’animalité. « L’entendement est le même dans les animaux et dans l’homme ; il présente partout la même essence simple : connaissance par les causes, faculté de rattacher l’effet à la cause ou la cause à l’effet, et rien de plus » (M, p. 46). Si « la volonté est métaphysique, l’intellect (est) physique » (M, p. 897). On ne saurait donc lui accorder le moindre pouvoir hors de la sphère phénoménale, celle de la représentation et de l’action. « Une telle faculté de connaissance, exclusivement réservée à des fins pratiques, ne pourra jamais, par sa nature, concevoir que les relations réciproques des choses, et non pas leur essence propre, telle qu’elle existe en soi » (M, p. 999). L’entendement ne nous est donc d’aucun secours pour accéder à la chose en soi, c’est-à-dire la volonté, qui requiert une expérience métaphysique d’un tout autre ordre.
Liens utiles
- Arthur SCHOPENHAUER, Le Monde comme volonté et comme représentation, 181 B, livre IV, trad. A. Burd eau,© PUF, 2e éd. 2004
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