SAUSSURE (vie et oeuvre)
Ferdinand de Saussure est né en 1857. Issu d'une vieille famille de la bourgeoisie de Genève, il manifeste un engouement pour la linguistique. Après des études à Leipzig et des recherches très vite reconnues, il enseigne à l'Ecole des hautes Etudes en France, dès 1881, puis, en 1891, à l'Université de Genève. Il y enseignera jusqu'à sa mort, en 1913. Le Genevois Ferdinand de Saussure est l'inventeur de la linguistique moderne. Son oeuvre a révolutionné l'étude de la langue, mais aussi toute la méthodologie des sciences humaines au XXe siècle. Elle est à l'origine de la méthode structuraliste.
VIE
En se démarquant de la philologie académique, de Saussure inaugure l'étude scientifique de la langue. La linguistique saussurienne, avec la psychanalyse et la sociologie, qui naissent à la même époque, rendra possible l'essor des sciences humaines au XXe siècle.
L'étude des langues anciennes. Né en 1857, dans une famille de l'aristocratie genevoise (il est l'arrière petit-fils du naturaliste Horace-Bénédict de Saussure), Ferdinand de Saussure fait des études classique. A l'Université de Leipzig, il entreprend l'étude des langues anciennes. Sa thèse, en 1880, porte sur «l'emploi du génitif absolu en sanskrit».
Le fondateur de la linguistique. En 1881, de Saussure part à Paris, où il se voit confier la chaire de linguistique comparée à l'École des hautes études. Ne pouvant entrer au Collège de France a cause sa nationalité suisse, il retourne à Genève, où l'on crée pour lui une chaire de linguistique comparée. Il y enseignera, jusqu'à sa mort, le sanskrit et la grammaire comparée. De 1906 à 1911, il donne trois cours de linguistique générale qui seront à la base de son oeuvre.
OEUVRES
Ferdinand de Saussure est, pratiquement, l'homme d'un seul livre. Qui plus est, il ne l'a pas écrit lui-même. Son "Cours de linguistique générale", publié en 1916, a en effet été établi par deux de ses élèves à partir de notes de cours.
Cours de linguistique générale (1916)
L'ambition de Saussure est de faire de la linguistique une science descriptive de la langue, au même titre que les sciences de la nature, en laissant de côté l'aspect normatif (grammaire) et l'aspect historique. Comment la langue fonctionne-t-elle, pour ainsi dire d'elle-même? Après tout, tout le monde est capable de parler, même sans bien connaître les règles de grammaire ni l'origine de sa langue. Saussure établit donc une première distinction: l'étude synchronique (la langue considérée à un moment donné) est préférée à l'étude diachronique (la langue considérée dans son évolution). Il distingue ensuite langue et parole. La langue, c'est le système abstrait de mots et de règles tels qu'ils ont été établis par la société. La parole, c'est la mise en oeuvre individuelle de la langue par le sujet parlant. Saussure démontre ainsi que c'est en fait la parole, le langage vivant, quotidien, appliqué par chacun de nous, qui forme la langue et la fait évoluer, et non le contraire. Enfin, de Saussure définit la langue comme un système de signes - il forge au passage le terme de sémiologie - et en tire deux conséquences. Premièrement, le signe est une entité à deux faces qui unit un concept (le signifié) et une image acoustique (le signifiant). Le lien entre signifiant et signifié est arbitraire. Deuxièmement, en tant qu'ils font partie d'un système, les signes ne "font pas sens" par eux-mêmes, mais plutôt dans le rapport d'opposition et de différenciation qu'ils entretiennent avec les autres signes. Le sens exact du mot «beau» ne peut être saisi que si on le compare à des mots de sens voisin: joli, charmant, superbe, etc.
EPOQUE
L'étude des langues
Avant Saussure, l'étude des langues à l'université se partage entre la grammaire et la linguistique historique. La grammaire est une discipline normative. Elle établit les règles conventionnelles qu'il convient d'appliquer si l'on veut bien parler. La linguistique historique examine, quant à elle, l'évolution historique es langues en tentant de rechercher leur origine. L'étymologie en fait partie.
Les sciences humaines
Le début du XXe siècle voit la naissance de trois disciplines qui vont révolutionner l'étude de l'homme et permettre l'essor des sciences humaines. Outre la linguistique saussurienne, il s'agit de la psychanalyse de Freud et de la sociologie développée par Durkheim. Psychologie, anthropologie, sémiologie s'inspireront des concepts et des méthodes découverts par ces trois grands penseurs.
APPORTS
Le "Cours de linguistique générale" a profondément influencé les méthodes des sciences humaines, en particulier l'approche structuraliste, et a permis le développement de nouvelles sciences comme la linguistique et la sémiologie.
Une approche scientifique de la langue. Saussure a fait de la linguistique une véritable science humaine, dans la mesure où il a permis à l'étude de la langue de prendre ses distances avec les vieilles approches grammaticale et historique qui étaient en usage à l'université. La langue est désormais considérée comme un objet scientifique dont il est possible d'étudier le fonctionnement et les structures à un moment donné de son évolution.
Actualité - Postérité. La linguistique saussurienne est à la base du structuralisme, approche qui sera appliquée, grâce aux travaux de Roman Jackobson et Claude Lévi-Strauss, à d'autres sciences humaines après 1945. En définissant la langue comme un système de signes fermé sur lui-même et le sens comme émanant des relations des signes entre eux, de Saussure va permettre l'application de ses méthodes non seulement à la linguistique, mais à tout système de signes, que ce soient les mythes, les textes littéraires ou l'inconscient. Son oeuvre exercera ainsi une profonde influence sur l'anthropologie, les études littéraires, la psychanalyse, notamment dans les années soixante à soixante-dix.
SAUSSURE Ferdinand de. Linguiste suisse d’expression française. Né à Genève le 26 novembre 1857, mort à Vufflens-sur-Morges (Waadt) le 22 février 1913. Il fit ses études secondaires à Genève, puis fréquenta l’université de Leipzig. Sa précocité extraordinaire lui permit d’être reçu à la Société de linguistique dès l’âge de dix-neuf ans et c’est en 1879 qu’il publia son grand ouvrage : Mémoire sur le système primitif des voyelles dans les langues indo-européennes, ouvrage capital qui le classe parmi les maîtres de la linguistique moderne. Il présenta sa thèse de de doctorat en 1881 : De l’emploi du génitif absolu en sanscrit, et vint se fixer à Paris où, jusqu’en 1891, il professa la grammaire comparée à l’Ecole des Hautes Etudes. En 1891, il regagna Genève et occupa à l’université de cette ville la chaire de sanscrit et bientôt de linguistique générale. Extrêmement scrupuleux et soucieux de ne faire qu’œuvre définitive, il ne publia plus que de courtes communications telles que : Sur le nominatif pluriel et le génitif singulier de la déclinaison consonantique lituanienne, qui est un modèle de rigueur et de précision, tout en préparant un grand ouvrage sur le lituanien; il mourut avant d’avoir terminé. Son enseignement a marqué de nombreux élèves et sa personnalité demeure vivante grâce aux Cahiers Ferdinand de Saussure, et au Cours de linguistique générale , publié à titre posthume en 1916.
[…] spécifique de ce mot est fixé par le linguiste Saussure dans son “Cours de linguistique générale“. Le signifiant désigne l’image […]
[…] que de la décision libre des hommes, et n’a pas de justification rationnelle. Ainsi, pour Saussure, les signes linguistiques sont arbitraires car leur choix est immotivé : il n’y a aucun […]
[…] Claude Lévi-Strauss, et par une réflexion sur le langage qui reprend les analyses de Ferdinand de Saussure. Roland Barthes est à la pointe de ce renouveau de la réflexion et vase faire le […]
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