satire
SATIRE, n. f. 1° Poème (dans la littérature classique) ou, plus généralement, texte dans lequel un écrivain ou un orateur tourne en ridicule ses contemporains, soit de façon générale (satire des mœurs), soit en s’attaquant à des personnes privées. La satire peut être mordante, sarcastique, violente, comme elle peut être parodique, humoristique, comique. Les Satires de Boileau. 2° Critique ou attitude critique qui, sans faire l’objet d’un texte ou d’un pamphlet en due forme, peut caractériser une œuvre en général (une comédie satirique), les paroles d’une personne (ses plaisanteries sont souvent satiriques) ou un individu (il a un don pour la satire).
N.B. Ne pas confondre avec le satyre.
satire
Œuvre en prose ou en vers qui ridiculise les travers humains.
Commentaire Le mot vient du latin satura, « plat mélangé », la satire n'ayant, à l'origine, pas de forme imposée. Au xviie siècle, elle devient un poème à rimes plates dont le contenu est souvent moral ou politique. À l'imitation des Anciens, elle s'attaque aussi aux travers des hommes. Les Satires de Boileau (1660-1668 ; 1692-1705) restent la référence en la matière. Dans un sens plus large, un écrit est satirique lorsqu'il caricature les hommes et critique avec ironie leurs manies, leurs ridicules et leurs conduites.
Citations Sous les formes les plus diverses, la réalité contemporaine est partout présente dans les Satires. Elle est couramment dans la vérité des choses vues, malgré les exagérations que se permet un poète désireux de pousser ses effets. On peut parler alors d’un vérisme caricatural. (Jean Gérard, Juvénal et la réalité contemporaine, tome 1.) Quiconque en France avec éclat attire L’œil du public, est sûr de la satire ; Un bon couplet, chez ce peuple falot, De tout mérite est l'infaillible lot. (Voltaire, Epîtres, XLII, « A Madame la Marquise du Châtelet, sur la calomnie ».)
SATIRE nom fém. - Poème - puis tout écrit - dans lequel un écrivain tourne en ridicule certains des traits de ses contemporains.
ETYM. : du latin satura devenu ensuite satira = « mélange ». Longtemps a régné une certaine confusion quant à l’étymologie. Le latin satira ayant été pris pour le grec satyros (du nom de certaines divinités de la mythologie grecque). D’où l’ancienne orthographe satyre. Satura, d’abord « macédoine de légumes », a ensuite désigné des mélanges de toutes sortes. A noter l’analogie avec l’évolution de « pot-pourri ». À l’origine, le terme désignait une forme poétique propre à la littérature latine et qui se définissait par le traitement en hexamètres de thèmes variés. Dès l’Antiquité, et tout particulièrement avec Horace et Juvénal, la satire a choisi comme sujet la dénonciation des travers de l’époque. La satire peut allier l’imprécation à la raillerie, le sarcasme à la parodie. Elle se donne toujours une fonction morale, car elle entend dénoncer le vice, le mensonge et l’hypocrisie, combattre ceux-ci en se moquant d’eux. Elle vise ainsi à une prise de conscience du lecteur qui, éclairé par la satire, amendera sa conduite. D’abord réservé à la poésie, le terme de satire a fini par s’appliquer à n’importe quel texte d’intention satirique : une pièce de théâtre, un article de journal, un film peuvent donc légitimement être définis comme des satires. De Juvénal à Marot, de Swift à Voltaire, la veine satirique a été d’une extrême importance dans la culture européenne. Elle est l’une des formes d’expression de la fonction critique de la littérature. Dans cette histoire en France, on réservera une place à Boileau dont la satire — consacrée à des sujets littéraires ou aux fameux « embarras de Paris » - fut l’un des genres de prédilection. Pour l’orthographe, éviter la confusion avec satyre.
—► Libelle — Pamphlet - Polémique
satire (lat. satura, «mélange», de satur, «plein»). Quintilien soutient que la satire est un genre « tout à fait à nous», c'est-à-dire créé par les Romains : satura quidem tota nostra est (Institution oratoire, X, 1, 93). Bien qu'on trouve des éléments satiriques dans la littérature grecque, notamment dans la comédie attique ancienne, ainsi les attaques d'Aristophane contre des politiciens du moment (Cléon), ou dans les diatribes cynico-stoïciennes de Bion de Borysthène et de Ménippe, ce sont bien les Romains qui ont fait de la satire un genre littéraire distinct, caractérisé par la variété des sujets et parfois de la forme (dialogue, fable, anecdote, précepte, vers de mètres variés, combinaison de prose et de vers). Tite-Live (Histoire romaine, VII, 2) donne le nom de saturae à des représentations dramatiques d'époque ancienne (instituées, à l'origine, pour apaiser les dieux en un temps de désastre), combinant le chant, la musique et la danse mimétique. Ces représentations ont sans doute joué un rôle aux origines de la comédie latine, mais elles ont aussi produit la «satire», forme littéraire différente, mixte, à demi théâtrale, qui est un commentaire sur des sujets actuels, sur la vie sociale, la littérature, les méfaits de tel ou tel, commentaire personnel, drôle et mordant, ou moralisant. Selon les sources romaines, c'est Ennius (239-169 av. J.-C.) qui le premier écrivit des satires en vers (entre autres oeuvres), mais apparemment sans y inclure l'invective ou la critique des personnes. Lucilius (v. 180-v. 102 av. J.-C.) fut le premier à n'écrire rien d'autre que des satires; c'est lui qui donna au genre son caractère et fît de l'hexamètre le vers le plus approprié à ce genre. Tous les satiristes romains plus récents le considérèrent comme leur père fondateur. Il eut pour successeur Varron (M. Te-rentius Varro, 116-27 av. J.-C.), qui prit pour modèle les satires de Ménippe, dans lesquelles prose et vers de divers mètres sont assez étrangement mélangés; mais Varron est moins amer et plus aimablement didactique que son modèle. Les Satires d'Horace, écrites dans les années 30 av. J.-C., révèlent une forte influence de Lucilius, mais sont d'un ton plus léger; on n'y trouve pas d'invectives redoutables contre les individus puissants ou contre les vices graves, et les accents personnels y sont délicieusement autobiographique. Perse (34-62 apr. J.-C.) se ressent lui aussi de l'influence de Lucilius, mais ses satires, caractérisées par une morale stoïcienne austère, ne contiennent pas d'attaques directes contre des individus. Cornutus, son correcteur, adoucit un vers qui aurait pu déplaire à l'empereur Néron. La satire romaine atteint ses sommets avec Juvénal (publié dans la première moitié du IIe s. apr. J.-C.), qui dénonce avec amertume les vices et les folies de son temps (prudemment attribués à des personnages de la génération précédente), n'épargnant que peu d'hommes et aucune femme. Deux brillantes satires à la manière de Ménippe parues sous le règne de Néron (54-68 apr. J.-C.) impriment au genre un caractère différent : l'Apocoloquintose du divin Claude, de Sénèque, caricature de la récente déification de l'empereur Claude après sa mort, et le Satyricon de Pétrone. Au ive siècle apr. J.-C., l'empereur Julien écrit (en grec, mais dans la tradition romaine), les Césars. Dans les Noces de Mercure et de Philologie, Martianus Capella adopte la forme de la satire ménippée, mais non son ton et son objet; de même Boèce dans la Consolation de la philosophie.
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