sacré
- sacré (du lat. sacer), notion qui s'oppose à celle de profane, valeur de ce qui dépasse l’homme, l’incite au respect, à la crainte révérencielle, à la ferveur. Le sacré est un étonnement devant le mystère de l'inconnaissable et de l’incommensurable. Il est aussi la notion fondamentale de toute religion. L’école sociologique donne une force, une énergie particulière au sacré qui peut dominer toute la vie chez les peuples primitifs. La notion de sacré s’exprime dans le temps et dans l’espace pour la plupart des religions qui ont donné ce caractère à leurs dieux, souvent à leurs rois divinisés, leurs prêtres et leurs lieux saints (temples, sanctuaires, tombeaux) et aussi aux fêtes instituant une sacralisation de certains jours de l’année. On peut rendre sacré un objet par des rites appropriés ou sacralisation, de même qu’en certaines circonstances on peut le désacraliser (c’est le cas de certaines statues bouddhiques venues d’Extrême-Orient en Europe qui ont dû être désacralisées pour le voyage, puis resacralisées par une cérémonie dite «de l’ouverture des yeux »). Sacré est souvent synonyme de saint comme pour les «Livres sacrés», les guerres sacrées qui eurent Heu, par exemple, en Grèce pour la défense du sanctuaire de Delphes. On parle aussi d'art sacré, mais il s’agit d’une notion occidentale et relativement récente, car, jadis, toute manifestation artistique était religieuse. Le Sacré Collège est l’assemblée des cardinaux. Le catholicisme adore le Christ sous l’aspect du Sacré-Cœur; son apparition à sainte Marguerite-Marie Alacoque à Paray-le-Monial, au XVIIe s., a donné une forme à ce culte dont on célèbre la fête au mois de juin. La basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, à Paris, en est une manifestation. Certains ordres portent ce nom : «Religieuses du Sacré-Cœur» fondé par Sophie Barat pour l’enseignement des jeunes filles, «Pères» et «Frères du Sacré-Cœur» (ordre missionnaire).
- sacré, sentiment du religieux. — D'une façon générale, la notion du sacré s'attache à tout ce qui dépasse l'homme et suscite, plus encore que son respect ou son admiration, une ferveur particulière, que R. Otto — dans le Sacré — caractérise comme le « sentiment de l'état de créature » ou sentiment du « numineux » (du lat. numen, qui évoque la « majesté divine »). Ce sentiment comporte un élément de « crainte » devant une puissance absolue, un élément de « mystère » devant l'inconnaissable; il possède quelques analogies avec le sentiment de l'« énorme », en même temps que l'objet du sacré jouit d'un pouvoir « fascinant » tout à fait particulier. En somme, la crainte, le mystère, la fascination sont les trois composantes du sacré. Tous les sentiments religieux (du péché, de l'expiation, etc.) gravitent autour du sentiment du « sacré ». Le sacré s'oppose au profane, dans la mesure où il est le « siège d'une puissance » que ne possède pas le profane (v. Durkheim, les Formes élémentaires de la vie religieuse).
- SACRALISER, v. tr. Conférer une valeur sacrée, quasi religieuse, à une réalité ou à une personne qui ne l’a pas par elle-même. Sacraliser les auteurs classiques. Sacraliser la terre des ancêtres. Sacraliser la voiture, symbole de notre siècle. La publicité sacralise la jeunesse. L’antonyme de ce mot, désacraliser, est fréquemment employé depuis les années 1970.
- SACRÉ, adj. et n. Le sacré, c’est tout ce qui est considéré comme mystérieux, surnaturel, saint ou divin ; tout ce qui se rapporte aux cérémonies religieuses, aux sacrements, aux objets du culte, à la liturgie; bref tout ce qui mérite une vénération ou une révérence religieuse. Dans ce premier sens, les mots religieux et sacré sont voisins et s’opposent au mot profane. On parle de respect sacro-saint (parfois ironiquement). Par extension, le sacré s’étend à tout ce que, hors de la religion, dans le monde dit profane, on considère comme digne d’un respect absolu. Les droits de l'homme sont sacrés. L'amour sacré de la Patrie. Dans ce second sens, le mot peut s’affaiblir en prenant trop d’extension : voir le verbe sacraliser. Un certain nombre de désacralisations s'imposent si l'on veut restituer au sacré sa valeur originelle. Voir Profane.
- N.B. Noter la valeur injurieuse du terme employé par antiphrase («Sacré nom de Dieu !»).
- SACREMENT, n. m. Signe sacré, acte rituel par lequel, au nom de Jésus-Christ, le prêtre (ou l’évêque) opère une action ou une transformation surnaturelle sur celui qui en est l’objet. Le sacrement a toujours pour effet de relier à Dieu, de consacrer à Dieu, de rendre agissante la grâce de Dieu dans les âmes. Il n’est donc pas un simple «signe», un geste apparent : il est considéré comme un acte doté d’une efficacité réelle dans l’ordre spirituel. Les sacrements fondamentaux sont, dans le christianisme, le baptême et l’eucharistie. L’Église catholique y ajoute la confirmation, l’extrême-onction (ou «dernier sacrement» apporté aux mourants), la pénitence (ou confession), le mariage (qui unit spirituellement, en Dieu, les deux époux) et l’ordre (qui confère au futur prêtre le sacerdoce et les fonctions qui lui sont liées). Il va de soi que les sacrements ne prennent sens et effet que dans la mesure où les croyants y adhèrent volontairement et consciemment. Notons aussi qu’ils présupposent, dans l’être humain, l’existence d’une vie spirituelle autonome, l’âme (au sens n° 1).
- SACRIFICE, n. m. (du latin sacrificium, «sacrifice, offrande à Dieu »). 1° Sens religieux: offrande rituelle à Dieu, qui suppose l’abandon d’un bien qu’on «sacrifie», le don de sa propre personne (immolation volontaire), ou d’une autre victime (un animal, un être humain). La notion de sacrifice est ambiguë : elle apparaît comme un don gratuit, une reconnaissance de la divinité (un remerciement de ses faveurs) ; mais en même temps, elle peut être comme une sorte de moyen d’apaiser sa colère ou de se concilier ses pouvoirs (d’où l’aspect sanglant de ces sacrifices). Ce double aspect explique que le mot puisse être pris tantôt dans un sens très favorable (le «sacrifice du Christ» est avant tout un don de sa personne aux yeux des chrétiens), tantôt dans un sens défavorable (caractère archaïque, barbare, sadomasochiste de cette pratique dans des sociétés antiques). 2° Sens profane: privation d’un bien; renoncement volontaire à quelque chose, en vue d’un bien supérieur qu’on veut atteindre, ou par dévouement (à autrui, à une grande cause qu’on idéalise). Voir Abnégation. Faire le sacrifice de sa vie pour libérer la patrie. Faire des sacrifices pour élever ses enfants. L’esprit de sacrifice : la capacité à renoncer à des avantages personnels, à « prendre sur soi » pour donner aux autres.
SACRE
. Cérémonie au cours de laquelle un souverain reçoit la couronne et les attributs royaux, précédés de l'onction imitée de l'onction sainte des rois de la Bible, ce qui confère à la monarchie un caractère religieux. Dans l'Europe chrétienne, le sacre fit son apparition dès le VIIe siècle dans la monarchie des Wisigoths. En France, où la tradition remontait à Pépin le Bref (751 ), le sacre se déroulait habituellement à Reims. En Angleterre, il remonte au Xe siècle et reste en usage encore aujourd'hui. Administré par l'archevêque de Canterbury dans l'abbaye de Westminster, sa formule a été définitivement fixée après la révolution de 1688, le souverain s'engageant notamment à maintenir la religion protestante. Le sacre remonte dans l'Empire à Otton Ier le Grand, les empereurs élus se faisant sacrer à Rome. Après Charles Quint, sacré lui-même à Bologne, les empereurs cessèrent de demander le sacre au pape. Voir Révolution d'Angleterre (Première).
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