SACRIFICE
SACRIFICE. n. m. (du latin sacrificium, «sacrifice, offrande à Dieu »).
1° Sens religieux : offrande rituelle à Dieu, qui suppose l'abandon d'un bien qu'on «sacrifie», le don de sa propre personne (immolation volontaire), ou d'une autre victime (un animal, un être humain). La notion de sacrifice est ambiguë : elle apparaît comme un don gratuit, une reconnaissance de la divinité (un remerciement de ses faveurs); mais en même temps, elle peut être comme une sorte de moyen d'apaiser sa colère ou de se concilier ses pouvoirs (d'où l'aspect sanglant de ces sacrifices). Ce double aspect explique que le mot puisse être pris tantôt dans un sens très favorable (le «sacrifice du Christ» est avant tout un don de sa personne aux yeux des chrétiens), tantôt dans un sens défavorable (caractère archaïque, barbare, sadomasochiste de cette pratique dans des sociétés antiques).
2° Sens profane : privation d'un bien ; renoncement volontaire à quelque chose, en vue d'un bien supérieur qu'on veut atteindre, ou par dévouement (à autrui, à une grande cause qu'on idéalise). Voir Abnégation. Faire le sacrifice de sa vie pour libérer la patrie. Faire des sacrifices pour élever ses enfants. L'esprit de sacrifice : la capacité à renoncer à des avantages personnels, à « prendre sur soi » pour donner aux autres.
sacrifice
Opération par laquelle des animaux ou des êtres humains sont mis à l’écart de leurs semblables ou mis à mort en offrande à une divinité.
(Angl. : sacrifice.)
Sacrifice
Renoncement à soi-même, à ses intérêts et à ses sentiments en faveur d’autrui ou de valeurs plus hautes (cf. Honneur, Vertu, Dieu, devoir du soldat, Patrie). Le sacrifice a de la grandeur (cf. Héroïsme). Il se trouve parfois recherché comme un moyen de rachat (cf. Faute, Souffrance, 2, b) Il est l’un des traits de la sainteté.
Corneille, Le Cid, Polyeucte; Racine, Andromaque, Bérénice, Iphigénie; Mme de Lafayette, La Princesse de Clèves; Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse; Lamartine, Jocelyn; Vigny, Servitude et Grandeur militaires ; Balzac, Le Père Goriot; Gide, La Porte étroite; Claudel, L’Otage, L’Annonce faite à Marie, Le Soulier de satin; Mauriac, Le Nœud de vipères, La Fin de la nuit.
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