SARTRE : LA NATURE HUMAINE EN QUESTION
SARTRE : LA NATURE HUMAINE EN QUESTION
L'existentialisme de Sartre conteste qu'on puisse connaître la nature humaine, définir un concept universel de l'homme. Celui-ci n'est rien d'autre que ce qu'il se fait, aucune nature ne le détermine. Si elle se heurte à des limites qu'elle n'a pas choisies, cette liberté choisit pourtant nécessairement le sens qu 'elle leur donnera. Ainsi y a-t-il une condition humaine universelle, non une nature dont nous serions prisonniers. « S’il est impossible de trouver en chaque homme une essence universelle qui serait la nature humaine, il existe pourtant une universalité humaine de condition. Ce n’est pas par hasard que les penseurs d'aujourd’hui parlent plus volontiers de la condition de l’homme que de sa nature. Par condition ils entendent avec plus ou moins de clarté l'ensemble des limites a priori qui esquissent sa situation fondamentale dans l’univers. Les situations historiques varient : l’homme peut naître esclave dans une société païenne ou seigneur féodal ou prolétaire. Ce qui ne varie pas, c'est la nécessité pour lui d'être dans le monde, d'y être au travail, d’y être au milieu d’autres et d'y être mortel [...] Et bien que les projets puissent être divers, au moins aucun ne reste-t-il tout à fait étranger parce qu'ils se présentent tous comme un essai pour franchir ces limites ou pour les reculer ou pour les nier ou pour s'en accommoder.»
Sartre, L'Existentialisme est un humanisme, p. 67-69.
ordre des idées
1) Sartre oppose deux conceptions de l'universalité humaine : — L'idée (classique) d'une nature humaine, ensemble de caractères invariables (qui borneraient nos choix), idée qu'il refuse ; — Vidée (contemporaine) d'une condition humaine dont il analyse ici le sens.
2) Analyse du concept de condition humaine. — D'un point de vue objectif, la condition humaine est définie par ce qui ne varie pas, à l'intérieur de situations historiques variables : un ensemble de réalités que rencontre nécessairement l'être humain et qui se présentent comme des limites à sa liberté ; — Du point de vue du sujet, ces limites objectives sont vécues de différentes manières : selon un projet dont chacun est responsable (projet de les dépasser, de les accepter...). Je comprends ces projets, ils sont pour moi un des sens que l'être humain peut donner à telle ou telle situation.
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