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SALAZARISME - SALAZAR António de Oliveira (1889-1970)

SALAZAR António de Oliveira (1889-1970)

Dictateur portugais, idéologue et chef de l’État nouveau (Estado Novo) de 1933 à 1974.

Ce régime dictatorial, qualifié de « salazariste », est une forme de fascisme qui institue la fonction totalitaire de l’État et remplace la notion de citoyenneté par le concept d’une société fondée sur les forces organiques (patrie, famille, travail). L’État nouveau inspirera d’ailleurs en France le régime de Vichy du maréchal Pétain (1940-1944).

Né dans une famille modeste de l’intérieur, le jeune António de Oliveira Salazar échappe à un destin de pauvreté en entrant au séminaire de Viseu. Cette éducation catholique conservatrice marquera ses convictions et son action futures. Il se fait rapidement remarquer par une intelligence hors pair et abandonne toute idée d’une carrière religieuse. Alors qu’il finit des études de droit à l’université de Coimbra, Salazar se distingue par sa maîtrise des questions économiques. La Dictature militaire (Ditadura Militar), instaurée par le coup d’État du 28 mai 1926, lui offre le ministère des Finances, qu’il quitte quatre jours plus tard parce qu’on lui refuse les pouvoirs étendus qu’il réclame. Salazar revient aux Finances en 1928. Son budget d’État de 1929 est excédentaire, alors que le monde plonge dans la grande crise économique. Auréolé de l’image d’un sauveur providentiel, le professeur d’économie réussit une synthèse des droites portugaises qui lui sert de socle à l’instauration de l’État nouveau en 1933. Selon l’historien portugais Fernando Rosas (1946-), l’art suprême du salazarisme consiste à jouer habilement sur les équilibres et les forces qui permettent au régime d’exister et donc de « savoir durer ». Salazar occupe le poste de président du Conseil en 1932 et conserve cette fonction jusqu’en 1968, date à laquelle la maladie l’éloigne du pouvoir. Marcelo Caetano (1906-1980) lui succède. Sa longévité- l’État nouveau a été la plus longue dictature d’Europe occidentale au xxe siècle - s’explique par la répression implacable de toute contestation et par l’effet paralysant de la situation internationale, de la guerre civile d’Espagne (1936-1939) à la Guerre froide.

SALAZARISME

Généralement analysé comme une forme de fascisme spécifique au Portugal, ce type de dictature a été mis en place par António de Oliveira Salazar. Le salazarisme se confond dans le temps avec l’État nouveau (Estado Novo), régime autoritaire et répressif fondé sur le nationalisme, le catholicisme, le corporatisme et l’anticommunisme. Établi en 1933 par Salazar, ce régime succédant à la Dictature militaire (1926-1933) perdure jusqu’à la révolution des Œillets de 1974. Un vif débat divise les historiens portugais sur les différences conceptuelles entre le régime salazariste portugais et le fascisme italien.

Si le fascisme avait au départ valeur de dénonciation et de transformation de la société, le salazarisme a toujours porté un projet défensif et conservateur. Néanmoins, le régime de Salazar s’inscrit nettement parmi les régimes de dictature de droite et partage avec le fascisme la fonction totalitaire de l’État. Un parti unique, une police politique tortionnaire - la Direction générale de sécurité-Police internationale de défense de l’État (DGS-PIDE) -, la répression féroce des libertés fondamentales des Portugais (qui a été à l’origine de la création de l’organisation Amnesty International en 1961), des milices paramilitaires comme la Légion portugaise ou la Jeunesse portugaise qui défilaient le bras levé dans le salut romain, inscrivent davantage le salazarisme dans la famille des fascismes. En revanche, le corporatisme affiché n’a jamais donné à l’État un contrôle réel de l’économie, dominée par les intérêts ruraux écrasants des classes dominantes. Salazar a résumé sa politique nationaliste par la maxime « Orgueilleusement seuls ». Mais la conception salazariste d’une société organique fondée sur la patrie, le travail et la famille, qui se substitue aux valeurs de la citoyenneté, reste le trait fondamental de la dictature. Elle sous-tend dans les années 1960 le pourrissement d’un régime incapable de s’adapter aux défis sociaux et économiques de son époque. La guerre coloniale (1961-1974) creusera la tombe du régime, car en se jetant dans la défense éperdue de l’empire, le salazarisme a peut-être failli à sa fondamentale raison d’être qui était, d’après la définition de l’historien portugais Fernando Rosas (1946-), « faire durer » et « tout faire pour durer ».

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