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sagesse

sagesse, science et vertu. — La sagesse est le but de la philosophie (du gr. philos, désireux de, et sophia, sagesse). Elle unit la connaissance théorique à la réalisation d'un idéal pratique : le sage se distingue du savant dans la mesure où il vit sa doctrine et où sa vie constitue en elle-même une réalisation et un témoignage de la vérité. L'idéal du sage fut l'idéal le plus haut de l'Antiquité : les « Sept Sages » de la Grèce, que les puissants allaient consulter et qui possédaient à eux seuls tout le savoir de l'époque, furent Thalès, Pittacos, Bios, Solon, Cléobule, Myson et Chilon (Platon les cite dans son dialogue Protagoras). La doctrine stoïcienne nous révèle les caractéristiques du sage antique : sa particularité fondamentale était de vivre « en harmonie » avec le monde; toutes les lois du « cosmos » (de l'univers) se répercutaient en lui; pour l'imagination antique, le sage était d'abord celui qui contemple le ciel étoilé et qui
éprouve le sentiment profond de l'ordre et de la rationalité des choses. — En un sens plus moderne, le sage est celui qui vit en harmonie avec l'humanité : c'est celui qui, dans l'ordre humain, comprend tout sans avoir tout éprouvé (A. Gehlen, Théorie de la liberté du vouloir, 1933). Cette définition cosmique ou éthique du sage est certainement la plus rigoureuse : la sagesse est, au sens antique, la connaissance intuitive des lois du monde et, au sens moderne, la compréhension des problèmes d'autrui. Plus communément, la sagesse est une notion morale qui désigne l'« équilibre » de la personnalité : la « tempérance » (Platon), ou modération des désirs. En ce sens, la sagesse s'oppose à la passion, autant qu'à la bêtise. Elle tend à s'identifier à la prudence.

SAGESSE 1. Sens courant : prudence, modération, absence de passion (revenez à plus de sagesse). Souvent idée de conformisme, de soumission aux habitudes établies. 2. Pour les philosophes de l’Antiquité, sagesse = savoir, philosophie. (Cicéron : « La sagesse est la connaissance des choses divines et humaines. ») 3. Vertu de celui qui obéit complètement à la morale. Souvent personnifiée en ce sens (la sagesse stoïcienne demande qu 'on maîtrise les événements et les désirs).  Du latin sapientia, « savoir », « instruction », « prudence » [traduit le grec sophia] - Chez les Anciens, savoir le plus élevé, science des premières causes et des premiers principes. - Sens courant : caractère de celui qui manifeste en toutes choses modération et prudence. - Idéal du philosophe, mode d’être de l’homme parvenu à l’ataraxie (paix de l’âme) et à l’autarcie (indépendance intérieure) par la pratique de la vertu. • Pour le stoïcien Marc Aurèle, la sagesse réside dans la compréhension et l’acceptation de l'ordre divin, dans la liberté de notre jugement et dans l'indifférence à tout ce qui n'est pas de notre ressort. • « Par la sagesse, écrit Descartes, on n'entend pas seulement la prudence dans les affaires, mais une parfaite connaissance de toutes les choses que l’homme peut savoir ». 

Sage. Sagesse Le sage est un type humain idéal emprunté à l’Antiquité gréco-latine (cf. Épicurisme, Stoïcisme, Scepticisme), alors que le saint est un modèle chrétien. La réflexion sur le sage et la sagesse occupe une grande place dans les oeuvres des moralistes. Montaigne, Essais; Pascal, Pensées (dénonce l’insuffisance des sagesses antiques); La Fontaine, Fables; La Bruyère, Les Caractères, II; Lesage, Gil Blas; Voltaire, Candide, XXX. À partir du XVIIIe siècle, la conception antique de la sagesse perd du terrain devant le désir moderne de transformer le monde (cf. Progrès, Philosophe, Engagement) et devant l’idée que l’individu trouve son accomplissement dans Inaction (cf. Énergie). Voir cependant Yourcenar, Mémoires d’Hadrien.