SARTRE : LE DROIT, JUSTIFICATION DE LA FORCE
SARTRE : LE DROIT, JUSTIFICATION DE LA FORCE
Mais la théorie du contrat social n’a-t-elle pas une fonction idéologique ? Ne vise-t-elle pas à défendre le droit en en faisant le produit d'un pacte librement conclu par tous? Et plutôt que d'envisager, avec Calliclès, la loi comme étant faite par la multitude des faibles contre la domination des puissants, ne doit-on pas au contraire considérer qu'elle se fonde sur la force des puissants, dont elle constituerait une justification ? C'est cette thèse que défend ici Sartre, en prolongeant les analyses de Marx selon lesquelles le droit est toujours l'expression idéologique et l'instrument de domination d'une classe sur les autres.
« Rapport du droit et de la force : le droit est l’exigence du plus fort d’être traité par celui qu’il asservit comme une personne. Le rapport du droit à la force est très clair : sans une situation de force, il n’y aurait pas de droit puisque dans l’hypothèse d’une société harmonieuse et égalitaire le droit disparaît, il n’apparaît jamais que lorsqu’il est contesté donc en période d’injustice. Mais il est autre chose que la force car il est sa justification par après. Le vainqueur impose une forme particulière de fonctions ; il pourrait se borner là. Mais il veut être reconnu, il ne peut supporter que sa victoire soit pur fait, il la veut justifiée. Il reconnaît donc pour pouvoir exiger. Il reconnaît pour être reconnu. Mais ce qu’il reconnaît n’est pas la liberté concrète, c’est la liberté abstraite. En même temps, il reconnaît la situation de vaincu comme situation de droit pour que le vaincu reconnaisse la situation du vainqueur. »
Sartre
ordre des idées
1) Une définition du droit : « c'est l'exigence du plus fort d'être traité par celui qu'il asservit comme une personne ».
2) Justification de cette vue :
a) Le droit est toujours lié à des rapports de force. —Argument : le droit est fait pour régler des conflits, lorsqu'apparaît chez les individus un sentiment d’injustice. Dans une société sans aucun conflit ni rapport de force (« harmonieuse et égalitaire ») le droit serait donc inutile. b) Dans ces rapports de force, c'est le plus fort (individu ou groupe) qui impose sa volonté, sa loi. c) Mais cette volonté peut être imposée — soit pour ce qu'elle est, pure force, rapport de vainqueur à vaincu, d'homme libre à esclave, que l'esclave subit mais ne reconnaît pas comme légitime ; — soit sous la forme du droit, c'est-à-dire comme rapport théoriquement établi et accepté comme juste par des êtres égaux et libres. d) Dans ce second cas, celui qui impose en fait sa loi prétend reconnaître celui à qui il l'impose comme son égal et comme un être libre, afin que lui-même soit reconnu par ce dernier et que sa loi puisse être acceptée comme juste. Mais cette égalité et cette liberté que le vainqueur reconnaît au vaincu ne sont que théoriques, « abstraites », et non pas réelles, « concrètes ».
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