sacrées, guerres
sacrées, guerres. Nom donné aux guerres menées par l'Amphictyonie («ligue d'États voisins») de Delphes pour protéger le sanctuaire d'Apollon delphien et punir les sacrilèges. La première guerre sacrée (début du vie siècle) naît d'une querelle entre Delphes et Crisa (ou Cirrha), sa voisine, une bourgade située à quelques kilomètres au sud-ouest, qui contrôlait la route de Delphes à la mer : il s'agissait du droit, pour Crisa, de lever un péage sur les pèlerins. Crisa fut détruite et sa plaine fertile fut consacrée à Apollon, avec la promesse qu'elle ne serait jamais cultivée. La deuxième guerre sacrée éclata en 448 av. J.-C. : les Phocidiens s'emparèrent de Delphes ; les Spartiates intervinrent pour rendre le sanctuaire aux Delphiens ; enfin Athènes, sous la conduite de Périclès, rétablit le pouvoir de la Phocide. On ne sait pas à quel moment Delphes fut de nouveau libérée, mais les conditions de la paix de Nicias, conclue entre Athènes et Sparte, garantissaient son indépendance (421 av. J.-C.). La troisième guerre sacrée (335-352 av. J.-C.) fut un événement de grande importance, où se trouva mêlée la plus grande partie de la Grèce. Thèbes, qui était alors à la tête de l'Amphictyonie, persuada la ligue d'imposer une lourde amende aux Phocidiens, coupables d'avoir cultivé la plaine de Crisa (voir supra). Les Phocidiens refusèrent de payer et, sous la conduite de Philo-mèle, s'emparèrent de Delphes (356); en 355 l'Amphictyonie déclara la guerre à la Phocide. Au début, les Phocidiens 1'emportèrent, puisant dans le trésor de Delphes. Sous Onomarque, successeur de Philomèle, le territoire de la Phocide s'agrandit considérablement, au point de s'étendre depuis le golfe de Corinthe jusqu'à certaines régions de Thessalie. Cependant, à la demande de la ligue thessalienne et de Thèbes, Philippe II de Macédoine intervint. Il fut d'abord battu par Onomarque en 353 ; mais en 352, à la bataille du Champ de crocus (au sud de Phères, en Thessalie), il vainquit et tua Onomarque : les renforts envoyés par les Athéniens étaient arrivés trop tard. En 346, après la paix de Philocrate conclue entre Athènes et la Macédoine, la Phocide se trouva isolée et fut obligée de se rendre à Philippe, qui occupa son siège au Conseil de l'Amphictyonie. C'est encore une guerre amphictyo-nique qui, en 339, fournit un prétexte à Philippe pour envahir la Grèce, et cette fois les conséquences furent immenses et durables. Les Thébains avaient réussi à convaincre Amphissa, cité locrienne, de porter, lors d'une réunion du Conseil de l'Amphictyonie à l'automne 340, une accusation contre Athènes la vieille ennemie de Thèbes , à propos d'une inscription posée par les Athéniens; selon les accusateurs, l'inscription constituait un faute religieuse ; la vraie raison était qu'elle rappelait comment, lors des guerres médiques, Thèbes avait pris le parti des Perses. Eschine, qui représentait Athènes, se défendit en attaquant les gens d'Amphissa : il montra, à leurs pieds, la plaine de Crisa, qu'ils cultivaient sans respect pour le serment par lequel on s'était engagé à ne jamais la mettre en culture (voir supra). Son vigoureux discours persuada l'Amphictyonie de châtier les gens d'Amphissa. Les troupes qu'elle envoya dans la plaine de Crisa avec pour mission de dévaster la terre illégalement cultivée furent repoussées, et lorsque Athènes et Thèbes se mirent à l'écart, l'Amphictyonie se trouva incapable de faire exécuter ses décisions. Aussi demanda-t-elle l'aide de Philippe (338). Le roi envahit la région une fois de plus, s'empara d'Amphissa, puis se retourna contre Thèbes, désormais alliée d'Athènes, et remporta la victoire de Chéronée, qui lui donna l'hégémonie sur la Grèce.