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Saint Augustin: Le temps est-il définissable ?

Augustin est un philosophe au carrefour de deux héritages : l'héritage grec et l'héritage chrétien. Sa philosophie vise à décrire la condition humaine et à conduire l'homme vers la Cité de Dieu. Croire n'est pas incompatible avec la raison ; la foi nous met sur le chemin de la vérité, elle ne nous interdit pas de lui trouver une cohérence rationnelle.
Problématique
Augustin s'interroge sur la définition du temps. Nous avons tous une conscience du temps qui passe, mais nous sommes incapables de dire en quoi il consiste, fait-il remarquer. C'est ce paradoxe qui est à la source de son étonnement et qui nourrit sa réflexion sur le mystère du temps. En effet, le temps prend pour nous trois formes, le passé, le présent et le futur. De ces trois aspects du temps, aucun ne semble pouvoir le définir ou plutôt l'essence du temps se ramène au présent, c'est-à-dire à une intuition de l'éternité.
Enjeux
La réflexion d'Augustin sur le temps vise à mettre en évidence les limites de la condition humaine. Le temps est perçu comme un mouvement qui nous échappe et qui nous plonge dans une angoisse métaphysique. L'homme livré à lui-même est condamné à la solitude. Son désir de plénitude ne peut réellement se réaliser dans le temps et le conduit à se tourner vers un temps soustrait au devenir, plénitude souveraine de l'être.
Le temps est-il définissable ?
Qu'est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais si on me le demande et que je veuille l'expliquer, je ne le sais plus. Pourtant, je le déclare hardiment, je sais que si rien ne se passait, il n'y aurait pas de temps passé ; que si rien n'arrivait, il n'y aurait pas de temps à venir ; que si rien n'était, il n'y aurait pas de temps présent. Comment donc ces deux temps, le passé et l'avenir, sont-ils, puisque le passé n'est plus et que l'avenir n'est pas encore ? Quant au présent, s'il était toujours présent, s'il n'allait pas rejoindre le passé, il ne serait pas du temps, il serait l'éternité. Donc, si le présent, pour être du temps, doit rejoindre le passé, comment pouvons-nous déclarer qu'il est aussi, lui qui ne peut être qu'en cessant d'être ? Si bien que ce qui nous autorise à affirmer que le temps est, c'est qu'il tend à n'être plus. Ce qui m'apparaît maintenant avec la clarté de l'évidence, c'est que ni l'avenir, ni le passé n'existent. Ce n'est pas user de termes propres que de dire : "Il y a trois temps, le passé, le présent et l'avenir." Peut-être dirait-on plus justement : "Il y a trois temps : le présent du passé, le présent du présent, le présent du futur." Car ces trois sortes de temps existent dans notre esprit et je ne les vois pas ailleurs. Le présent du passé, c'est la mémoire ; le présent du présent, c'est l'intuition directe ; le présent de l'avenir, c'est l'attente. Si l'on me permet de m'exprimer ainsi, je vois et j'avoue qu'il y a trois temps, oui, il y en a trois.

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