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Sartre: L'homme est responsable de son destin

Jean-Paul Sartre a été influencé par la phénoménologie de Husserl et par Heidegger. Sa doctrine, l'existentialisme, a donné lieu à de nombreuses interprétations contradictoires, portées par la mode. Dans L'Existentialisme est un humanisme, il développe les conséquences de la liberté humaine, en soulignant que par elle l'homme est responsable de lui-même, de ses choix, de son destin. Par ce choix, il engage aussi l'humanité dans son ensemble.

Problématique

Si Dieu n'existe pas, l'homme est pleinement responsable de son destin. Dans la condition humaine, rien n'est donné à l'avance : il n'y a pas de nature humaine. Ainsi, l'expérience passionnelle ne saurait excuser tel ou tel choix accompli en son nom : la passion n'étant pas un déterminisme, l'homme choisit de lui succomber. Il n'y a donc pas d'alibi possible. Parce que l'existence est première par rapport à une essence humaine qui, en fait, n'existe pas, l'homme est "condamné à être libre".

Enjeux

Cette liberté qui pèse sur l'homme comme une fatalité ne condamne pas la condition humaine à une sorte de destin tragique. L'homme est libre, et par conséquent responsable de ses choix. On peut cependant nuancer en soulignant qu'il existe non pas des déterminismes, mais des pesanteurs psychologiques et sociologiques qui agissent sur l'individu. Cette liberté humaine, pour se déployer dans l'authenticité d'une existence positive, suppose une pédagogie du bonheur qui est l'une des tâches de la culture.

L'homme est responsable de son destin

Dostoïevski avait écrit : " Si Dieu n'existait pas, tout serait permis." C'est là le point de départ de l'existentialisme. En effet, tout est permis si Dieu n'existe pas, et par conséquent l'homme est délaissé, parce qu'il ne trouve ni en lui, ni hors de lui, une possibilité de s'accrocher. Il ne trouve d'abord pas d'excuses. Si, en effet, l'existence précède l'essence, on ne pourra jamais l'expliquer par référence à une nature humaine donnée et figée ; autrement dit, il n'y a pas de déterminisme, l'homme est libre, l'homme est liberté. Si d'autre part, Dieu n'existe pas, nous ne trouvons pas en face de nous des valeurs ou des ordres qui légitimeront notre conduite. [...] Nous sommes seuls, sans excuses. C'est ce que j'exprimerai en disant que l'homme est condamné à être libre. Condamné, parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parce qu'une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu'il fait. L'existentialisme ne croit pas à la puissance de la passion. Il ne pensera jamais qu'une belle passion est un torrent dévastateur qui conduit fatalement l'homme à certains actes, et qui, par conséquent, est une excuse. Il pense que l'homme est responsable de sa passion. L'existentialisme ne pensera pas non plus que l'homme peut trouver un secours dans un signe donné, sur terre, qui l'orientera : car il pense que l'homme déchiffre lui-même le signe comme il lui plaît. Il pense donc que l'homme, sans aucun appui et sans aucun secours, est condamné à chaque instant à inventer l'homme. L'homme, tel que le conçoit l'existentialisme, s'il n'est pas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien. Il ne sera qu'ensuite, et il sera tel qu'il se sera fait. Ainsi, il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la concevoir. L'homme est seulement, non seulement tel qu'il se conçoit mais tel qu'il se veut, et comme il se conçoit après l'existence, comme il se veut après cet élan vers l'existence ; l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait.

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