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Schelling: Art

Art

• Par ce terme, Schelling désigne un tout organique et nécessaire, comme l’est la nature, un miroir de l’Absolu — non pas tout un univers (on parle bien du « monde de Balzac » ou de « l’univers proustien »), mais bien tout l’univers envisagé sous un certain angle (« puissance » ou « exposant ») — et non pas ce qui s’émiette et se dissémine en une pluralité d’œuvres. Ce que nous entendons couramment par « art » fait plutôt obstacle à ce que Schelling propose de construire sous ce nom. Il ne suffit pas qu’une œuvre passe communément pour une œuvre d’art pour qu’elle réponde à ce que Schelling entend sous ce nom. L’art tel qu’il le vise entretient un rapport étroit avec la mythologie, mais les romans modernes ne sont que des « mythologies partielles ».

•• « Effusion de l’Absolu », « unique document de l’Absolu », ou encore objectivation de la philosophie, l’art est l’univers « exposé » ou « construit » sous sa puissance, celle que dégage précisément la Philosophie de l'Art, qui tente de faire droit au « miracle de l’art ». Entre la vérité comme beauté qu’est l’art et la beauté comme vérité qu’est la philosophie, Schelling semble avoir commencé par accorder un privilège à la vérité comme beauté : le finale du Système de l'idéalisme transcendantal de 1800 déclare en effet que la philosophie ne s’adresse qu’à un fragment de l’homme, tandis que l’art s’adresse à l’homme tout entier. Avec la Philosophie de Part et le Bruno, le rapport se rééquilibre.

••• S’il s’inspire en partie des analyses de Kant dans la Critique de la faculté de juger, en voyant dans l’art une activité à la fois consciente et inconsciente, une production de la nature agissant comme liberté et de la liberté agissant comme nature, à savoir ce qui n’est possible que par le génie, Schelling définit la beauté comme « l’infini représenté comme fini », et assigne par là la beauté à la sphère de l’art, à la différence de Kant pour qui le beau naturel l’emportait largement sur le beau artistique. Le couple infini ! fini, comme l’opposition entre le réal et l’idéal vont servir à cerner l’œuvre d’art comme compénétration, uniformation ou ésemplasie des deux pôles. Mais à vrai dire, Schelling s’intéresse moins aux œuvres d’art qu’à l’art, et à vrai dire moins à l’art lui-même qu’à ce qu’il appelle « l’art dans l’art », ou encore « le divin dans l’art ».

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